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Maléfices
Elsa Bordier et Sanoë
Édition Jungle

En guerre depuis des décennies, trois royaumes cherchent un moyen de se réconcilier. Au milieu des démons d’Alombrar, on trouve la principauté humaine de Brumeval qui s’inquiète de sa survie. Le roi a une solution : organiser un mariage entre ces deux royaumes. Cependant, les deux fils aînés se sont perdus en route. L’un a été hypnotisé par les sirènes sans vraiment résister tandis que l’autre a tout aussi piteusement été séduit par un trésor des nains. Désespéré le roi envoie sa fille, travestie en homme. Mais Michèle ne l’entend pas de cette oreille.



Le ton est donné dès la superbe couverture avec des arabesques dorées autour de la princesse. Une fille doit obéir. Michèle quitte donc le royaume. Cependant, elle n’est jamais sortie du château et on ne lui a pas appris à monter à cheval. Elle est contrainte de marcher mais se perd donc en forêt. Par cet élément, l’auteur montre le poids de l’éducation. « Maléfices » est le récit de l’émancipation de sa culture et du rôle contraint qu’on la force à respecter.

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Cependant, Michèle est dégourdie. Contrairement à ses « crétins de frères », elle refuse l’aide d’un renard qui parle. Perdue de nuit en forêt, elle ne panique pas mais profite d’une rencontre pour trouver chaleur, nourriture et même une amie. Suite à un quiproquo, elle raconte, sans le savoir, tout à Gorgona, la fille du roi des démons et qui est en fait sa promise. Cette dernière se cache mais lui apprend à se débrouiller dans la nature. Plutôt que de subir le mariage, elles décident d’aller chercher ses frères et les convaincre de reprendre leurs responsabilités. Les embûches ne viendront pas des monstres mais des humains qui acceptent mal son changement physique et son émancipation. Les lutins, quant à eux, sont plus que pressés de se débarrasser d’un frère fainéant et avide, tandis que les sirènes poussent vers la sortie l’autre frère coureur de queue de poisson. Ces victoires lui apportent des présents : une mèche d’or blanc offerte par les nains et une peau d’écaille indestructible par les belles amphibies.
Comme une comptine, le texte reprend une structure identique par chapitre.

L’organisation globale du récit et le style forment un conte pour enfant. Elsa Bordier et Sanoë, deux artistes rennaises, ont déjà travaillé ensemble sur La Grande Ourse chez Soleil. Sanoë est une illustratrice jeunesse qui s’est ensuite lancée dans la bd avec « Issumnboshi, le petit samouraï » chez Soleil. On peut déceler une influence manga par des formes tout en rondeur. Le bord des cases est aussi illustré comme dans des enluminures. Les couleurs pastelles et douces restent dans le ton du conte. Cependant, l’encrage presque inexistant rend donc le dessin brouillon.

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Cette histoire complète ravira les enfants en quête d’aventure fantastique. En effet, « Maléfices » rappelle des contes de Grimm ou Perrault de notre enfance mais Elsa Bordier donne une vision féministe des héroïnes. Sans rien révéler, la fin surprenante est dans le ton du conte avec une résolution miraculeuse.


Maléfices
- Scénario : Elsa Bordier
- Dessin : Sanoë
- Editeur : éditions Jungle
- Pagination : 72 pages
- Format : 21,3 x 28,6 cm
- Date de parution : 25 Septembre 2019
- Numéro ISBN : 9782822226042
- Prix Public : 14,95€


Illustrations © Sanoë / éditions Jungle



Corentin Grebert
2 novembre 2019




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