“La route d’Ylion” de Laurent Dols illustre cet aspect un peu déséquilibré. Dans cette nouvelle où se juxtaposent deux univers, un marchand doit rallier la ville d’Ylion. Un inconnu lui propose d’emprunter une route sûre, permettant le franchissement sans peine d’obstacles naturels comme une rivière ou une jungle. Cependant l’intéressé, méfiant, préfère suivre un chemin plus hasardeux mais moins mystérieux. L’idée de base est excellente, mais la construction de l’histoire souffre de certaines carences, en particulier au regard du rôle et de la vraisemblance de l’inconnu qui interpelle le personnage principal.

“L’ami secret” de Xavier-Marc Fleury dépeint un univers totalitaire dominé par un ordre religieux qui ne tolère aucun écart par rapport au dogme officiel et encore moins l’existence d’êtres non soumis à ses lois. Un texte efficace, implacable même, qui m’a rappelé quelques unes des meilleures pages de « Aux armes d’Ortog » du regretté Kurt Steiner.

“Sisyphe de papier” de Ange Beuque se base sur une idée originale : une montagne de papier est érigée au fil des siècles par l’accumulation des archives d’un univers de fantasy assez procédurier. Un archiviste, doué d’un sens particulier et attaché en permanence à cette montagne est capable de retrouver un document antédiluvien enfoui au fin fond d’une galerie obscure. C’est ce qu’un visiteur va lui demander de rechercher. Un bon texte donc, mais desservi par des longueurs et une écriture qui mériterait d’être un peu plus dynamique.

“Comme un vol de frelons dans la nuit affamée” de Pierre Cuvelier aborde le thème ultra-classique de la rencontre avec une intelligence extra-terrestre sous un angle inédit, preuve qu’avec du vieux on peut toujours faire du neuf. Le côté intéressant ici est la relation décalée entre les symptômes annonciateurs de cette visite et celle-ci. Là encore des réminiscences me sont venues à l’esprit avec les pannes de réfrigérateurs de « La peur géante » de Stefan Wul et l’attaque des Torpèdes.

“Raviver la flamme” de Sébastien Godard ne m’a pas plus enthousiasmé que cela. Le thème me semble sujet à caution : on n’y croit pas. Rappelons que tout l’art d’un texte fantastique est de rendre vraisemblable quelque chose d’invraisemblable.

En dehors de Laurent Dols dont il me semble avoir déjà vu passer le nom, tous les autres contributeurs de ce numéro d’« AOC » sont pour moi de parfaits inconnus, ce qui est tout à l’honneur de cette revue qui assume ainsi pleinement son rôle de tremplin pour de futurs talents.

Titre : AOC
Numéro : 53
Directrice de la publication : Evelyne Beuzit
Rédacteur en chef : David Petit
Couverture : Elie Rigaut
Type : fanzine
Genre : Science-fiction, fantasy, fantastique
Site Internet : le club Présences d’Esprits
Période : été 2019
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 1772-3442
Dimensions (en cm) : 12,9 x 19,7
Pages : 86
Prix : 3,50 €