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Plop
Rafael Pinedo
Gallimard, Folio SF, n°630, roman traduit de l’espagnol (Argentine), science-fiction, 178 pages, mars 2019, 6,20€

Attachée à un chariot, marchant et trainée à la fois, sa mère ne s’est même pas rendue compte qu’elle le mettait au monde. Plop a entendu la vieille qui marchait juste derrière. Elle a recueilli le nourrisson, l’a autorisé à grandir sur une terre dévastée où le Groupe se déplace sous la pluie, dans la boue, au milieu des ruines d’un temps révolu.
Plop aspire à mieux, il veut s’élever au sein du Groupe...



Du nom de ce bébé tombé dans la boue et appelé à prendre de la hauteur, « Plop » se déroule dans un contexte particulièrement déprimant. Pluies incessantes, déambulations au milieu des immondices, de la fange... c’est marche ou crève. Ceux qui ne peuvent suivre servent à nourrir les cochons, entre autres traitements de faveur propres à donner le frisson.
Le Groupe se déplace souvent, tentant de survivre à tout prix dans un milieu impitoyable. Il possède ses propres règles qu’il ne faut surtout pas contrevenir, une hiérarchie où les mérites de chacun sont reconnus à la section où ils sont affectés. Pas de pitié dans ce monde cruel qui ne tolère pas la faiblesse.
Conditionné par la vieille qui posséde un certain pouvoir sur les autres, Plop a de l’ambition. La chance aidant et ne reculant devant aucune bassesse, Plop monte dans l’organigramme du Groupe et devient quelqu’un d’important. Mais personne n’est au-dessus des tabous.

Rafael Pinedo nous plonge la tête dans la boue, dans la fange qui, dans un bruit de succion, nous happe et ne nous laisse sortir qu’à la fin du chemin au milieu d’une terre en déliquescence. La civilisation n’existe plus, l’homme a creusé sa propre fosse d’aisance au milieu de laquelle il se débat, sans espoir d’en sortir. Chacun ne pense qu’à lui, à la survie immédiate. Plop ne déroge pas à ce constat, voyant juste un peu plus loin, mais ce ne sont pas les bons sentiments qui l’animent. Il n’inspire pas l’empathie, ni la pitié malgré les circonstances de sa naissance. Il n’est que le fruit d’une époque implacable où il faut être fort pour voir le lendemain.

Fascinant par bien des points, sans concessions dans l’ensemble, « Plop » laisse un drôle de sentiment. Son histoire exacerbe nos travers, montre jusqu’où ils peuvent nous entraîner. Une fois lu d’une traite, ce court roman laisse enfin le lecteur reprendre son souffle et ne plus baigner dans une atmosphère putride.
Cruel, extrême et impitoyable, « Plop » de Rafael Pinedo possède un attrait indéniable, sa différence et son parti pris malsain en font justement toute la force.
Un récit qui en surprendra plus d’un !


Titre : Plop (Plop, 2007)
Auteur : Rafael Pinedo
Traduction de l’espagnol (Argentine) : Denis Amutio
Couverture : Georges Clarenko
Éditeur : Gallimard (1ère édition française : Éditions de l’Arbre Vengeur, 2010)
Collection : Folio SF
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 178
Format (en cm) : 10,9 x 17,8
Dépôt légal : mars 2019
ISBN : 9782072802171
Prix : 6,20 €


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
3 mai 2019


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