Yann Quero a choisi d’évoquer Arcosanti, un écovillage en Arizona, fondé en 1970 par Paolo Soleri suivant ses concepts de l’Arcologie. Face aux conséquences du dérèglement climatique, les villes du globe ont du adopter ce modèle, confiant la direction de chaque communauté à un Paolo et une Corolyn, du prénom de l’épouse Soleri. Avant d’avoir ce titre, une initiation est obligatoire à Arcosanti.
L’idée est dans le thème, le pèlerinage initiatique plutôt bien vu, aussi ai-je été d’autant plus surpris par l’introduction brutale d’aliens dans cette histoire. Ils se sont perdus dans l’espace, ont trouvé la Terre par hasard, ont atterri à côté d’Arcosanti sans que personne ne les remarque... ça fait beaucoup ! La conclusion ne manque pas d’élégance, mais “Pèlerinage à Arcosanti” ne m’a pas convaincu du fait de cette facilité. De plus, elle montre que sans eux la ville idéale de Soleri n’aurait guère rayonné dans le monde.
30 ans après leur départ, les membres d’une mission d’exploration reviennent de Proxima Centauri B. 3 ans se sont écoulés pour eux et le contraste est d’autant plus saisissant que la situation mondiale a bien changé. Deux blocs s’affrontent, celui des Veilleurs qui prônent un ordre nouveau et celui, en gros, des USA qui ne veulent surtout rien changer. Que doivent-ils faire ? Ont-ils seulement le choix ? “Ce sera sans nous” de Julie Conseil décrit la fin d’une certaine humanité à travers le prisme d’une expédition impuissante et jouant le rôle de Candide devant cet effondrement. Une extrapolation plaisante et bien trouvée.
“Ce qui nous fut enlevé” de Jean-Yves Carlen commence par un bref cours d’histoire-géo, avant de verser dans le ridicule le plus complet en bafouant toute vraisemblance. On dira qu’il s’agit d’une fable par son caractère des plus naïfs.
Dans “Fast and Fungus”, chaque être est évalué, la balance profits-pertes commande. Une fois que chacun a exprimé tout son potentiel et tend à devenir un poids pour la cité, qu’en faire ? Arjumand, une ancienne styliste adulée devenue aveugle, et Enri, un haut cadre qui a élevé son entreprise Alterline vers les sommets, permettent de le découvrir. La conclusion s’avère surprenante, loin de celle attendue, et ne manque pas de faire réfléchir : sanction ou récompense ? Et quid des gens du commun ? Stéphane Dovert livre là une nouvelle somme toute désabusée, car l’homme cherche l’évasion dans des paradis pseudo-quantiques, ne trouvant plus son bonheur dans la vraie vie. C’est troublant, ne peut que faire réagir par son ambiguïté, ce qui est le signe d’un texte réussi.
Les utopies « positives » (il aurait été bien de définir ce que le rédacteur en chef entendait vraiment par là) ne sont pas forcément au rendez-vous et les nouvelles alternent le bon et le moins bon, ce qui laisse une impression finale mitigée. Par contre, les belles créations de Thierry Clet restent à l’esprit.
Titre : Géante Rouge
Sous-titre : Utopies « positives »
Numéro : 27
Version : B
Directeur de publication : Pierre Gévart
Rédacteur en chef : Yann Quero
Couverture : Thierry Clet
Type : fanzine
Genres : SF, nouvelles, articles, entretiens...
Site Internet : Géante Rouge
Dépôt légal : janvier 2020
ISSN : 1778-011X
ISBN : 9782376250869
Dimensions (en cm) : 13,4 x 21
Pages : 48 pages tout compris
Prix : 11€ les 4 cahiers
« Géante Rouge » cahier A
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