Ce quatrième volume de « La Hanse galactique » regroupe le roman « Le monde de Satan » et la nouvelle “L’étoile-guide”, inédite en français. Au programme, les lecteurs retrouvent les principaux personnages : Nicholas van Rijn, le fondateur de la Compagnie solaire des épices et liqueurs, ainsi que l’équipe du vaisseau spatial Le Débrouillard : David Falkayn, Chee Lan et Adzel, tous membres de la Ligue polesotechnique, regroupant de puissantes compagnies, avides de profits, se livrant une lutte sans merci et bien plus puissantes que les gouvernements planétaires, voyant cette mainmise d’un mauvais œil.
À ce titre, « Le monde de Satan » est révélateur. Quand Nicholas van Rijn prend la mesure du problème, il ne fait pas dans la dentelle, tout en couvrant ses arrières. Bien sûr, il délègue, mais se bat pour ses plus proches et efficaces collaborateurs. Garver, directeur du Centre fédéral de la Sécurité et du Maintien de l’ordre, y voit enfin le moyen de faire tomber un de ces intouchables Prince-Marchands se croyant au-dessus des lois. Il n’hésite pas lui-même à les franchir pour parvenir à son but, il sent que la fin de ces mastodontes approche, qu’un jour ils tomberont pour ne plus se relever. Ce sentiment affleure à la surface de ce volet, une atmosphère de fin d’un temps prédomine.
La nouvelle “L’étoile-guide” se situant une dizaine d’années après les événements du roman est symptomatique de ce constat, même van Rijn ne peut qu’en convenir, il se sent vieux, dépassé, conscient qu’un ordre nouveau se profile. Cette conclusion est d’ailleurs terrible : « ... vit qu’il était bel et bien vieux ».
Pourtant il n’a rien perdu de sa gouaille, maltraitant l’anglais à tour de phrases, éclusant les bières à n’en plus finir, tout en fumant la pipe. Il peste, tonitrue, mais l’équipe du Débrouillard, bridée par des idées d’un autre âge, ne peut qu’aller vers son émancipation.
« Le monde de Satan » nous offre une bonne dose de space-opera qui, il faut bien l’avouer, fait daté, mais n’a rien perdu de son souffle. Planètes cachées et dangereuses, civilisation étrangère belliqueuse, combats spatiaux, enjeux énormes, action ... tout y est ! L’histoire est enlevée et se déroule en agréable compagnie. Quasi tout le monde fume, boit, reflet des années d’écriture de l’ensemble. Le pire pour van Rijn, à part peut-être perdre de l’agent, lui qui se plaint tout le temps d’être mis sur la paille, est de faire un voyage sans bière ! Un brin de nostalgie se dégage de ces pages, renforçant cette impression de fin d’un temps.
Ce quatrième volet de « La Hanse galactique » marque un tournant dans la toute puissance de la Ligue polesotechnique. Ses compagnies se livrent une lutte sans merci, toujours à la recherche de profits plus grands, plus rapides, comme si elles cherchaient à reculer l’inévitable : leur propre fin. Nicholas van Rijn, son membre le plus éminent, montre quelques faiblesses, il comprend que les temps changent, qu’il n’est pas immortel et qu’un jour il lui faudra tourner la page. Mais il ne le fera pas sans panache, ni le gosier sec !
Une lecture distrayante et non dénuée de réflexion.
Courant 2020, « Le Crépuscule de la Hanse » marquera le terme de ce cycle flamboyant.
Titre : Le monde de Satan
Série : La Hanse galactique, tome 4
Auteur : Poul Anderson
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Jean-Daniel Brèque
Couverture : Nicolas Fructus
Éditeur : Le Bélial’
Directeur de collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 352
Format (en cm) : 14 x 20,3
Dépôt légal : juin 2019
ISBN : 9782843449512
Prix : 22 €
Également sur la Yozone :
Hanse galactique (La), tome 1 : « Le prince-marchand »
Hanse galactique (La), tome 2 : « Aux comptoirs du cosmos »
Hanse galactique (La), tome 3 : « Les coureurs d’étoiles »
Nicolas Fructus - Les Coureurs des étoiles
« L’épée brisée »
« Tau Zéro »
« Le Chant du Barde »
« La Patrouille du Temps »
« Trois Cœurs, Trois Lions »
« Les Croisés du Cosmos »
« Barrière mentale et autres intelligences »
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