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Lames du Cardinal (les), tome 3 : Le dragon des Arcanes
Pierre Pevel
Bragelonne, roman (France), cape et épée, 328 pages, aoüt 2010, 20€

Agnès et Ballardieu s’infiltrent au Mont-Saint-Michel, la forteresse des Châtelaines, l’ordre féminin qui lutte contre les dragons. Agnès, qui a failli y prononcer ses vœux, doit obtenir une information d’une vieille amie, mais cette dernière lui délivre à la place une vision prophétique d’un Paris en flammes. La sortie est moins discrète que l’entrée : Agnès voit Ballardieu faire une chute mortelle avant d’être capturée.
A la capitale, on enterre Almadès. Un dragon noir a attaqué la prison où était détenu l’Alchimiste des Ombres, et l’Espagnol s’est sacrifié pour sauver La Fargue des flammes qui ont tout ravagé. Laincourt a rejoint les Lames, et c’est tant mieux, car la bande doit aussi faire avec la défection de Leprat, le chevalier d’Orgueil, retourné aux Mousquetaires malgré sa maladie, la ranse.



La mère des Châtelaines, Vaussambre, intrigant pour entrer au conseil du roi, les Lames rusent pour libérer Agnès sans l’appui du Cardinal, semant au passage un beau désordre à la prison du Temple que les sœurs sont obligées de couvrir.

La politique nationale et les affaires occultes s’entrecroisent, remettant Leprat sur le chemin des Lames tandis que s’organise une rencontre secrète avec un émissaire du Pape. L’Italienne, cette espionne à qui ils ont déjà eu affaire, est aussi de la partie, mais rien ne se déroule comme prévu, puisque la rencontre est empêchée par des mercenaires dracs mené par un Dernier-né, un dragon de la dernière génération, membre des Arcanes, une loge secrète affiliée à la Griffe Noire espagnole. Son leader, l’Hérésiarque, était déjà derrière la tentative de la vicomtesse de Malicorne d’implanter les dragons en France (voir le tome précédent). Cette fois-ci, pour prendre son indépendance, il joue gros, et frappera fort, au risque de tout perdre.

Chez les Lames, faute de piste, La Fargue s’en remet aux Veilleurs, mais Saint-Lucq, le sang-mêlé, est à l’affût, et pardonne mal à son capitaine de leur cacher des choses, et plus encore qu’ils prennent leurs ordres de dragons, fussent-ils dans leur camp.

Alors que se prépare le dernier acte, tous ont souffert, certains sont hors jeu, et le camp adverse s’emploie à les séparer encore, piégeant Laincourt avec son bon cœur. L’adversaire a un coup d’avance, frappe de partout, utilisant la population drac de l’île Notre-Dame pour répandre la folie dans les rues tandis que dans les cieux, un Grand Ancien, guidé par les feux magiques des pierres de Bohème, vient comme prophétisé incendier Paris.

« L’Alchimiste des Ombres » était une saison 1, « Le Dragon des Arcanes » est bien une saison 2 qui lui fait suite immédiatement. Même découpage en épisodes, le premier (la libération d’Agnès) semble presque indépendant, mais pose les bases de l’intrigue et permet de doucement se remettre en mémoire personnages, lieux et situation.
La plume de Pierre Pevel n’a rien perdu de son talent : s’il joue davantage avec la poudre et toute substance pouvant faire BOUM ! et donner une touche un peu hollywoodienne aux escarmouches entre Lames et dracs, il ne perd pas de vue ce qui fait la qualité de son histoire : des personnages très humains, tous différents mais fort attachants (même le taiseux Saint-Lucq, au rôle de tueur implacable), et une intrigue ultra-ficelée, dans laquelle les Lames arrivent en élément perturbateur.
Si on ne s’offusque pas de quelques passages un rien clichés (les explosions à répétition, la méchante nymphomane qui grimpe sur son frère...), en lecteur attentif on piquera un peu sur certains passages un peu forcés (comme ne pas envoyer Laincourt, qui sait crocheter les serrures, délivrer Agnès, obligeant Marciac et Saint-Lucq à se colleter un geôlier drac à deux têtes, page 81) juste pour le plaisir d’une bonne scène de baston. Au temps pour le feutré.
Non au contraire, on notera tout son talent à nous rendre intelligible une intrigue complexe, aux personnages pas toujours coopératifs, du point de vue de cette meute de chiens jetée dans le jeu de quilles. Tout le monde avance masqué, le Cardinal, la Châtelaine, les Arcanes, et une poignée de seconds couteaux, marionnettes grâce aux fils desquels les Lames vont remonter au cœur de cette histoire.

Le puzzle se met en place lentement mais sûrement, nous rendant difficile la compréhension du tableau global avant d’avoir les dernières pièces en main, quand il est trop tard et que l’ennemi a débuté les hostilités finales. Dernier tome de la trilogie oblige, on croise les doigts pour qu’ils s’en sortent vivants, mais on sait déjà que les sacrifices seront nombreux. Guère de surprises cependant, tout ce qui arrive est le résultat logique des choix précédents, et le duel final, après une nuit de guérilla homérique, est à la hauteur de nos attentes.

Tout comme ses héros, on sort essoufflé, épuisé de ce « Dragon des Arcanes », pleinement satisfait d’une lecture palpitante, riche en surprises comme en promesses tenues. C’est du grand roman d’aventures, dans la plus pure tradition de la cape et l’épée, mâtinée de ce qu’il faut de magie sans empiéter sur l’Histoire. Une histoire d’amis se battant ensemble pour une noble cause, parfois dans l’ombre, chacun étant tôt ou tard rattrapé par son passé.

On tiquera seulement, comme dans les tomes précédents, sur de bêtes coquilles, des personnages ou des lieux qui changent de nom (La demoiselle devient la Courtisane, notamment) ou certains qui parlent à d’autres qui ne sont pas présents. Des scories qui sautent d’autant plus aux yeux que les fautes et mots oubliés sont rares. Espérons que cela aura été corrigé dans l’intégrale parue pour les 10 ans de la saga.

En 2019 Pierre Pevel a laissé les clés de son univers à Philippe Auribeau, qui dans « L’Héritage de Richelieu » reprend l’histoire en 1643, dix années plus tard, là où l’épilogue l’avait close. A suivre sous peu...


Titre : Le Dragon des Arcanes
Série : Les Lames du Cardinal, tome 3/3
Auteur : Pierre Pevel
- Édition originale :
Couverture : Didier Graffet & Anne-Claire Payet
Éditeur : Bragelonne
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 328
Format (en cm) : 24 x 15 x 2,8
Dépôt légal : août 2010
ISBN : 9782352944027
Prix : 20 €
- Édition poche :
Couverture :
Éditeur : Gallimard
Collection : FolioSF
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 410
Format (en cm) : 18 x 11 x 2
Dépôt légal : janvier 2014
ISBN : 9782070448647
Prix : 8,50 €


« Les Lames du Cardinal » (2007)
« L’Alchimiste des Ombres » (2009)
« Le Dragon des Arcanes » (2010)
La trilogie est parue dans une édition intégrale spéciale 10 ans (2016) désormais épuisée et une édition définitive en 2019
« L’Héritage de Richelieu », par Philippe Auribeau (2019)


Nicolas Soffray
9 juillet 2020


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