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Royaumes Eparpillés (Les)
Maximilien et la moitié
Leha, Guide de voyage de l’aventurier imaginaire, guide imaginaire (France), 160 pages, novembre 2018, 23€

Que se passe-t-il dans la fantasy lorsqu’il n’y a plus de Seigneur des Ténèbres, qu’il soit mort ou démissionnaire et sans successeur ? Finis, les quêtes, les aventures, l’héroïsme... Bref on s’ennuie. Et quand on s’ennuie, on se laisse souvent aller...
Fruit du travail de collecte d’une ex-aventurière recyclée en aubergiste, encadré par un solide comité éditorial composé d’anciennes sommités du genre, le guide des Royaumes éparpillés vous permettra de voyager sans risque... ou presque, dans des mondes fabuleux et merveilleux... ou presque.



L’an dernier, Star Marx avait été une bonne surprise, couronnée depuis du prix ActuSF de l’Uchronie. Les auteurs remettent donc le couvert avec la Fantasy. La recette est la même, à peu de choses près, et le résultat également : un ouvrage bourré de références et d’humour, et assez riche pour écrire des aventures pratchettiennes à foison.

Pour nous guider, un cousin d’Elric complètement shooté, un voleur semi-homme, un magicien gris qui n’aura jamais le même nom : Grandalf, Grandelf, Graydalf, Glindoulf..., l’ogresse Maïténia, spécialiste ès gastronomie, la princesse Valda, militante féministe, et Jan Kongère, le naïf de service qu’on envoie au casse-pipe.

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Leurs interventions ponctuelles, m’a-t-il semblé, vont peu à peu en se réduisant, et la mise en page ne permet pas toujours de les relier au paragraphe concerné, comme dans l’opus précédent, ce qui est toujours dommage : on ne sait parfois pas où donner du regard, dans quel ordre, tant c’est dense.

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Cosmologiquement, le monde des Tertres a éclaté, été brisé, chaque peuplade ayant sa propre (ou sale) explication, et l’univers est désormais organisé verticalement. C’est important, car la magie est soumise à la gravité. Molduland, tout en haut, en est dépourvu, tandis qu’elle abonde à Adéhédé. Voyager d’un monde flottant à l’autre requiert soit un portail (sans garantie de retour), soit le réseau de dragons volants d’Hub-r, et le respect des traditions (donc vous grimer en princesse blonde à sauver, une denrée de plus en plus rare). Vous avez aussi la compagnie Ryan Aigle (géant) qui arrive souvent à point nommé, même s’il faut mettre le feu à l’arbre dans lequel vous les attendez.

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Les Tertres du milieu sont gangrenés par un réseau tentaculaire de holfelins, petites gens chapardeurs et dangereux, obéissant à leur chef et parrain dont il faut baiser l’anneau unique qui les gouverne tous... ces gangs gèrent les trafics de stupéfiants dont le dragon Smoke fait une consommation importante, expliquant la brume lénifiante qui pèse sur les environs. On apprendra au passage que la bataille dite des 5 armées est en fait « des 5 tarpés », un appel d’offre qui aura dégénéré entre les différents fournisseurs de substances hallucinogènes.
Côté mous, les elfes, privés d’héroïsme et inutiles, finissent à Lépade, aux Havres Poivre et Sel... les princesses sont organisées en réseau elles aussi, puisque les délivrer reste la motivation principale des quêtes proposées. Elles ont donc de la formation en communication et management.

Voilà, je ne vais pas vous faire tous les items, mais tous les classiques y passent, pas forcément dans les proportions attendues (Harry Potter -mais ce n’est pas de la fantasy me direz-vous- est assez peu présent, via le Quiche-dish, et le Trône de fer également - vous aviez trouvé pour Jan Kongère, quand même ? - n’a qu’un petit royaume). Tolkien fournit la matière principale, avec tous les univers ADD qui en découlent. Mais on a bien entendu de multiples éléments totalement inattendus, comme le Bitcoin, la réalité augmentée, le véganisme, pour des croisements improbables et hilarants.

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L’ouvrage, comme son prédécesseur, ne se veut pas pour autant une immense blague, et tout y est écrit avec sérieux. Certains passages, comme le monde d’Indighame, univers de poche dans un sac dimensionnel, à mi-chemin entre « Downsizing » et les Chapardeurs, est presque émouvant. Nevergard, la ville sans cesse conquise, est également très intéressante politiquement, avec des gens qui tentent de maintenir une cohésion politique et légale et d’autres qui laissent couler.

Mais encore une fois, lire l’ouvrage d’une traite n’est pas forcément le plus satisfaisant, le picorage y est de mise, pour mieux apprécier tel ou tel monde et ses spécificités touristiques (ou pas). On savourera par contre les illustrations de Thierry Ségur, qui du crayonné à la double page en couleur nous émerveille et nous fait sourire (souvent).

L’ouvrage se clôt par une bonne idée (une liste non exhaustive des influences) hélas gâchée par un tri alphabétique basique (avec les pronoms ou les prénoms).

Comme « Star Marx », on ne peut que saluer la quantité et la qualité du travail effectué. Et on trouvera tous un point ou deux sur lesquels pinailler, selon qu’on n’aura pas compris un jeu de mots (j’ai renoncé à en chercher partout), une référence... Cela n’en demeure pas moins un bel et dense ouvrage dans lequel on viendra piocher régulièrement avec plaisir.


Les Royaumes éparpillés
- Auteur : Maximilien et la moitié
- Couverture, illustrations et graphisme : Thierry Ségur
- Éditeur : Éditions Leha
- Collection : Guide de voyage de l’aventurier des mondes imaginaires
- Pages : 160 pages couleurs
- Format : 22 x 16 x 1,5 cm
- Dépôt légal : novembre 2018
- ISBN : 9791097270216
- Prix public : 23 €


Illustrations © Thierry Ségur et Éditions Leha (2018)


Nicolas Soffray
9 janvier 2019



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