Après « Plutôt crever » (2002) et « La jambe gauche de Joe Strummer » (2007), Mc Cash revient sur le devant de la scène. Une scène qu’il occupe à lui seul, tant il impose par sa présence. Ce colosse ne passe pas inaperçu, d’autant qu’il arbore un bandeau pour cacher sa prothèse oculaire, un vrai tabou qu’il ne montre jamais. Quand il s’est su père, il a quitté la police, décision appuyée par son œil malade. Il sait qu’il n’en a plus pour longtemps, qu’il offre sûrement à Alice ses premières et dernières vacances ensemble.
Mc Cash ne fait rien à moitié, il roule en Jaguar, claque un fric qu’il n’a pas et, quand il suit une piste, il le fait à la manière d’un sanglier, droit devant, sans vraiment réfléchir aux conséquences. Ce personnage magnifique marque les esprits, il a beau se protéger d’une cuirasse, il n’en reste pas moins ouvert aux sentiments : Alice, Angélique, Marco, trois noms qui l’obligent à faire front.
Le lecteur qui entame « Plus jamais seul » est très loin d’imaginer jusqu’où le roman va l’amener. Il serait d’ailleurs dommage d’en donner ici les grandes ligne, car le voyage promet d’être palpitant. Caryl Férey s’empare d’un sujet d’actualité, la crise des migrants, et envoie Mc Cash au milieu d’un panier de requins. L’écrivain, voyageur et scénariste, en profite pour éreinter la politique européenne, quelques pays au passage, et désigner les failles d’un système qui ne fonctionne pas et oublie le facteur humain. À la manière d’un bulldozer, Mc Cash fonce, n’obéissant qu’à ses convictions et à ce que lui dicte son cœur. Il obéirait à sa raison, qu’il ne se lancerait pas dans une telle tentative désespérée et, au premier abord, vouée à l’échec. Personnage magnifique jusqu’au bout... Et ce n’est pas le seul à se dresser face à l’injustice, il trouve même un compagnon d’infortune.
Caryl Férey a du style, il a vraiment le sens de la formule et ça fait toujours mouche. « Plus jamais seul » est un roman percutant, fort et qui ne fait pas dans la demi-mesure. L’intrigue bien imaginée et bien amenée happe le lecteur et l’attire immanquablement dans ses mailles. L’action se situe au premier-plan, mais sans jamais cacher les grands sentiments animant Mc Cash, même s’ils sont égoïstes, car il pense avant tout à ses propres intérêts.
Par sa démesure, Mc Cash représente un personnage qui hantera notre imaginaire. « Plus jamais seul » dispose là du parfait vecteur pour frissonner dans son sillage parsemé de nombreuses victimes.
Un polar rythmé, musclé, passionnant et, ce qui ne gâche rien, intelligent par la dénonciation de la gestion des migrants.
À ne surtout pas manquer !
Titre : Plus jamais seul
Auteur : Caryl Férey
Couverture : D’après photo © Shauni / Getty Images.
Éditeur : Gallimard (1ère édition française : Gallimard Série Noire, 2018)
Collection : Folio Policier
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 318
Format (en cm) : 10,9 x 17,8
Dépôt légal : avril 2019
ISBN : 9782072840883
Prix : 7,40 €
Caryl Férey sur la Yozone :
Les nuits de San Francisco
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