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Tout est relatif, mon bon monsieur !
Les enfant d’Icare de A. Clarke
Délices et daubes n°10


Dans mon dernier billet je vous parlais de la SF de papa d’Argyre en FNA (voir D&D n° 9).
A la même époque ou un peu avant (1954) paraissait outre-Manche « Les Enfants d’Icare » du célèbrissime Arthur C.Clarke (J’ai Lu, 253pp), un autre papy né en 1917, l’auteur du fameux 2001, Odyssée de l’Espace.
C’est un des fondateurs de la « hard science SF », bardé qu’il est de diplômes en astrophysique. Ben vous inquiétez pas, y’en a pas tellement dans le bouquin, de la science. Un roman fort étrange par ailleurs.

Il y a d’abord une première partie : les Suzerains, des extraterrestres scientifiquement très avancés ont positionné leurs impressionnantes nefs au-dessus des capitales. Et imposé aux hommes la paix, la répartition des richesses, la fin des famines, des guerres et des maladies. Mais ils refusent de se montrer. Ils finissent par le faire au bout de cinquante ans (je ne vous dirai pas la tête qu’ils ont, c’est une des surprises intéressantes du livre).
Dans la deuxième partie, la Terre vit alors en Utopie (c’est Arthur qui met la majuscule), imposée par ces Suzerains. C’est la civilisation des loisirs, de l’abondance, de l’accès pour tous à toute la culture. Une société anarchiste formidable tout en sérénité, d’où la violence a disparu. Mais, selon Arthur, le prix à payer, outre que ce n’est plus l’Homme qui décide de son destin, c’est la fin de l’invention, scientifique et artistique, qui ne se nourrit que des conflits et des difficultés. Bizarre théorie, mais bon.
La fin (troisième partie) est plus étrange encore : c’est la fin de l’humanité. Tous les enfants humains subissent une transformation radicale, deviennent les éléments constitutifs d’une même pensée inaccessible et incompréhensible et vont rejoindre le Maître-Esprit, sorte de Grand Architecte qui fait tourner les étoiles et l’Univers. En partant, dommage collatéral, ils détruisent notre belle planète. Les Suzerains n’étaient finalement qu’une race très intelligente, au service de ce grand patron, chargée de permettre cette évolution des Hommes, alors qu’eux-mêmes n’en sont pas capables.

On en ressort avec une drôle d’impression parce que ça vole haut et loin mais ça reste froid. Il n’y a pas vraiment de héros ni d’émotion, même s’il y a des tentatives de passages poétiques. Du sérieux, quoi. Et, bien sûr, zéro humour, sauf involontaire, comme ces remarques sur les Français « les meilleurs brillants seconds du monde »(very british isn’t it ?) ou le fait qu’en Utopie, les gens passent jusqu’à 3 heures par jour devant la télé (un temps qui semblait invraisemblable dans les années 50) ! Il y a quand même aussi quelques belles prémonitions et des idées astucieuses, sur le temps, sa relativité et l’inconscient collectif (encore !) qui marquent les esprits dans le passé de ce qui se passera dans le futur. Il y a aussi des choses étonnantes pour l’époque sur la libération sexuelle et la polygamie fondamentale des hommes (Oh ! Arthur ! Shocking ! )

Comme quoi les p’tits jeunes d’aujourd’hui n’ont pas inventé grand chose, ou ont beaucoup lu, ou Arthur avait raison sur la difficulté à se positionner dans la dimension temporelle.


Henri Bademoude
23 juillet 2006


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