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Waldo
Robert A. Heinlein
Le Bélial’, Une Heure-Lumière, n°19, court roman traduit de l’anglais (États-Unis), Science-fiction, 160 pages, juin 2019, 10,90€

Des moteurs deKalb de la North Am tombent inexplicablement en panne. Ils semblent pourtant en parfait état, les ingénieurs de la firme ne comprennent pas ce qui cloche. L’approvisionnement en énergie de grandes villes dépend justement de cette technologie.
En désespoir de cause, James Stevens n’entrevoit qu’une seule solution : contacter Waldo. Ce génie atteint d’une maladie neuromusculaire grave a dès son plus jeune âge inventé des appareils pour l’aider dans sa vie de tous les jours, mais il a rejeté les humains et vit reclus dans une station spatiale. Alors comment le convaincre de les aider, d’autant qu’il a une dent contre la North Am ?



Ce dix-neuvième numéro de l’excellente collection Une Heure-lumière nous offre un inédit de Robert Anson Heinlein. Rien de moins ! « Double étoile », « Étoiles, garde-à-vous ! » « En terre étrangère », « Révolte sur la Lune », quatre romans ayant remporté le Prix Hugo, auxquels il faut, entre autres, ajouter « Une porte sur l’été » et sa formidable « Histoire du Futur ». Autant de titres marquants, de livres qui ont fait rêver des générations de lecteurs et, pour ma part, m’ont fait aimer la SF.
Alors Robert Heinlein, voilà qui s’annonce bien.

La première version de « Waldo » remonte à 1942, puis il a été repris en 1950. Comme il contient une bonne dose de thèses scientifiques, cet aspect apparait bien sûr daté, mais il n’en souffre pas. Les personnages et la résolution du problème prennent le dessus.
Du fait de sa constitution très fragile, Waldo a toujours vécu en marge. Il a dû se débrouiller seul pour améliorer son quotidien, ne trouvant dans les autres que peu d’aide, ce qui a déterminé son caractère irascible, peu enclin à la clémence envers l’humanité en général. La gravité lui étant insupportable, il s’est construit une station orbitale où il vit seul en apesanteur, poursuivant ses recherches. Pas facile de persuader quelqu’un de la sorte de venir au secours de ses congénères. Une des deux parties doit se mettre au niveau de l’autre !
Les pannes servent finalement de prétexte à cette rencontre entre Stevens et Waldo, et à d’autres, comme celle avec papi Schneider qui voit le monde d’une autre manière. La bonne ? Au contact d’autrui, Waldo évolue... ce qui donne tout l’intérêt de ce récit. Son regard change, il est obligé de penser différemment, de s’ouvrir aux autres.
Le début de « Waldo » bien mystérieux ne trouve son explication qu’en conclusion de l’ouvrage. Quel chemin parcouru !

Malgré une écriture loin d’emporter l’adhésion, l’imaginaire de Robert A. Heinlein s’avère toujours plaisant et il est facile de s’abandonner à ses écrits, ce qui permet d’en apprécier le cheminement. En effet, le problème initial ne préfigure en rien du futur de Waldo. On imagine la foire d’empoigne, la solution scientifique brillante, alors qu’il n’en est rien. C’est bien plus subtil et bien plus porté sur le bénéfice que peut en tirer l’être humain. Heinlein n’est pas sans alerter sur les dangers d’une science non maîtrisée, pour laquelle le facteur humain n’est pas pris en compte. Le progrès galopant ne doit pas aller à l’encontre du bien être de l’homme, cette thématique se dégage en arrière-plan et en cela, son discours est toujours d’actualité.

Une Heure-Lumière accueille dans sa collection un inédit d’un des plus grands noms de la science-fiction environ 70 ans après sa rédaction. Servi par un personnage évoluant au fil des pages, « Waldo » ne souffre pas de la comparaison avec les autres courts romans bien plus récents. À sa lecture, il est aisé de comprendre pourquoi Robert A. Heinlein est considéré, à juste titre, comme un écrivain majeur de la SF.
Lisez « Waldo », lisez du Robert Heinlein. C’est du tout bon !


Titre : Waldo
Auteur : Robert A. Heinlein
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Pierre-Paul Durastanti
Couverture et conception graphique : Aurélien Police
Éditeur : Le Bélial’
Collection : Une Heure-Lumière
Numérotation dans la collection : 19
Directeur de collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 160
Format (en cm) : 12 x 18
Dépôt légal : juin 2019
ISBN : 9782843449529
Prix : 10,90 €


Autres titres de la collection
- 1. « Dragon » de Thomas Day
- 2. « Le nexus du Docteur Erdmann » de Nancy Kress
- 3. « Cookie Monster » de Vernor Vinge
- 4. « Le choix » de Paul J. McAuley
- 5. « Un pont sur la brume » de Kij Johnson
- 6. « L’homme qui mit fin à l’histoire » de Ken Liu
- 7. « Cérès et Vesta » de Greg Egan
- 8. « Poumon vert » de Ian R. MacLeod
- 9. « Le regard » de Ken Liu
- 10. « 24 vues du mont Fuji, par Hokusai » de Roger Zelazny
- 11. « Le sultan des nuages » de Geoffrey A. Landis
- 12. « Issa Elohim » de Laurent Kloetzer
- 13. « La ballade de Black Tom » de Victor LaValle
- 14. « Le fini des mers » de Gardner Dozois
- 15. « Les attracteurs de Rose Street » de Lucius Shepard
- 16. « Retour sur Titan » de Stephen Baxter
- 17. « Helstrid » de Christian Léourier
- 18. « Les meurtres de Molly Southbourne » de Tade Thompson


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
27 juin 2019


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