Des idées, de l’action, des personnages, un sens certain de la mise en page, un graphisme plutôt original bien que cherchant encore sa trace, l’univers de la BD accouche parfois d’un premier tome d’une série, prometteuse de beaux lendemains.
Sans contestation possible, tel est le cas de « Omnopolis » du tandem Lainé (scénario)-Geyser (dessin) et de ce « Cercles Concentriques » ouvrant les yeux des lecteurs sur un imaginaire inédit (à défaut d’être franchement révolutionnaire).
Un bon récit de SF pure, basculant d’un cadre hyper technologique et industrialisé (notre monde en pire !) vers une société tout aussi évoluée mais aux fondations plus « fantasy » (châteaux et villes étranges, animaux bizarres et moyens de locomotions à quatre pattes).
Lainé et Geyser ont incontestablement pris du plaisir sur cet ouvrage, livrant avec une belle absence de retenue quelques pages en surchauffe graphique (pour le fun !).
Mêmes sentiments en ce qui concerne la mise en page énergique, visiblement destinée à nous décoller la pulpe avec des cadrages virevoltants, sans cesse changeants.
Tonnerre de Brest ! On ne s’ennuie pas là-dedans ! Du rythme, des calvacades et des cascades en veux-tu en voilà, l’ambiance est très vite remplie de bruits et de fureur. Pourtant, pas une fois on ne fatigue à la lecture.
Il est vrai qu’un scénario logique et un graphisme d’inspiration très “Manga-Comics” (traits des visages et gestuelles des corps volontairement forcés) s’additionnent fort bien. L’état d’esprit est fun et réjouissant.
On apprécie aussi la présence d’une amazone brune, agitateuse de colts SF aux mires bien réglées. La belle est dotée d’attributs plutôt généreux et d’un charme mélancolique qui suggère d’étranges révélations futures.
Le contrepoint est habile et équilibre plutôt intelligemment la présence plus naïve de Charlie Chevrolet, un jeune inventeur gentil et sympa qu’il ne faut pas pousser à bout non plus (cf. pages 35 à 37).
Beaucoup de second degré et d’humour dans ce récit dont on conseille la lecture avec un bon CD des Ramones en fond sonore, mais attention, le coefficient de sympathie que dégage ce premier opus sera à la hauteur des espoirs que l’on place dans cette série. Il va falloir chosir les pistes à explorer (sérieuses et SF, plus détendues et humoristiques ou carrément inédites) car sinon, nous n’aurions eu qu’un bel exercice de style.
« Omnopolis, Cercles Concentriques », on adhère déjà avec grand plaisir au propos et on ne demande qu’à poursuivre l’aventure.
Stéphane Pons
Vendredi 2 juin 2006
UNE AUTRE CRITIQUE
Les prémices menées plein pot d’une aventure de science-fantasy qui réunira les amateurs de comics, de manga et de franco-belge. Un tome 1 bien sûr, mais qui assure.
Dans un futur plus ou moins proche, Charlie Chevrolet, étudiant en Propulsion dimensionnelle quantique à l’Université Parisienne, croit se rendre tranquillement en cours auprès de son professeur Denis Lamquet. Mais arrivé au laboratoire, Charlie assiste à la destruction du prototype sur lequel il travaillait avec son prof et surtout à la prise en otage de ce dernier.
Alors une mystérieuse inconnue à la gâchette facile les sort de ce guet-apens. Commence pour les deux hommes une course-poursuite infernale…
Et pour les amateurs de course-poursuite, le plat est servi chaud et avec du rab’ ! Car ce premier album de trois du premier cycle (une habitude pour les éditions Bamboo qui indiquent les choses dans l’angle en bas à gauche de la couverture, au moins on est fixé) est mené à cent à l’heure.
Entre deux coups de flingues, une poursuite en voiture volante, des coups de poings distribués dans tous les sens, on a le droit à quelques pistes données du bout des crayons sur le pourquoi du comment mais la priorité est vraiment « action, action et action ».
Les personnages sont assez stéréotypés pour que l’on sache à qui s’identifier en terme de héros, mais aussi en terme de méchant. A partir de là, hop, prenez place dans la nacelle et c’est parti pour du roller coaster au petits oignons. Pour le fond , on devine l’affaire de gros sous qui se dissimule derrière les balles distribuées sans compter. Et on sait que l’on se trouve dans un univers plutôt fantasy que SF avec des lois de la physique qui volent en éclat et la présence de monstres et de machines plus dingues les unes que les autres. Bref, du grand spectacle.
J’étais intrigué par le graphisme de Geyser, véritable melting-pot de comics, manga et franco-belge, mais en page 28, il donne les clés de ses inspirations avec en tête la BD « Sillage ». A partir de là, l’évidence des influences saute aux yeux. Mais attention, Geyser maîtrise son trait et aime les couleurs. On a donc un superbe travail qui mêle graphisme dynamique et scénario mené tambour battant.
Les amateurs de grosses machines qui avancent à grands coups de pompes vont adorer. Pour ma part, il me manquait juste quelques moments de répit pour peut-être en savoir un peu plus sur les dessous de l’affaire et cerner les personnages un peu plus en profondeur. Mais là encore, à voir dans le tome 2.
Michael Espinosa
Mercredi 5 mars 2008
Cercles Concentriques
Série : Omnopolis (T1)
Dessin : Geyser
Scénario : Jean-Marc Lainé
Collection : Angle Fantasy
Éditeur : Bamboo Édition 116, rue des Jonchères, BP 3, 71012 Charnay-Les-Mâcon Cedex
Site internet BD : Omnopolis
Pages : 48 (couleurs)
Format (en cm) : 24 x 1 x 32
Dépôt légal : janvier 2006
Code Hachette : 5803911
EAN : 9782915309874
ISBN : 2-91530-987-6
Prix : 12,90 €
Omnopolis (T2) : Bibliothèque Infinie
Omnopolis (T3) : Vieille Cicatrice
© Illustrations et couvertures : Geyser & Jean-Marc Lainé - Bamboo Éditions, Angle Fantasy, 2006.
