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Entretien avec Amandine Dugon
Amandine Dugon, illustratrice du jeu « Tea for 2 » - Space Cowboys
24 avril 2021

On ne voit pas passer le temps compté follement par le Lapin Blanc d’Alice lorsqu’on joue à « Tea for 2 ». En grande partie grâce aux superbes illustrations d’Amandine Dugon.
Avec son style un peu fou, aux couleurs chatoyantes, elle vous promène d’un univers à l’autre, entre albums, livres jeunesse et jeux de société.
Nous avons donc invité Amandine Dugon à nous révéler ses secrets...



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Vous êtes diplômée en histoire de l’art et diplômée en illustration de l’École d’art graphiques Pivaut de Nantes. Qu’est-ce qui vous a menée sur cette route ?

Je n’étais pas sûre de savoir ce que je voulais faire après mon bac. J’ai toujours dessiné, mais honnêtement, j’avais peur qu’en allant dans une école d’art cela devienne une corvée. C’est un peu bizarre comme réflexion maintenant que j’y pense. Toutefois je savais que je voulais faire quelque chose en rapport avec l’art, du coup j’ai décidé d’en apprendre son histoire. Mes 3 années d’histoire de l’art ont été passionnantes, enrichissantes et stimulantes. Étudier la vie des peintres, leurs techniques et les différents groupes artistiques qui ont pu se former au fil des époques m’a confronté à l’idée, qu’en fin de compte, dessiner à temps plein était ce que je voulais vraiment faire. Je suis entrée à l’École Pivaut après ma licence. À ce moment là je voulais apprendre à dessiner et à peindre. Je n’avais pas encore choisi de spécialité. Ce n’est que l’année d’après que j’ai opté pour l’illustration. Cette école est très intense en matière d’heures de travail, mais ces trois années ont été magiques et très instructives. Être entourée de gens créatifs et passer ses journées (et ses nuits parfois !) à dessiner et à peindre c’est dur, mais c’est aussi génial !

Vous travaillez beaucoup avec l’aquarelle. Est-ce par goût de l’eau ou goût du grain ?

Je pense que c’est par goût du grain maintenant que je me pose la question. J’adore la texture du papier et même quand je travaille sur ordinateur, j’essaie de faire en sorte que le rendu ne soit pas trop lisse. J’adore rajouter des textures. J’aime beaucoup expérimenter différentes techniques et les mélanger pour voire ce que ça donne. Il fut un temps où je faisais beaucoup de peinture acrylique. En ce moment je suis obsédée par l’aquarelle et les crayons de couleur. Je rehausse d’ailleurs mes aquarelles avec de l’acrylique et des crayons de couleurs. J’adore le côté pastel et en même temps très contrasté que leur utilisation donne à une illustration. Je m’essaye également à la gouache et j’adore apprendre de nouvelles techniques pour réaliser des illustrations sur ordinateur.

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Sortie de l’école, quel a été votre parcours jusqu’au monde du jeu ?

L’École Pivaut exige un apprentissage assez intense. Une fois sortie de l’école, j’ai carrément arrêté de dessiner pendant au moins un an. J’avais envie de faire autre chose pendant quelque temps. Je suis venue à Londres où ma sœur jumelle s’était installée 3 ans auparavant et j’ai commencé à travailler dans la restauration (c’est elle qui m’a formé !). Ça m’a permis d’apprendre la langue, de découvrir la ville et de m’intégrer.
J’ai fais des rencontres qui m’ont amenée à retourner à mon premier amour, le dessin. Du coup, avec un peu d’argent de côté, j’ai lâché les pubs et restaurants et j’ai décidé de me trouver un travail en freelance à domicile qui me permettait de travailler sur mes projets artistiques en même temps. J’ai publié mon premier livre « Boubouh ! » en collaboration avec Ingrid Chabbert aux Éditions d’Orbestiers en 2012. S’en est suivi « Jean-Pierre, Le Poisson Pané » en 2013 avec le même éditeur. J’ai ensuite fait une autre rencontre qui m’a amené à travailler sur « La découverte de Laïmé » avec Elisabeth Porte, publié en 2014 en Lituanie. En parallèle j’ai fait pas mal de graphic design et de jobs administratifs qui me permettaient de payer mon loyer. Londres est une ville qui coûte très chère. J’ai réalisé un livre de plus en 2017, « Un Baobab pour Lady Lily » toujours aux éditions d’Orbestiers et j’ai décidé pour un temps de mettre l’illustration d’albums de côté pour me tourner vers d’autres univers tels que les jeux de société.

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Pour le jeu « Tea for 2 », avez-vous été contactée ou est-ce suite à un envoi de votre book à l’éditeur ?

