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Galaxies n°69 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°69, SF - nouvelles - articles - critiques, janvier 2021, 192 pages, 11€

La belle couverture de Caza, le numéro 69, autant d’indices sur la tonalité de ce « Galaxies », essentiellement consacré au Sexe et au genre en SF.
Bien sûr, le lecteur se fait déjà son idée sur le contenu de ce dossier dépassant les cent pages. Nouvelles et articles sont alternés, ce qui est une bonne idée. Plutôt qu’un gros papier, Lucie Chenu a sagement préféré 11 articles plus ou moins courts sur un thème précis ou un auteur.
Disons-le, un numéro prometteur de prime abord.



Après lecture, j’avoue ne pas savoir quoi en penser. De plus, ce n’est que la première partie du dossier, le reste paraîtra dans le « Galaxies 72 ».
L’avertissement « il est question de sexualité explicite » fait montre d’une prudence pas forcément justifiée, car il faut déjà chercher... Par exemple, Francis Berthelot reste très sage dans “Bistocchio ou l’imparfait”. Ce n’est pas le nez qui grandit chez le frère de Pinocchio. Une idée amusante, mais l’auteur ne se lâche pas.
“Mauve à pois verts” de Philippe Caza accouche d’une singulière transformation, assumant ainsi parfaitement sa place au sommaire.
Alpha Lëer en fera frissonner plus d’un avec sa ferme très spéciale un “Jour de traite”. C’est retors mais bien vu.
ïan Larue se tire aussi très bien de l’exercice avec une relation contre nature entre une femme et un T-Rex, affectueusement surnommé “Rexie chérie”. C’est vraiment en plein dans le mille avec une dose de fraîcheur et une bonne dose de folie.
La short story “Ce besoin du même” de Jo Walton s’avère subtile et fera sourire.
Datant de 1908, “La race nouvelle” d’Albert Keim (1876-1947) mérite amplement sa place ici. Les célèbres couvertures de pulps avec une belle jeune femme effrayée par un monstre décrivent parfaitement le récit. Direct et révélateur.
« Bleu puzzle » de Ceryan Dau ne manque pas de beauté, mais manque de vie, d’envie pour le lecteur que je suis. Il y a des qualités, mais cela reste froid, me laisse froid. Même sentiment pour le présent “Si seulement”.
Quant à “Agrume”, comment dire ? Si ce n’est qu’une fois fini, j’étais aussi avancé qu’au début. Autant Eva D. Serves écrit des articles clairs, autant ses nouvelles font dans l’obscur, ressemblent à un exercice du style au détriment de l’histoire noyée au milieu.

Point de vue articles, le premier “Sexualité en SF” est tout à fait conforme à ce que j’attendais du dossier. Lucie Chenu pose en quelque sorte les bases, avant que le propos ne s’élargisse : “Science-fiction et BDSM”, “Corps et sexualités exotiques”,“Homosexualité dans les littératures de l’imaginaire”, “Vers une nouvelle SF queer”, “Transition en science-fiction” et “Quand le langage sert un imaginaire non binaire”. Il y a aussi des focus sur des auteurs en particulier : Francis Berthelot, Becky Chambers, Estelle Faye et Sabrina Calvo, sans oublier quelques encarts sur P. J. Farmer, Samuel R. Delany... C’est intéressant, mais à la fin j’ai éprouvé l’impression que cela versait dans le militantisme LGBT+. Une espèce d’escalade s’opère peu à peu, la neutralité qui devrait être de mise (aux lecteurs de se faire leur idée) se perd en route. C’est assez déstabilisant et pose bien des questions : les lecteurs ne sont-ils pas assez grands, sans que l’on fasse pencher la balance d’un côté, comme pour orienter le débat ?
Que dire aussi de la rédaction des articles ? Parfois on peut croiser de l’écriture inclusive et puis toutes les libertés semblent permises quand un auteur féminin est abordé. Moi je me cantonne à parler d’auteure, d’autres d’autrices. Les deux se lisent fréquemment. Là il est question à l’occasion d’autorice ! Et le féminin de lecteur peut devenir lecteurice (et que devient le mot lectrice ?) ! Une homogénéisation aurait été souhaitable, comme de définir les termes employés. Ce n’est pas parce que l’on rencontre fréquemment l’acronyme LGBT (ou LGBT+) et le mot queer que l’on sait forcément ce qu’ils signifient.
Ce dossier me laisse un sentiment mitigé, il est dans l’air du temps, militant par certains côtés, les nouvelles sont d’un intérêt très variable. Bref, la suite du dossier ne me fait pas forcément envie...

“Musique et SF” aurait pu être intégré au dossier avec la personnalité de David Bowie. La “Croisière au long du Fleuve” est consacré à Robert Clauzel et, étonnamment, il y aura deux parties, alors que c’est déjà nettement plus long qu’à l’accoutumée.
Au début du numéro, Pierre Gévart se fend d’une préface sur l’intolérance, réagissant au suicide d’une lycéenne. Suit un hommage à Joseph Altairac (1957-2020).
Et pour finir, des chroniques de livres, de BD et de ciné.

Un numéro prometteur de prime abord, mais qui me laisse un sentiment mitigé. Forcément le sujet du dossier divise, surtout par l’inclination qu’il prend au fil des articles. Chacun se fait son idée de départ. Par exemple, pourquoi ne pas avoir traité de la collection Titre SF, dont les ouvrages sont souvent évoqués ?
De bonnes choses, d’autres bien moins.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 69 (111 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Rédactrice en chef déléguée : Lucie Chenu
Couverture : Caza
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : janvier 2021
ISSN : 1270-2382
N° ISBN : 9782376251187
Dimensions (en cm) : 13,5 x 21,1
Pages : 192
Prix : 11€


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
8 mars 2021


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