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Royaume Blessé (Le), tome 2 : Le Sang des Assassins
RJ Barker
Bragelonne, Fantasy, roman (Grande-Bretagne), fantasy, 400 pages, janvier 2019, 25€

Girton et sa maîtresse Merela ont fui, le Cercle, les bouleversements qu’ils ont provoqués à Maniyadoc. Cinq années se sont écoulées, cinq ans coupés du monde et de la magie, grâce à la Laisse du Gardien.
Mais Merela est empoisonnée lors d’une embuscade. Girton retourne dans le royaume, tombe sur le camp d’Ayor. Le garçon brutal a changé, même si Girton refuse d’y croise. Le conflit de succession fait rage, et Aydor lui propose d’être son émissaire chez Rufra. En plus de son allégeance, Aydor offre une information : il y a un espion dans l’entourage de Rufra. Mais ne veut-il pas juste instiller le poison du doute et de la méfiance ?
Inquiet pour le sort de sa maîtresse, Girton accepte d’enquêter pour son ami, de démasquer le traître si traître il y a.



Ne vous fiez pas à la magnifique couverture de Benjamin Carré, encore hors-sujet. Pour la seconde fois, RJ Barker prend le thème de l’assassin à contre-pied, en faisant endosser à son héros le rôle de l’enquêteur, du contre-assassin. Au lieu de chercher la faille pour s’y glisser, il doit suspecter tout le monde. Et dans ce temps de guerre, les alliances fragiles ne manquent pas. Rufra est l’image même du (futur) roi bon et généreux, et cette naïveté, cette trop grande foi en son prochain pourrait être sa perte. Girton s’affiche comme son exact opposé, incapable d’accorder sa confiance à qui que ce soit.

Si l’adolescent est devenu un jeune homme, les épreuves n’ont pas fini de tremper son âme. Au compte-gouttes, on découvrira en quoi ont consisté ses 5 années d’errance, et les cicatrices qu’elles ont laissées. Résolu à se couper de la magie suite aux événements dramatiques du tome précédent, il va en ressentir l’appel lancinant, un côté obscur prompt à se saisir de la moindre de ses faiblesses. Et entre sa peur de perdre sa maîtresse, à cause du poison ou du soigneur envoyé par Aydor, qui noue avec Merela un étrange lien, et ses craintes d’échouer à sauver Rufra... ses propres failles sont nombreuses. Encore impulsif, il se laissera aveugler par sa colère et sa haine, et provoquera dans son enquête plus de mal que de bien.

Dans un royaume marqué au fer par la magie et les dieux morts, Rufra propose de réconcilier les hommes en abolissant les castes. Un réformisme qui n’est pas du goût de tous, notamment de la noblesse, mais qui lui vaut le soutien populaire. Girton constatera combien ces positions, chères à son ami, le contraignent à des compromis avec les factions dont il a besoin pour l’emporter. Autant de suspects supplémentaires.

Le meurtre d’un prêtre de Xus, fanatique dont Rufra n’a pas su canaliser la virulence, rajoute de l’huile sur le feu. Persuadé que le crime est l’oeuvre de l’espion, Girton creuse dans cette voie, s’attirant à son grand déplaisir les bonnes grâces des croyants. Tout comme ses exploits militaires le propulsent Champion de Rufra. Poussé en pleine lumière, l’assassin est mal à l’aise.
Malgré leur statut respectif, Girton et Rufra restent deux amis sincères sur lesquels pèsent de bien lourdes charges. C’est cette amitié qui leur permettra à tous les deux de dépasser leurs blessures.

Il y a énormément de choses dans les 400 pages du « Sang des assassins » : des complots, des batailles, de la trahison, du sang et des larmes, des frissons de peur et de joie. Comme Girton, on a la sensation de ne jamais avoir le loisir de se reposer, d’arrêter de penser. Le fond évoque le racisme, les violences faites aux femmes, le fanatisme religieux. Plus intimement, la peur du changement, la perte du lien filial, la mort d’un enfant. Le refus de céder, d’abandonner, de s’abandonner, face à l’inévitable.
C’est un temps de changement, de bouleversement, de dépassement.
Tout est intriqué, rien n’est innocent, mais tout arrive en même temps, la guerre, la mort. La bataille finale, et son ultime (et un peu prévisible) rebondissement, sonnent comme un repos bien mérité, un cadeau après toutes ces souffrances endurées.

Une bonne claque comme celle de « l’Ange de la Nuit » de Brent Weeks il y a 10 ans ! Et à n’en pas douter, la saga de fantasy anglo-saxonne à suivre chez Bragelonne en cette fin de décennie, tant elle prend à contre-pied son thème et nous plonge en plein brouillard dans un univers captivant.


Titre : Le Sang des assassins
Série : Le royaume blessé, tome 2
Auteur : RJ Barker
Traduction de l’anglais (G-B) : Nenad Savic
Couverture : Benjamin Carré
Éditeur : Bragelonne
Collection : Fantasy
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 400
Format (en cm) : 23,5 x 15 x 3
Dépôt légal : janvier 2019
ISBN : 9791028104870
Prix : 25 €


Le Royaume Blessé :
L’âge des Assassins
Le Sang des Assassins
Le Roi des Assassins


Nicolas Soffray
23 avril 2019


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