Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Résistance (La) : l’histoire de Peter
Gemma Malley
Helium, roman (Grande-Bretagne), dystopie, 249 pages, octobre 2019, 16€

Peter et Anna sont désormais Légaux. Peter accepte de travailler pour son grand-père, le puissant Richard Pincent, directeur de Pincent Pharma, qui fabrique la Longévité. Si son grand-père espère le convertir à ses vues, ce qui serait un excellent coup médiatique, Peter n’accepte que pour continuer à aider la Résistance en s’infiltrant au cœur du mal. Mais entre deux manipulateurs, son grand-père et le charismatique Paul, les deux jeunes gens vont être mis à rude épreuve, tandis que se dessine l’avenir de la Longévité, encore plus cruelle.



Après le choc de « La Déclaration », « La Résistance » paraît plus classique. Moins de termes avec majuscule, moins d’enfermement dans un univers clos et sans espoir, moins de tension psychologique. L’autrice prend le temps d’installer ses personnages dans le monde extérieur, aseptisé, cette Angleterre sans jeunes et aux vieux éternels. Les pouvoirs publics cherchent à convaincre Peter et Anna de signer la Déclaration et prendre la Longévité, tandis que Paul les encourage à devenir la nouvelle génération, porteuse d’espoir. Mais en volant des dossiers de son grand-père, Peter découvre un listing de Surplus stérilisés.
C’est là qu’on retrouve tout le potentiel psychologique de Gemma Malley. Peter se sent trahi, mais ne sait qui croire : Paul pouvait-il ne pas savoir ? les a-t-il bernés depuis le début ? ou est-ce un piège de Richard Pincent ? Tout à sa colère, il écarte un peu vite cette dernière solution, réfléchissant à la meilleure façon d’annoncer cette terrible nouvelle à la femme de sa vie qui rêve d’avoir un enfant. Si cet espoir leur est interdit, a quoi bon continuer la lutte ? L’autrice nous place devant le dilemme de Peter, qui voit s’effondrer en une seconde toutes ses certitudes et doit revoir tous ses choix pour l’avenir. Pour leur avenir à tous.
Certes, cela peut sembler un peu manichéen, mais cela fonctionne. On ressent parfaitement la colère née du sentiments de trahisons, qui oblitère une partie du jugement.

Derrière cela, on suit toute la tentative de séduction de Pincent Pharma, avec un mentor, le Dr Edwards, qui met Peter en confiance, mais contre lequel Paul le met en garde : il fut l’un des grands artisans de la Longévité. mais son discours est aujourd’hui plus nuancé, et séduit le jeune homme. Duplicité, ou réelle prise de conscience ? Un flou qui rappelle que seuls les pires monstres sont entièrement noires, et que beaucoup d’autres sont en nuances de gris.

On suivra aussi Jude, le demi-frère de Peter, hacker talentueux mais aigri par l’ombre de son cadet, qu’il a condamné au Surplus et, en un sens, à sa notoriété actuelle. A vouloir se faire un nom lui aussi, il va contacter la Résistance, nous en donner une autre vision... mais aussi n’en faire qu’à sa tête et mettre en danger des plans assez fragiles pour faire tomber Pincent.

Enfin, c’est encore une très belle histoire d’un amour absolu. Entre Peter et Anna, les liens sont tels que le sacrifice pour l’autre passe avant soi. Peter se rend malade de ne pouvoir avouer la vérité à Anna, en devenant détestable pour reporter la faute, sa colère sur lui, comme si cela pouvait réduire sa peine à elle. Enfin, quand on force Anna à signer pour sauver Peter, elle n’hésite pas non plus à se sacrifier, elle et ses idéaux, pour lui.

L’intrigue tourne autour des cellules souches, graal de la Nouvelle Longévité, et si les jeunes lecteurs peuvent être surpris par leur origine, les plus âgés se souviendront de de la matière première de « Soleil Vert » de Harry Harrisson, des auréoles des bébés aristos dans la BD « Avant l’Incal » de Jodorowsky ou encore des héros du film « The Island » de Michael Bay pour ne citer que ceux-là : depuis longtemps en anticipation, certains sont une ressource avant d’être des humains aux yeux des nantis. N’oublions pas non plus que le roman est paru il y a maintenant plus de 10 ans, à l’époque d’« Hunger Games » avec lequel il initiait la vague de dystopies qui a submergé la littérature jeunesse.

Ces 240 pages se lisent donc sans déplaisir aucun, et sous cette apparence lisse et très classique, avec sa prose ultra-maitrisée, « La Résistance » s’inscrit moins comme un roman choc, surprenant, que comme un classique du genre, qui plus est servi dans un très bel écrin par Hélium.

Le dernier volet, « La Renaissance », est sorti il y a quelques semaines.


Titre : La Résistance : l’histoire de Peter (The Resistance, 2008)
Série : Fait suite à La Déclaration
Autrice : Gemma Malley
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Nathalie Peronny
Couverture : Katie Fechtmann
Éditeur : Helium (édition originale : Naïve, 2008)
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 249
Format (en cm) :
Dépôt légal : octobre 2019
ISBN : 9782330124458
Prix : 16 €


La Déclaration : l’histoire d’Anna
La Résistance : l’histoire de Peter
La Renaissance : l’avenir de Molly


Nicolas Soffray
12 juillet 2021


JPEG - 23.5 ko



Chargement...
WebAnalytics