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Galaxies n°72 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°72, SF - nouvelles - articles - critiques, juillet 2021, 192 pages, 11€

Le dossier tel qu’imaginé par Lucie Chenu était si vaste qu’il s’étend sur deux numéros de « Galaxies ». À bien y regarder, celui du numéro 69 s’intitulait « Sexe et genre en SF », alors que celui du présent 72 « Genre et sexe en SF ». La différence n’est pas immédiate sur la couverture, mais se remarque rapidement à la lecture. Pas de militantisme LGBT+ ici, c’est surtout la place de la femme dans la science-fiction qui est au cœur du sujet. Et l’interrogation ne se porte pas uniquement sur les auteures dans la SF, mais aussi sur le traitement et l’évolution des personnages féminins, les thèmes du patriarcat et matriarcat dans les romans.



Huit articles et huit nouvelles figurent dans l’imposant dossier bien moins déroutant que le précédent.
Quelques auteures sont mises en avant : Joëlle Wintrebert, James Tiptree Jr., Ursula K. Le Guin et Octavia E. Butler. Le lecteur les (re) découvre sous un prisme différent, ce qui apporte un éclairage nouveau sur leurs œuvres. C’est vraiment intéressant. Si le matriarcat est assez répandu en SF, c’est moins le cas du patriarcat qui penche dans l’article du côté de la dystopie.
Lucie Chenu traite aussi de l’“Évolution des personnages féminins en SF” et de l’“Intersexuation en SF”.

Point de vue nouvelles, Sara Doke revisite « Raiponce » dans “Campanule et Capucine”. Plus contemporain et dans le thème du dossier, mais forcément il y a un air de déjà vu.
Une actrice célèbre ne veut pas d’enfants avec son mari chirurgien. Qu’importe il trouve la parade ! Leur relation prend une drôle de tournure et l’actrice s’interroge sur son amour pour cet homme qui a bien changé et n’est plus celui qui lui plaisait tant. “Vertiges de l’amour” de Joëlle Wintrebert traite de l’enfantement avec une inversion des rôles. C’est bien vu et le discours est judicieux.
Lynn, le rescapé d’un crash, découvre une civilisation étrangère. Une certaine naïveté se dégage des quatre pages de “Aux frontières de l’aube” de Jean-Michel Calvez qui ne laisse pas grand souvenir.
Une fille rejetée par les autres décide de frapper un grand coup pour montrer ce qu’elle vaut. “Comment éteindre le soleil” se déroule sous un dôme de la planète Mars et Michèle Laframboise sait happer les lecteurs avec ce défi insensé qui n’est pas sans danger. Belle mise en avant du rejet arbitraire de personnes juste parce qu’elles vivent une relation lesbienne, l’intolérance et la volonté de plaire à tout prix figurent au cœur du récit.
“Rêve de sultane” de Rokeya Sakhawat Hussain date de 1905, mais est toujours d’une brûlante actualité. Une femme entrevoit un futur où la condition des femmes indiennes s’est nettement améliorée avec une inversion des rôles. Une très belle trouvaille !
Pour Adriana Larusso, “Les erreurs du passé” n’ont pas forcément été retenues. Quand les femmes entrouvrent un trou de souris, les hommes s’y engouffrent vite pour rétablir un ordre révolu. Le trait est peut-être grossier, mais le traitement ne manque pas de pertinence.
L’épouse idéale se trouverait-elle dans “La boutique des mariées sur mesure de Bhaisaab” sous la forme d’un robot ? Le thème des mariages arrangés en Inde vu par Shweta Taneja avec une bonne dose d’humour.
Les cadeaux des fêtes des mères faits à l’école selon les instructions d’une IA, il y en a marre selon Jeanne-A Debats. Cadeaux des plus saugrenus, pour ne pas dire de mauvais goût, comme ce “Collier de boulons”, mais qui peut avoir son utilité dans une station spatiale. L’humour est omniprésent, le déroulement imparable et passionnant. Une très belle nouvelle !

Ce numéro 72 contient aussi la nouvelle lauréate du Prix Alain le Bussy 2021. Vivre sous terre est des plus difficiles, surtout sans espoir de monter à la surface. Pourtant Myriam et ses amies font tout pour mettre assez d’agent de côté pour exaucer leur rêve. L’histoire est intrigante avec cette question sur l’objectif et je trouve que malheureusement la fin de “Vingt mille nuits sans lumière” tombe un peu à plat. Sylvie Poulain n’y tient pas toutes les promesses.

Avec Wendy Carlos, “Musique & SF” est tout à fait dans la tonalité du dossier. Quant à “Croisière au long du Fleuve”, Didier Reboussin livre la première partie sur le prolifique Georges-J Arnaud.
Et « Galaxies » s’achève sur son lot de chroniques de livres, bandes dessinées, mangas et films.

Un numéro de « Galaxies » plaisant, interrogeant à juste titre sur la place des femmes en SF à travers plusieurs thématiques.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 72 (114 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Rédactrice en chef déléguée : Lucie Chenu
Couverture : Alice Moliner
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : juillet 2021
ISSN : 1270-2382
N° ISBN : 9782376251279
Dimensions (en cm) : 13,4 x 21
Pages : 192
Prix : 11€


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
14 septembre 2021


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