J’ai été contacté par Philippe Mouret, aux éditions SpaceCowboys (entre parenthèse, un gars super sympa et très agréable avec qui travailler) suite à l’envoi de mon book. Mon univers semblait correspondre à l’idée qu’il se faisait du jeu « Tea For 2 ». De fait, la collaboration avec Philippe Mouret a été très facile et je me suis beaucoup amusée à réaliser les différentes pièces du jeu. En revanche, je n’ai pas vraiment eu de contact avec l’auteur Cédrick Chaboussit.

Quelles ont été vos inspirations graphiques pour retranscrire le monde de Lewis Caroll ? Y avait-il des directions précises données par l’éditeur ou avez-vous eu carte blanche ?

Le point principal du brief, c’était qu’il voulait un univers à la Tim Burton, quelque chose de plus adulte qu’enfantin. Pour le reste j’ai été complètement libre d’interpréter les différents personnages comme je le voulais. Les illustrations sont un mélange de beaucoup de choses. Je ne me suis pas uniquement concentrée sur les différentes interprétations d’Alice qui ont été faites, mais j’ai fait ce que je fais la plupart du temps, beaucoup de recherches d’illustrations diverses et je vois ce qui m’inspire pour le projet en particulier. Toutefois Disney reste une référence incontournable pour cet ouvrage et dans l’illustration d’une manière générale.

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Comment s’est déroulé votre travail sur un autre jeu, « K’uhnah », réalisé pour la société américaine « Wizkids » ?

Je ne sais pas si j’ai eu de la chance, mais jusqu’à aujourd’hui mon expérience dans le monde du jeu de société n’a été que positive ! Ma collaboration avec Zev Shlasinger aux éditions Wizkids s’est super bien passée, avec un brief clair et une réalisation des visuels sans problème.

Vous travaillez aussi dans l’illustration d’albums jeunesse. Quelles sont les différences de travail entre ces deux univers ?

D’après mon expérience personnelle je trouve que l’univers du jeu est plus pragmatique. On a un jeu avec des directives et des éléments bien précis à réaliser. Il y a certes une liberté graphique, mais je trouve que le cahier des charges rend les choses plus définies. C’est aussi d’avantage un travail d’équipe avec le directeur artistique. Dans la réalisation d’un bouquin pour enfants, l’illustrateur a plus tendance à prendre les décisions, tant sur le plan narratif que graphique. L’illustration d’albums jeunesse est un travail plus solitaire et du coup plus libre avec des possibilités infinies quant à la mise en place des éléments d’une illustration. Je trouve aussi que c’est un travail qui paraît plus long, de temps en temps, dans la mesure ou le support et le format reste le même. Dans un jeu, une fois qu’on a terminé un élément (les cartes par exemple) on passe à l’illustration du plateau, puis ce seront les jetons. Les changements de format, d’intention, donnent l’impression que l’ensemble du travail est plus dynamique et diversifié.

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Quels sont vos univers personnels de prédilection ?

J’adore lire (roman graphique, fiction...), même si je prends moins le temps de le faire dernièrement. J’ai aussi une passion, transmise par mes parents, pour tout ce qui est antique. Et avec tous ces mois de confinement je me suis découvert une passion pour l’horticulture !

Avez-vous l’illustration d’un autre jeu en vue ?

J’ai bossé il y a un mois avec Didier Jacobée aux éditions Multivers sur un nouveau jeu, qui je l’espère verra le jour très prochainement. J’ai également plusieurs potentiels projets sur lesquels je travaille qui, je croise les doigts, vont se concrétiser !


3 jeux conseillés par Amandine Dugon :

Scrabble et Boggle : Je suis assez old fashioned dans mes choix de jeux de societé. J’adore les jeux de connaissance générale et les jeux d’orthographe. Je dois avouer que jouer en Anglais n’est quand même pas aussi évident que de jouer en Français. Mais je ne suis pas loin derrière, et ne perds pas espoir de finir par battre mon cher et tendre, qui est Anglais !

Mr Lister’s Quiz Shootout : Pendant le confinement on a découvert ce jeu avec mon compagnon. C’est aussi son nom de famille, du coup il voulait voir de quoi il s’agissait ! C’est un jeu que l’on a pu jouer en conference call avec d’autres personnes. Il y a une personne en charge de poser les questions sur des sujets actuels et rigolos tel que cite les principaux ingrédients des haricots Heinz ou quels sont 7 types de sandwich préfèrés des Anglais ou encore les 8 goûts de Pringles les plus vendus. Tout le monde peut jouer en même temps, et on se retrouve avec des réponses assez drôles.


Illustrations : Amandine Dugon & Space Cowboys & WizKids


Michael Espinosa
Christelle Espinosa
24 avril 2021



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