Cet écrivain n’est pas facile à cerner, il a plein de projets, mais les coucher sur papier ressemble à une suite d’excuses pour repousser toujours plus tard l’acte de la rédaction. Par exemple, il accumule des masses de notes sans aller forcément plus loin. C’est un homme qui ne manque pas de paradoxes. Rien d’étonnant à ce que sa bibliographie ne soit pas plus fournie.
Un volet critiques balaye ses romans et le recueil « Au-delà du gouffre ».
La longue nouvelle “ZeroS” à ranger dans l’univers de « Vision aveugle » est dans la droite lignée de ce qui est écrit dans le dossier. Le lecteur rentre directement dans le vif du sujet, il doit s’accrocher pour avancer et comprendre un contexte pas évident à cerner. Peter Watts n’est pas un auteur facile à lire, son œuvre demande un réel effort et mieux vaut ne pas être déprimé, car le futur imaginé n’est guère joyeux. Il écrit de la Hard SF exigeante et lire un de ses textes demande un temps de repos avant d’enchaîner avec un autre. C’est enthousiasmant au niveau des idées, prenant d’une certaine façon mais à petites doses, sous peine de frôler l’overdose.
Ce dossier Peter Watts ne laissera personne impassible, dans l’esprit des lecteurs son nom restera toujours associé à des périodes de sa vie qui ont forcément orienté ses choix. En plus de la couverture arborant “Peter Watts : le choc du futur”, je parlerai de choc tout court.
La nouvelle “La longue patience de la forêt” de Christian Léourier est bien plus abordable. Sur une planète, les forêts abritent les seules surfaces vivables, les quitter revient à s’engager dans des étendues désertiques nocives sans atmosphère respirable. Kred rêve de partir, d’explorer comme son grand-père. Il est certain qu’ils ne sont pas seuls, que d’autres communautés existent dans d’autres forêts. Mais comment faire ? Une idée lui vient, elle demandera des générations pour être menée à terme. L’auteur nous embarque sans problème dans son imaginaire, il élève l’idée de départ quasi au rang de religion avec ses disciples et ses détracteurs. Le déroulement se révèle plaisant et prenant. L’auteur a foi en ses personnages et en un avenir meilleur pour eux. Pour moi, il ne faut surtout pas passer à côté de cet auteur.
En écho au dossier sur Peter Watts, “Scientifiction” aborde les monstres de la SF. Dans ce numéro, la parole n’est pas donnée à un libraire, ni un traducteur... mais à l’organisateur d’un festival : Jean-Luc Rivera. Le palmarès du Prix des lecteurs 2018 de « Bifrost » est aussi donné et bizarrement, le nombre de votants ne décolle pas, ne représentant qu’une faible fraction des abonnés.
Un « Bifrost » de haute volée, avec un Peter Watts qui se livre sans fard à Erwann Perchoc qui a mené l’entretien de main de maître.
Titre : Bifrost
Numéro : 93
Rédacteur en chef : Olivier Girard
Couverture : Pascal Casolari
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, nouvelles, entretien, etc.
Sites Internet : le numéro 93, la revue (Bifrost) et l’éditeur (Le Bélial’)
Dépôt légal : janvier 2019
ISBN : 9782913039902
Dimensions (en cm) : 14,9 x 21
Pages : 188
Prix : 11€
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francois.schnebelen[at]yozone.fr