Sur Tanghor, les êtres qui naissent sous l’influence de la double-lune reçoivent des pouvoirs. Facilement reconnaissables par leurs cheveux ou leurs bec bleus, ces animaux anthropomorphes sont une chance ou une malédiction pour leur famille. Ralph Azham a bien changé depuis douze tomes, il est devenu le chef d’une forteresse. Être si puissant serait le rêve de beaucoup sur cette planète médiévale mais Ralph a le blues.
Dans le tome précédent, son père a été empoisonné et Ralph a vu progressivement ses proches le quitter : sa sœur tout d’abord, qui le croyait coupable de parricide puis son meilleur ami qui refusait la destruction de sa religion. On comprend aussi la haine de Ralph envers le Roi qui a voulu vendre sa mère. Très touché par la perte de ses parents, Ralph garde son père sous la forme d’un fantôme.
Dans ce 12e tome, notre antihéros cherche à se maintenir au pouvoir face au Roi. Xenophon, une femme sage de 5000 ans lui apporte son aide et son expérience. Pour elle, la magie n’est pas une aide mais un problème, elle propose à Ralph une pierre d’oubli.
Alors que la série avait commencé comme un récit de conquête, Ralph se désintéresse progressivement du pouvoir qui ne permet pas de changer les choses. Il accepte l’exécution d’un assassin comme s’il décidait de la couleur d’une tapisserie. Ralph ne veut pas aller au conseil et songe même à abandonner son pouvoir. Même l’amour est risqué. Sa pire ennemie amoureuse de lui est devenue une alliée. Tilda, plus idéaliste, pense qu’on peut créer la démocratie. Ralph la trouve trop différente et cela ne l’arrange pas du tout de vivre avec quelqu’un dont le pouvoir explosif se déclenche à la moindre saute d’humeur. Dépressif, il ne croit en rien et ne sait pas ce qu’il veut. Cela pourrait être sinistre mais par le talent du scénariste c’est drôle et émouvant.
Comme chez Woody Allen, le héros est un homme désabusé.
Trondheim réussit très bien à ajouter à ces aventures fantastiques un humour à froid. On ne se tord pas de rire mais on sourit souvent. Le scénariste se libère parfois du récit avec des blague sans lien avec le scénario comme lorsque Ralph perd son pantalon pendant une fuite.
Ce dernier volume de la saga conserve un ton drôle tout en présentant une vision désabusée de la politique. Le récit progresse jusqu’au combat final entre le roi et Ralph aidé de ses alliés. Mais Ralph veut-il vraiment le gagner ?
(T12) Lâcher prise
Série : Ralph Azham
Scénario, dessin : Lewis Trondheim
Couleur : Brigitte Findakly
Éditeur : Dupuis
Collection : Dupuis « Tous Publics »
Parution : 16 août 2019
Pagination : 48 pages couleurs
Format : 30 x 21,8 CM
Numéro ISBN : 9791034736874
Prix public : 12,50€
À lire également sur la Yozone :
Ralph Azham (T1) Est-ce qu’on ment aux gens qu’on aime ?
Illustrations © Trondheim / Dupuis
