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Solaris n°212
L’anthologie permanente des littératures de l’imaginaire
Revue, n°212, science-fiction / fantastique / fantasy, nouvelles – articles – critiques, automne 2019, 162 pages, 13,95$ CA

Pour marquer le cinquantenaire des premiers pas de l’homme sur la Lune, Mario Tessier aborde le thème de la conquête spatiale selon un angle intéressant. “À nous l’infini, ou les visages de la philosophie cosmiste” aborde la manière dont les missions spatiales ont modifié les façons de penser de ceux qui ont quitté la Terre. Voir notre planète sur fond de cosmos infini, autrement dit cette boule dans le noir, a permis de comprendre sa fragilité et le besoin d’en prendre soin, une notion que beaucoup n’ont toujours pas appréhendée aujourd’hui. Le discours est riche en enseignements divers, un très beau papier à méditer.



Autre article : “Albert Robida : de la satire de la science à la science-fiction” signé Julien Chauffour qui analyse l’œuvre satirique de l’artiste, illustrant sa méfiance vis-à-vis de la science, donc du futur, et son regret d’un certain passé. C’est assez technique, mais le sujet est original, le développement plaisant et fort instructif.

La première nouvelle “Manifeste 2113” prend le lecteur à témoin, Frédéric Parrot lui présente une solution à l’impasse dans laquelle la civilisation se trouve, mais il faut prendre une décision radicale : c’est tout ou rien. Voilà le genre de texte qui divise, soit on apprécie ce qui s’apparente à un exercice de style, soit on le rejette. J’avoue être dubitatif sur celui-ci.

Bien plus prenante : “Le vieillard, l’enfant et la cuillère pensante”, même si elle se résume à une conversation entre Nathan et celui qu’il connaît comme son grand-père. Sur le planétoïde Astoria, tous les dimanches après-midi, les deux se rencontrent et le vieil homme lui raconte son passé sur Terre. Cette visite change des autres, elle prend vite une autre tournure. Denis Roditi parvient à tenir en haleine les lecteurs avec bien peu finalement, ce qui s’avère une performance. Et si ces entretiens étaient bien plus importants que de prime abord ?

“Mémoire vive” d’Étienne-Janosik Desforges n’est pas facile à appréhender. La guerre 14-18 a laissé des traces sur un survivant, un artiste obsédé par une négligence lourde de conséquences. Le texte est parsemé de lignes binaires qui sèment le doute, on se demande si le personnage qui lui rend visite est réel ou le fruit de son imagination... C’est bien fait, car il entretient le mystère, laissant chacun se faire une idée sur les événements.

Je pourrais dire la même chose d’“Écho perdu” de Geneviève Blouin, mais j’ai longtemps cherché une logique dans le déroulement, tenté de nouer les fils, ce que je n’ai jamais réussi à faire. Les époques s’interpénètrent, il y a de l’idée ; malheureusement il ne me reste qu’un sentiment de frustration par manque de liant.

Meilleure nouvelle au sommaire et la plus longue : “Eau et diamant” de Derek Künsken au développement tout à fait inattendu. Dans un habitat spatial, Ling Hui et son compagnon Duyi partagent une minuscule pièce. Ling Hui aspire à plus d’espace pour fonder une famille et travaille pour gagner plus que le minimum garanti à chacun. Ses efforts sont hélas vains, car Duyi préfère ne rien faire, profitant du système qui l’y autorise, et passe égoïstement ses journées à jouer. Dans son boulot de surveillance, Ling Hui découvre de drôles d’anomalies. Ça ne semble pas grand-chose, mais elle creuse tout de même...
L’intrigue se situe à deux niveaux : un professionnel suivant sa découverte et ses conclusions, et un autre personnel, montrant les efforts que fait la jeune femme, contrebalancés par la rébellion / fainéantise de son compagnon au comportement des plus agaçants. Les trente pages défilent, car Derek Künsken nous immerge dans son univers science-fictif très bien décrit. C’est passionnant et atteint des sommets au final.

La partie Chroniques est fournie comme à l’accoutumée et une fois ce numéro 212 de « Solaris » fermé, demeurent dans les mémoires les deux articles vraiment bien menés et les textes de Denis Roditi et surtout de Derek Künsken .


Titre : Solaris
Numéro : 212
Direction littéraire : Jean Pettigrew, Pascal Raud, Daniel Sernine et Élisabeth Vonarburg
Couverture : Émilie Léger
Illustrations intérieures : Émilie Léger et Suzanne Morel
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 212
Période : automne 2019
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 0709-8863
ISBN : 9782924625484
Dimensions (en cm) : 13,2 x 20,9
Pages : 162
Prix : 13,95 $ CAD



Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
26 novembre 2019


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