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Station Metropolis direction Coruscant
Alain Musset
Le Bélial’, Parallaxe, essai, sciences, 272 pages, octobre 2019, 16,90€

Troisième volume de la collection Parallaxe, « Station Metropolis direction Coruscant » s’attache aux villes dans la science-fiction. Le sous-titre est d’ailleurs évocateur : Ville, science-fiction et sciences sociales. Chaque lecteur se souviendra d’emblée de certains titres ou films dans lesquels la figure de la cité est omniprésente et parfois personnage à part entière.



En charge de cet essai de plus de 250 pages découpé en quatre parties de trois articles chacune, Alain Musset, géographe et directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, a bien sûr dû faire des choix, celui du titre n’étant pas le moindre. Metropolis fait référence au film de Fritz Lang et Coruscant n’est autre que la cité-planète apparaissant dans Star Wars. J’ai été surpris de toutes les références à Coruscant pour illustrer le thème. Entre les films, les nombreux livres et bandes dessinées autour de cet univers, l’auteur revient souvent dessus et pour ceux qui ne sont pas férus de « Star Wars », cela devient lassant à force. Et pour la majorité, les auteurs des livres de cette licence sont loin d’être des grands noms du milieu de la SF.

À travers les quatre axes : “De la mégalopole à la monstruopole”, “Castes et classes dans la ville de demain”, “Géographies de la peur” et “Villes sous contrôle”, Alain Musset s’appuie sur des œuvres imaginaires mais il illustre aussi son propos avec des exemples concrets. Les villes tendant au gigantisme, les clivages entre les nantis et les défavorisés, le contrôle des masses, la peur des autres, autrement dit de perdre sa place, de se faire détrousser... autant de problématiques bien actuelles et modelant notre société. La science-fiction extrapole à partir de ce qui est connu, tendant vers les extrêmes (par exemple : des tours toujours plus hautes, des villes toujours plus étendues à travers les trois dimensions de l’espace), mais cette démesure ne donne pas forcément le tournis, car elle est déjà largement en marche. Les projets ne manquent pas pour aller toujours plus loin.

Chaque article se lit très bien et cerne le sujet, aussi bien à travers les supports science-fictifs que réels. Il est très plaisant de croiser des ouvrages déjà lus ou des films déjà visionnés, car leur évocation revient à en dégager des aspects auxquels nous n’avons pas forcément pris garde alors. De même, des sujets nous rappellent peut-être des œuvres, sans qu’elles ne soient citées dans l’essai. Il s’agit donc aussi d’un exercice pour étayer à sa façon le propos de « Station Metropolis direction Coruscant ».

Avant de le commencer, je me demandais ce dont Alain Musset pouvait bien nous parler pendant 250 pages. Je dois reconnaître qu’il a parfaitement construit son essai, choisissant de débuter par l’architecture avant de dériver vers les sciences sociales, mais les matières s’interpénètrent, n’existent pas l’une sans l’autre finalement. L’essayiste développe des idées auxquelles je n’aurais jamais pensé comme dans “L’ombre du mall” avec ces structures gigantesques regroupant activités ludiques, culturelles et mercantiles (commerces, restaurants, cinémas, animation...). « Après avoir copié la ville pour mieux la transformer, puis avoir servi de modèle à la ville qui voulait se transformer, le mall est devenu la ville » : la boucle est bouclée.
Le propos devient toujours plus anxiogène : les villes sont des territoires à risques, notamment à cause des inégalités, d’un ordre social à lequel une minorité s’accroche. La suite des articles illustre ce sentiment, la fin s’attardant sur le contrôle des villes, la surveillance des habitants, la manière de les influencer dans leurs choix. La conclusion intitulée “Utopie ou révolution ?” montre que le modèle est à revoir, mais non sans sueur, larmes et sang...

« Station Metropolis direction Coruscant » est limpide dans son propos, bien construit et s’appuie sur les œuvres de science-fiction pour nous montrer la réalité des villes d’aujourd’hui.
Une très belle collection pour éveiller notre curiosité et notre esprit critique. Et ce qui ne gâche rien, Cédric Bucaille la met magnifiquement en scène.


Titre : Station Metropolis direction Coruscant
Sous-titre : Ville, science-fiction et sciences sociales
Auteur : Alain Musset
Couverture et illustrations intérieures : Cédric Bucaille
Éditeur : Le Bélial’
Collection : Parallaxe
Directeur de collection : Roland lehoucq
Site Internet : Essai (site éditeur)
Pages : 272
Format (en cm) : 13 x 20
Dépôt légal : octobre 2019
ISBN : 9782843449574
Prix : 16,90 €


Dans la même collection :
- « Comment parler à un alien ? » de Frédéric Landragin
- « La science fait son cinéma » de Roland Lehoucq et Jean-Sébastien Steyer

Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
5 avril 2020


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