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Prisonniers du passage
Chowra Makaremi, Matthieu Parciboula
Steinkis

Quand vous attendez votre vol, savez-vous que non loin de là se cache un centre de rétention des migrants ? La Zone d’Attente pour Personnes en Instance (ZAPI) ! Chowra Makaremi, chercheuse au CNRS, s’associe avec Matthieu Parciboula pour décrire les dessous de ces espaces cachés



Par le prologue, le lecteur pénètre dans l’envers des aéroports. Chowra, nouvelle bénévole de l’Anafé (L’association Nationale d’Assistance aux Frontières) , découvre les contrôles de l’immigration de l’aéroport de Roissy, puis l’intérieur d’un centre de rétention administratif.
Dans ces lieux, les migrants sont enfermés jusqu’à vingt-six jours avant d’être refoulés ou admis en France comme demandeurs d’asile.
Quelques courts chapitres expliquent tout d’abord comment les réfugiés sont arrivés à Roissy, puis comment un groupe disparate se retrouve dans le centre de rétention.

Arrivée d’Iran en 1986, Chowra Makaremi, chargée de recherche au CNRS, se sert de son expérience personnelle et de ses travaux sur l’anthropologie de l’Etat pour décrire la folie administrative qui prive d’identité des personnes en souffrances. Des numéros perdus dans un labyrinthe bureaucratique. Des extraits de textes, pleine page, rendent le récit intime et touchant : Kadiatou de Guinée a subi un viol pour payer les passeurs. Un paysan palestinien s’ouvre les veines dans une salle d’attente de l’aéroport pour qu’on l’écoute et obtenir l’asile.

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Un cahier documentaire replace la situation de l’immigration aujourd’hui. Par une chronologie des frontières, graphiques, schémas, cartes, on se rend compte que la machine répressive ne correspond pas à la réalité d’une immigration qui n’a pas augmenté. Les policiers ne sortent pas grandis. Froids, xénophobes, ils voient les associations comme une gêne dans leur mission. Ils peuvent être parfois émus par un cas mais sont le plus souvent inhumains. Ils manipulent les migrants non francophones pour les expulser au plus vite. Certes, les rapports des O.N.G. améliorent la vie dans les centres mais ils ne changent pas les lois.

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Le style de Matthieu Parciboula est au départ désarçonnant. Loin d’un choix réaliste coloré, son dessin simplifié en noir et blanc fait penser à un livre pour enfants. Ce contraste fonctionne cependant parfaitement et permet d’éviter le misérabilisme. Le style est même intégré au scénario. Lors d’un entretien avec une migrante venue avec sa famille, on voit un enfant qui dessine calmement. Mais lorsque Chowra découvre le dessin, elle comprend que cet enfant sage est traumatisé par la mort et les bombardements.

Matthieu Parciboula arrive très bien à lier témoignages précis par les dialogues et cases muettes pour décrire l’ambiance d’un centre où l’ennui transpire.

« Prisonniers de passage » est une BD engagée qui propose un récit fouillé de ces espaces d’aéroports méconnus des vacanciers. Les témoignages des candidats à l’asile permettent de comprendre que tout est fait pour les faire partir rapidement sans les écouter. C’est assez déprimant mais le dessin de Matthieu Parciboula arrive à rendre chaque situation profondément touchante.


Prisonniers du passage
- Scénario  : Chowra Makaremi
- Dessin  : Matthieu Parciboula
- Éditeur  : Steinkis
- Pagination : 160 pages en noir et blanc
- Format  : 24 x 17 cm
- Date de parution : 30 octobre 2019
- Numéro ISBN : 2368462511
- Prix public : 20 €


Illustrations © Matthieu Parciboula / Editions Steinkis



Corentin Grebert
14 janvier 2020




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