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Galaxies n°64 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°64, SF - nouvelles - articles - critiques, mars 2020, 192 pages, 11€

Le dossier de ce « Galaxies » est consacré à Sarah Newton dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. Et pour cause, je ne suis pas du tout intéressé par l’univers du jeu de rôle, milieu où elle s’est fait un nom. Giulio Cesare Giorgini la présente, l’interviewe et dresse sa bibliographie. Forcément, de par mes centres d’intérêt, cela ne m’a pas guère passionné, car je n’ai pas réussi à suivre le propos.
Par contre, il faut remarquer l’effort de Sarah Newton, Anglaise vivant en France, à écrire des récits en français. “Vision rémanente” en est une belle démonstration. Comme cette nouvelle se raccroche à ses autres créations, il faut un temps d’adaptation pour cerner les différents termes propres à son univers très versé dans le transhumanisme, mais alors le lecteur peut voir son potentiel. L’histoire est enlevée, ambitieuse, elle aborde le devenir de l’homme et laisse une belle impression, notamment avec cette symbiose entre les vaisseaux rappelant les anibulles d’Hervé Thiellement et leurs pilotes.
Comme le dit si bien Giorgini : « Ce dossier est donc une invitation à découvrir les univers de cette passeuse de mondes ».



À mon sens, “La fin du silicien” de Gulzar Joby complète bien le texte de Newton. La personne la plus riche de la planète invite une concurrente et un historien. Son empire est basé sur le silicium déclinant face à la montée du biologique. L’auteur pose bien des questions sur notre avenir, sur cette course au progrès qui perd de son sens, sur l’épuisement de ressources non renouvelables. Ne peut-on concilier les deux ? Aller vers une transition harmonieuse ? Une réflexion salutaire bien menée.

En hommage à Mike Resnick décédé le 9 janvier 2020, ce numéro démarre par quelques mots sur ce grand auteur et “Rue de la mémoire qui flanche”, une nouvelle emplie de tendresse. Quand la maladie d’Alzheimer est diagnostiquée pour sa femme, Paul guette avec crainte les premiers symptômes, puis assiste avec effroi aux conséquences. Marié depuis soixante ans, il ne peut accepter que cela finisse de la sorte. C’est beau et d’une sensibilité qui remuera chacun de nous. Lisez du Mike Resnick, ne le laissez surtout pas tomber dans l’oubli.

Le chant peut tuer, il est enseigné à quelques élus dont la bouche est cousue le temps de la transformation. Les envahisseurs les exhibent et les utilisent pour régler des litiges. “Unstitch your Mouth” de Guillaume Laffineur possède un fort pouvoir d’évocation, mettant en avant des affrontements de gladiateurs d’un nouveau genre. C’est bien vu et il n’est que justice que cet accessit du Prix Alain le Bussy soit publié.

Cette remarque vaut aussi pour “Le quetzal” de P. A. Desgranges qui, sans grands effets, recueille les confidences d’un homme sur le traitement novateur à base de nanites dont sa femme a bénéficié. Il est toujours bon d’attiser la curiosité des lecteurs, de les pousser à s’interroger, ce que parvient parfaitement à faire l’auteur avec des développements inattendus.

Siana malmène son personnage, cobaye pour des voyages temporels. Au fil de ses missions, il perd son ancrage sur le réel. Passé, présent et futur s’interpénètrent, le poussant à sauver... quoi ? sa personne, une amie ? Mais qui est-il vraiment ? Le lecteur assiste à ce délitement de la réalité, à cette perte de repères, “Le paradoxe de l’identité” transparaît à travers ces lignes dérangeantes et illustrant le voyage dans le temps d’une manière indirecte, comme si cela tenait du rêve.

Avec “Les coucous”, Paul Hanost poursuit ses courtes nouvelles dans l’univers des sharkas, les hommes-félins. Quatre pages pénibles tentent de raconter une histoire avec des personnages qu’on oublie aussi vite que c’est lu. Je n’accroche décidément pas et, en plus, il s’agit d’une réédition ! Et comme souvent suit une publicité pour l’ouvrage « La mort est une auberge espagnole » dont est justement extrait le présent texte. Je passe...

L’étonnant “Sic transit...” de Charles Hagel (1882-1938) est tiré de « L’écho d’Alger » du 27 février 1929. Le récit se déroule en hiver 2020. Guerre au programme et glaciation soudaine calmant les ardeurs bellicistes. Une trouvaille qui ne manque pas de force.

Didier Reboussin nous convie à redécouvrir Piet Legay et Jean-Michel Calvez nous entretient de Michael Stearns et notamment de son album « Encounter, a Journey in the Key of Space », un album concept évocateur. Hélas, il est dommage que de telles œuvres aient été si peu diffusées, car celle-ci semble un must.
Des chroniques de livres, BD et films achèvent ce numéro. On peut y remarquer les avis sensiblement différents de Pierre Stolze et Lucie Chenu sur « Passing Strange » d’Ellen Klages. Il est toujours intéressant d’avoir plusieurs avis sur un ouvrage.

Après lecture de ce « Galaxies », Sarah Newton ne m’est plus inconnue, donc la mission d’ouverture de la revue vers de nouveaux noms est réussie. Sans qu’aucune ne soit inoubliable, l’essentiel des nouvelles apporte leur lot d’évasion. Un honnête numéro.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 64 (106 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Jason Juta
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : mars 2020
ISSN : 1270-2382
N° ISBN : 9782376250951
Dimensions (en cm) : 13,4 x 21
Pages : 192
Prix : 11€



Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
18 juin 2020


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