Un noir dans un monde de blancs
La guerre de Sécession est finie, les noirs passent du statut d’esclaves à celui de pauvres, maltraités, chassés et méprisés : bienvenue au Texas, dans l’Ouest américain, le vrai.
Wiliford est noir, « noir comme un trou du cul une nuit sans lune » selon son père. Enfin, il est libre, c’est déjà pas si mal, non ? Libre de faire ce que les blancs l’autorisent à faire, et libre aussi d’être pourchassé par ces mêmes blancs pour un regard de travers. Wiliford s’en sort comme il peut, il se débrouille et, bravache, apostrophe régulièrement le lecteur.
Sarcasme et vantardise
Oui, il rencontre des types bien aussi, il s’engage même dans l’armée « pour 13 dollars par mois » et vit des aventures qu’il nous raconte avec cynisme et sarcasme. Il joue avec le lecteur autant qu’il peut se le permettre. Parce que Wiliford est drôle, parce que Deadwood Dick est drôle. Un surnom qui me semble aussi vantard que l’homme qui le porte, si vous voulez mon avis. Mais si vous voulez savoir d’où vient ce nom, il va falloir lire cet album.
Joies et galères d’une vie bien remplie
Plein de second degré et d’ironie, le personnage principal ne nous interpelle pourtant pas sur le sort des noirs, hier ou aujourd’hui, sur l’esclavage ou je ne sais quelle autre forme de discrimination traversant les âges. Non, Dick nous raconte juste sa vie, de son point de vue. Sa vie avec ses (quelques) joies et ses (nombreuses) galères, sans se plaindre et même plutôt en s’en vantant, c’est son caractère. Non sans une part de vérité, parce qu’il sait faire plein de choses, le Wiliford : monter à cheval, descendre des indiens, obéir aux ordres ou sauver sa peau... Et s’il ne sait pas faire, il s’adapte, il se débrouille. C’est l’histoire de sa vie.
Une belle réussite
“Deadwood Dick” est un western. Un bon western. Réaliste quand il faut, pragmatique le plus souvent, grossissant parfois le trait. Bref, à l’image du narrateur et personnage principal : attachant et intrigant.
Une belle réussite qui s’inscrit dans le trait et l’encrage remarquables de Corrado Mastantuono, formé aux publications italiennes comme “Tex” et qu’on a pu voir récemment chez Mosquito (l’éditeur des auteurs italiens !) avec l’étonnant “Buzzer et Taille-la-route” et l’excellent “Klon”, formidable anticipation dickienne.
Un auteur complet qu’on aimera revoir souvent !
Deadwood Dick (T01) Noir comme la nuit
Série : Deadwood Dick
Scénario : Michele Masiero
Dessin : Corrado Mastantuono
Éditeur : Paquet
Date de parution : 3 février 2021
Format : 26,8 x 19,7 cm
Pagination : 128 pages N/B
ISBN : 9782889321315
Prix public : 13,5 €
À lire sur la Yozone :
Klon
Illustrations © Corrado Mastantuono et Éditions Paquet (2021)