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Avis de décès
Zhou Haohui
Sonatine, thriller, traduit à partir de la version anglaise, 352 pages, juin 2019, 21 €

À Chengdu en octobre 2002, le meurtre du policier Zheng Haoming remet à l’ordre du jour une vieille affaire. Ce dernier avait-il trouvé matière à élucider le mystère ? L’unité 4/18 à laquelle il appartenait est réactivée. Elle comprend notamment le capitaine Pei Tao de Longzhou, interrogé en 1984, d’autant que c’est lui qui a trouvé la dépouille de Haoming et qu’il a reçu une lettre annonçant que tout allait recommencer.
Euménide est de retour et il compte bien administrer la justice à sa façon !



Chengdu qui compte plus de 18 millions d’habitants est le siège de cette trilogie débutant par « Avis de décès ». Euménide n’agit pas dans l’ombre, il annonce à ses victimes qu’elles vont mourir et pourquoi. Les gens peuvent même s’exprimer sur un forum Internet pour désigner qui mérite cette sanction extrême. Il agit en tant que justicier. Les mailles de son filet sont beaucoup plus resserrées que celles de la justice, on ne passe pas à travers.
Sa première apparition date de 1984 et, après plusieurs assassinats qui ont touché, entre autres, Pei Tao, il a disparu de la circulation avant de refaire son apparition fin 2002. Pourquoi maintenant ? Pourquoi ce long silence ?
L’identité d’Euménide s’avère fuyante, elle reste une énigme tout du long. Même si plusieurs faits trouvent explication, ils n’éclairent en rien qui est Euménide. Ce dernier défie la police, il montre toute son ingéniosité à tuer à la vue de tous sans être pris. Grand manipulateur, car sachant beaucoup de choses sur chacun, il peut aussi agir à distance.
« Avis de décès » ressemble par moments à un jeu de piste macabre. Le résultat est connu, car annoncé par avance, mais la manière d’y parvenir défie l’imagination et en constitue tout l’intérêt. L’unité 4/18 affiche des dissensions, des faiblesses qu’Euménide exploite. Par exemple, Pei Tao n’y est que pour mieux être surveillé par la psy Mu. L’équipe s’apparente à une somme d’individualités, la plupart des membres se soupçonnant entre eux et creusant de leur côté.

« Avis de décès » se révèle subtil, sa mécanique est diabolique, car chacun se demande comment Euménide va parvenir à ses fins. Zhou Haohui sait comment tenir les lecteurs en haleine, même s’il n’est pas toujours évident de suivre. Cette caractéristique sert justement sa volonté de ne quasi rien révéler sur Euménide qui hante le roman, sans jamais apparaître au premier-plan. La référence à « Usual Suspects » n’est pas galvaudée. On sait qu’il existe, mais pas beaucoup plus.
La tension ne retombe jamais et l’auteur joue aussi sur l’ambiguïté de cette justice aveugle c’est-à-dire que les victimes ne sont jamais innocentes, elles ont toujours commis des actes plus ou moins répréhensibles. Toutefois, la sanction assenée est toujours la même, extrême, sans retour en arrière possible. Être choisi signifie la mort. Pas de sentimentalisme, il frappe sans pitié, ce qui n’est en aucun cas pardonnable.

Zhou Haohui livre un premier tome bien ficelé, intriguant tout du long, malsain par bien des côtés. À travers le personnage fuyant d’Euménide, il joue avec les lecteurs. Bien des pièces maîtresses tombent au long d’« Avis de décès », mais la partie se poursuit et promet d’être intéressante et surprenante jusqu’au bout.

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Titre : Avis de décès (Si wang tong zhi dan : an hei zhe, 2014)
Auteur : Zhou Haihui
Traduction à partir de la version anglaise : Hubert Tézenas
Éditeur : Sonatine
Site Internet : Roman
Pages : 352
Format (en cm) : 14 x 20
Dépôt légal : juin 2019
ISBN : 9782355847516
Prix : 21 €


Les éditions Sonatine sur la Yozone :

- « Les Sept morts d’Evelyn Hardcastle » de Stuart Turton
- « Carnets cladestins » de Nicolas Giacobone


François Schnebelen
23 juin 2019


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