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Alex Verus, tome 1 : Destinée
Benedict Jacka
Anne Carrière, roman traduit de l’anglais (GB), fantastique, 370 pages, juin 2018, 20€

Alex Verus est un devin. Mais son apprentissage auprès d’un Mage de l’Ombre s’est... mal fini, et il vit aujourd’hui en marge de la communauté des mages, tenant une boutique à Camden. Luna, une jeune fille sensible à la magie, et héritière d’une malédiction qui la prive de tout rapport social, lui dégote des objets étranges. Le dernier en date est un cube de cristal rouge qui ne fait rien... mais que beaucoup de gens semblent chercher.
Le pouvoir d’Alex lui permet d’explorer les avenirs possibles, pour y trouver ce qu’il recherche et la façon d’y arriver (si c’est possible). Pour échapper à Cendre, un Mage de l’Ombre plutôt agressif, il se fourre dans de plus gros ennuis. Et cela ne fait que commencer... Persona non grata, il se retrouve courtisé par les deux camps, car son pouvoir lui permettrait de déverrouiller une relique très puissante, datant d’avant les conflits meurtriers entre les différents camps.
Il va donc falloir jouer serré pour sauver sa peau et celle de Luna, car aucun des camps n’acceptera un refus.



Quand un roman se présente comme “l’héritier d’Harry Potter”, on est en droit de craindre le pire. Fort heureusement, Benedict Jacka balaie très vite nos doutes. Son anti-héros nous distillera goutte à goutte les éléments de sa jeunesse et de sa formation, assez violente. Il préfère nous plonger immédiatement dans le bain avec ce constat : les choses se sont si mal finies que, bien qu’elles aient l’air d’en avoir arranger certains, le jeune Alex Verus en supporte les conséquences. Et s’en accommode, satisfait de ne pas frayer avec des gens qui ont fermé les yeux sur ce qu’on lui faisait subir.
Du coup, quand le Conseil vient le démarcher, cela le fait doucement rigoler. Et les faire lanterner lui procure un agréable frisson de plaisir.
L’autre camp, celui de l’Ombre, étant nettement moins poli, Alex ne va cependant pas pouvoir rester neutre très longtemps, d’autant que ses petits tours de devin agacent vite des gens aussi violents que peu patients.
Et puis il y a Luna, sa protégée. C’est par ses yeux de non-initiée, au fil de ce retour d’Alex sur un terrain qu’il s’était jurer de fuir, qu’on découvre le Londres magique, les personnages anciens un peu barrés (une araignée géante millénaire reine de la mode...) et le conflit qui couve, près à éclater.
Luna n’étant pas une poupée en sucre, mais plutôt du genre débrouillarde et rapide à s’adapter, Alex ne doit qu’à son pouvoir, sa capacité à voir les avenirs et comment atteindre celui de son choix, de paraître un rien maître de la situation. Les deux jeunes gens ont leurs faiblesses (la malédiction de Luna a laissé des traces, l’éducation d’Alex aussi) que l’auteur tisse habilement au fil de l’intrigue. Leur relation est ambigue, la malédiction impose une distance et Alex tente de repousser ses sentiments en jouant au professeur. C’est distillé avec finesse, et jamais trop grossier, au contraire.
L’intrigue s’emballe entre complot, trahisons et pouvoirs magiques dans la seconde moitié du roman, lorsque tout le monde se lance à la poursuite de la relique une fois la porte ouverte. Il est question d’ambition, de confiance, d’humilité... et d’entourloupe.
C’est la vraie fraîcheur d’Alex Verus : à défaut d’un grand pouvoir, impressionnant, le héros ruse, prêche le faux pour savoir le vrai, bluffe, perd parfois, se brûle les doigts. Il joue, souvent gros parce qu’on ne lui laisse pas le choix, dès le début. Tout cela sent bon l’histoire d’arnaque, le « tout cela fait partie du plan », sauf qu’Alex est davantage un chien jeté dans un jeu de quilles, qui refuse de jouer le jeu et chamboule toutes les stratégies de joueurs bien plus chevronnés que lui. Ils sont le calcul, l’anticipation, il est le chaos, alors que paradoxalement c’est lui qui a la capacité de voir les fins possibles.

Un excellent moment de lecture, un univers magique très plaisant et loin d’être enfantin, et des personnages accrocheurs, dont des méchants auxquels on arrive même à s’attacher.
Dernière bonne nouvelle, à ce jour deux autres tomes sont déjà traduits : « Malédiction » et « Disparition ».


Titre : Destinée (Fate, 2012)
Série : Alex Verus, tome 1/4 (pour l’instant)
Auteur : Benedict Jacka
Traduction de l’anglais (GB) : Marie de Prémonville
Couverture : Le Miroir création / LBBG
Éditeur : Anne Carrière
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 370
Format (en cm) :
Dépôt légal : juin 2018
ISBN : 9782843379147
Prix : 20 €



Nicolas Soffray
2 avril 2019


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