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Cosmologie de monstres (Une)
Shaun Hamill
Albin Michel Imaginaire, roman traduit de l’anglais (États-Unis), Fantastique, 410 pages, octobre 2019, 24€

En quatrième de couverture, pas de résumé mais un avis fort élogieux de Stephen King. Même s’il évoque l’histoire, il n’en dévoile pas grand-chose, aussi la surprise n’en est elle que plus grande. Pour son premier roman, il suffit d’une phrase à Shaun Hamill pour ferrer le lecteur. Jugez-en plutôt : « Je me suis mis à collectionner les lettres de suicide de ma sœur Eunice à l’âge de sept ans. » Cet aveu sobre et choc annonce la couleur : « Une cosmologie de monstres » n’est pas de ces livres dont on sort indemne...



Loin de n’être qu’un feu de paille, cette entame tient toutes ses promesses. Noah Turner raconte son histoire, la démarrant bien avant sa naissance avec la rencontre de ses deux parents. Sa naissance a coïncidé de peu avec le décès de son paternel. Il a grandi aux côtés de sa mère Margaret et ses deux sœurs Sydney et Eunice, mais aussi d’un ami qu’il était le seul à voir et qui lui a ouvert les portes d’un monde inconnu.

Shaun Hamill déchire le voile du réel, le fantastique teinté d’horreur s’installe petit à petit, il pointe son nez sous la forme d’une créature qui se manifeste à Noah (scritch, scritch font ses ongles sur la vitre de la fenêtre) et qu’il est difficile de cerner. Bonne ou mauvaise ? Et encore si ce pouvait être aussi simple, mais ici rien n’est noir ou blanc, le gris est de mise. Chacun possède des secrets, abrite sa part de fragilité. Les Turner se sont lancés dans le concept des maison hantées, une affaire de famille où chacun peut se cacher soit derrière un déguisement, soit derrière une machine à écrire... comme s’ils cherchaient tous à fuir quelque chose. L’ambiance est lourde, menaçante et Shaun Hamill nous promène comme le font les Turner dans leur attraction.
L’ombre de Lovecraft plane sur ce livre, mais l’auteur use de cette influence avec brio. Il n’écrit pas à la manière de ou inspiré par, il trace sa propre voie avec une présence qui rôde, insidieuse. Il donne une tangibilité à sa création, il la rend palpable comme si certains étaient capables de voir au-delà des apparences, discerner l’invisible, ce qui en ferait des élus... ou des maudits, a frontière entre les deux étant mince.

Plutôt que par la main, « Une cosmologie de monstres » prend le lecteur par la peau du cou et l’entraîne dans celle d’un petit garçon qui a grandi en voyant un monstre comme son ami... et bien plus. Son regard fait montre de naïveté, mais aussi d’une forme d’innocence capable de tourner des situations à son avantage. Finalement on ne sait jamais à quoi s’attendre, ce qui est une des grandes forces de ce roman. Avec les années la tension monte crescendo au fur et à mesure que l’autre côté apparaît et jusqu’à la fin, le suspense demeure intact. La conclusion s’avère à la hauteur, Shaun Hamill a parfaitement tenu la distance, sans que le récit ne s’essouffle.
Pour un premier roman, il s’agit d’un coup de maître. Le style est maîtrisé, sobre comme l’écrit Stephen King et l’histoire de toute beauté.

Une fois achevé, il n’est pas inutile de prendre un temps pour redescendre, pour quitter les sommets atteints avec l’envie d’y remonter pour revivre de telles émotions littéraires.

Si une nuit, vous entendez quelque chose gratter à votre fenêtre, espérez que ce n’est que votre chat...


Titre : Une cosmologie de monstres (A Cosmology of Monsters, 2019)
Auteur : Shaun Hamill
Illustration de couverture : Aurélien Police
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Benoît Domis
Éditeur : Albin Michel
Collection : Albin Michel Imaginaire
Directeur de collection : Gilles Dumay
Sites Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 410
Format (en cm) : 14 x 20,5
Dépôt légal : octobre 2019
ISBN : 9782226439048
Prix : 24 €


Autres livres de la collection sur la Yozone :
- « Mage de bataille, tome 1 » de Peter A. Flannery
- « American Elsewhere » de Robert Jackson Bennett
- « Les étoiles sont légion » de Kameron Hurley
- « La cité de l’orque » de Sam J. Miller
- « Terminus » de Tom Sweterlitsch
- « Le chant mortel du soleil » de Franck Ferric

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[email protected]


François Schnebelen
25 septembre 2019


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