« Je n’existe plus » part d’une bonne idée : l’expérience s’avère invasive et altère le passé d’Armance. L’observation modifie le cours du temps, ses lointains ancêtres ne se rencontrent plus, n’ont donc pas d’enfants et Armance n’a donc plus lieu d’exister. L’histoire part de ce postulat, lorgnant du côté de la mécanique quantique avec l’influence de l’observateur.
Comme Al et Armance possèdent tout le matériel qu’il faut pour voyager à travers l’espace-temps, ils peuvent donc se rendre sur place pour renouer les fils de ce passé effacé. Béatrice Bottet se sert de l’arsenal science-fictif pour dérouler ce roman, sans chercher à l’expliquer. Le voyage à travers le temps existe et, même mieux, car il n’est pas restreint par l’espace, ce qui permet de partir de Noriange pour se rendre sur Terre en 1686. De plus, les deux utilisent tout un ensemble bien commode d’outils facilitant les transformations et autres besoins pour parvenir à leur fin.
C’est là que « Je n’existe plus » s’inscrit nettement dans le cadre jeunesse, car un lecteur un tant soit peu amateur de science-fiction tiquera à de nombreuses reprises pour cause de facilités (par exemple, quelle est l’utilité de la suite de lettres derrière les noms ?) ou encore d’invraisemblances (quelqu’un qui frappe à la porte de leur spationef en panne sur le chemin d’un convoi en plein espace).
L’auteure insuffle du rythme à son récit, de la tension aussi car Armance perd sa réalité, même si l’on peut s’interroger sur le fait que physiquement elle soit toujours présente. Bien sûr, rien n’est facile, une lignée remontant à un prince éveille les jalousies et ils sont quelques uns à leur mettre les bâtons dans les roues.
Une fois parvenus à destination, ils n’éprouvent aucun problème à s’insérer dans la société, ce qui est bien commode, et au fur et à mesure du déroulement de leur mission, le lecteur comprend et devine ce qui va suivre. En effet, Béatrice Bottet a soigné les détails pour parvenir à raccrocher le fil des événements à un célèbre conte. C’est bien vu, mais en usant de ce procédé, la fin se révèle sans surprises, ce qui est un peu dommage. Elle a désiré donner une légitimité à ce conte en racontant les faits tels qu’ils se seraient passés.
« Je n’existe plus » est à réserver à de jeunes adolescents qui apprécieront le dépaysement offert par la science-fiction. Ils prendront plaisir à suivre les aventures des deux jeunes héros soudés par une belle complicité, qui ne manquent pas de ressources et affrontent courageusement l’adversité. En plus, ils pourront se raccrocher à quelque chose de connu en conclusion.
Les adultes préféreront les ouvrages de Béatrice Bottet consacrés à la dame en rouge. L’auteure se révèle bien plus à l’aise dans cette veine historique mâtinée de fantastique que dans la science-fiction dont elle n’utilise que les grandes lignes.
Titre : Je n’existe plus
Auteur : Béatrice Bottet
Couverture : Camille Benyamina
Éditeur : Scrineo
Collection : Jeunesse
Site Internet : fiche du roman
Pages : 256
Format (en cm) : 20,9 x 13,5
Dépôt légal : avril 2019
ISBN : 9782367406640
Prix : 12,90 €
Autres romans de Béatrice Bottet :
« Le secret de la dame en rouge »
« La dame en rouge règle ses comptes »
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