Cette intégrale réunit les deux romans « Bankgreen », ici nommé « Le derniers des varaniers », et « Elbrön », et une novella inédite“ Emmon” qui clôt le cycle. La collection Kvasar accueille cet épais livre de 700 pages à la somptueuse couverture signée Guillaume Sorel.

« Bankgreen » peut se ranger dans la fantasy, mais les pages ne défilent pas comme dans la plupart des romans du genre qui, avec leurs lots de batailles, de complots, de quêtes initiatiques, de luttes entre le bien et le mal... en font des redoutables page turner, mais sans avoir vraiment de fond. Rien n’est simple sur Bankgreen, le mal et le bien ne sont pas clairement identifiables, même la personne de Mordred prête à interrogations. Tout n’est pas noir ou blanc, voire gris, il est question de mauve et noir comme pour montrer la différence, le flou dans lequel baigne l’ensemble et qui évite d’être affirmatif sur certains aspects. L’espoir est bien rare en ces pages, ce qui n’étonnera personne au fait de la bibliographie de Thierry Di Rollo. « Tout a une raison », combien de fois lit-on cette sentence qui sonne comme une affirmation, une fatalité et qui explique tout ?

Il est difficile de résumer cette intégrale et je ne m’y risque pas. Il faut se laisser bercer par les mots, suivre le cheminement dont Mordred constitue le fil directeur. Bankgreen l’immortelle se mérite, elle échappe aux lecteurs et tous les protagonistes qui tentent d’en infléchir la marche s’y cassent les dents. L’équilibre des forces est fragile et demande à être préservé. Pourtant des êtres à l’apparence fragile mais d’une grande force et qui s’apparentent à des fées, rêvent d’un ordre nouveau.
Qu’est-ce qui se dresse face à ce dessein ? La planète elle-même ? Une autre force ? Car ils sont quelques uns à vivre bien plus longtemps que la normale, à échafauder des plans sur le long terme. De plus, Bankgreen, planète qu’il est difficile de cerner, n’est pas unique, d’autres dimensions s’y ajoutent, comme des refuges, des portes de sortie.

Cette intégrale forme un tout d’une grande richesse. « Bankgreen » s’avère subtile, elle demande un effort pour se mériter, car Thierry Di Rollo fait montre d’exigence. Il ne se contente pas de marcher sur des sentiers maintes fois arpentés, il emprunte des chemins de traverses pour montrer que la fantasy est plurielle, qu’elle peut prendre de nombreuses formes.
En ces pages, les lecteurs croisent de multiples peuples plus ou moins éphémères, des personnages souvent plus victimes qu’acteurs de leur destin et ayant une vision à plus ou moins long terme de leur avenir, des noms qu’il n’oubliera plus, comme celui de Mordred, le dernier puis le premier varanier à la recherche de souvenirs perdus, de vérité. Et puis, Bankgreen écrase l’ensemble de sa présence.
Une très belle et ambitieuse œuvre à ne pas manquer.

Titre : Bankgreen - L’intégrale
Auteur : Thierry Di Rollo
Couverture : Guillaume Sorel
Éditeur : Le Bélial’
Collection : Kvasar
Directeur de collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 700
Format (en cm) : 15 x 22
Dépôt légal : novembre 2018
ISBN : 9782843449413
Prix : 26 €

Thierry Di Rollo sur la Yozone :
 « Le temps de Palanquine »
 « Bifrost 85 »
 « Drift »
 « Bankgreen »
 « Cendres »
 « Meddick » en Bélial’ et Folio SF

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