Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




On ne meurt pas la bouche pleine
Odile Bouhier et Thierry Marx
Pocket, roman (France, 2017), policier, octobre 2018, 320 pages, 6,95€

Commandant de police, Achille Simmeo appréhende le déménagement du 36 Quai des Orfèvres. Il est attaché sentimentalement à son appartement proche du poste, lien avec sa défunte épouse.
Alors que ses supérieurs l’en découragent et que rien ne laisse penser qu’il s’agit de crimes, il s’intéresse à la mort d’un couple de Japonais. En creusant, il découvre qu’il s’agissait de Yakuzas du plus important clan de Tokyo. Là-bas, deux membres importants du clan ont aussi disparu dans des conditions qui peuvent sembler normales, même si très rapides. Simmeo qui profite d’un héritage inattendu fait cavalier seul et tente de percer l’énigme en se rendant dans la capitale nippone.



Scénariste et auteure de plusieurs polars historiques, Odile Bouhier collabore avec le célèbre chef cuisinier Thierry Marx. Le trouver au sommaire d’un roman policier a de quoi surprendre, mais au fil du récit, le lecteur saisit aisément tout son apport à l’intrigue, car la cuisine s’invite au déroulement d’« On ne meurt pas la bouche pleine ».
Et ce, à plusieurs titres : Simmeo se souvient des bons restaurants qu’il a fait avec sa femme décédée, un repas au consulat français de Tokyo s’apparente à un plaisir des sens, la cuisine devient une science et les fourneaux se transforment en appareillage scientifique... La gastronomie fait partie intégrante du roman et elle ne manque pas d’intérêt.

Le personnage principal, Simmeo, s’avère étonnant. Abandonné à sa naissance, il a été adopté par des parents ayant des liens avec la mafia corse. Voilà qui n’est pas banal pour un flic ! Contre toute attente, il touche l’héritage de son père biologique qu’il n’a jamais connu. Il n’en veut pas, mais il est forcé de l’accepter. Biens et argent sont rapidement dilapidés et distribués. Il est amusant de voir son rapport à l’argent, la façon dont il choisit de poursuivre une enquête qui n’est pas censée en être une à ses frais. Il obéit à ses envies, se disant qu’il est en âge de faire ses propres choix et que le proche déménagement est peut-être l’occasion de tourner la page.

Autre point fort : Tokyo et les Yakuzas qui apportent une indéniable touche d’exotisme, un pan très prenant et plutôt instructif. Les Yakuzas s’affichent comme tels, respectent un certain code et sont implantés dans toute la société. Le lecteur les découvre avec Simmeo s’intéressant au sujet du fait de ses doutes sur l’origine des décès des deux Japonais à Paris, mais aussi à travers de brefs passages du passé, à la forme bien vue et expliquant en partie toute l’affaire.

« On ne meurt pas la bouche pleine » débute sur une drôle de mort dans un hôtel parisien prestigieux, le contexte est bien décrit, des ramifications complexes se laissent deviner... sans que cela soit exploité. Cette entame plus ou moins gratuite n’est là que pour appâter le lecteur et installer l’ambiance. Simmeo ne s’y attarde pas plus que ça, consacrant ses dons de limier à un fait somme toute banal en comparaison.
De plus, Simmeo ressemble à un électron libre, faisant ce qu’il veut, même si ses supérieurs tentent de le recadrer. L’héritage tombe aussi à point nommé, ainsi que ses liens distants avec la mafia corse. Ce roman n’est pas exempt de facilités, il suffit de voir comment Simmeo est accueilli et encadré à Tokyo. Un peu trop simple !
Toutefois dans la balance, les points positifs supplantent largement les quelques bémols et l’ensemble se révèle prenant, notamment du fait du contexte nippon et de la gastronomie au menu.

Thierry Marx apporte son expertise de grand chef étoilé, expert en cuisine moléculaire, pour donner des développements inattendus à ce roman. Derrière le clavier, l’association avec Odile Bouhier fonctionne très bien et le résultat ne manque pas d’intérêt ni d’exotisme. Des faits anodins se transforment en une vaste machination sous l’œil affûté de Simmeo, passionné par l’art japonais et personnage qui a du potentiel pour de futures aventures.
« On ne meurt pas la bouche pleine », un bon petit polar sortant des sentiers battus.


Titre : On ne meurt pas la bouche pleine
Auteurs : Odile Bouhier et Thierry Marx
Couverture : Image © Grant Faint/Getty Images
Éditeur : Pocket (Première édition : Sang Neuf, 2017)
Collection : Policier & Thriller
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 320
Format (en cm) : 10,8 x 17,7
Dépôt légal : octobre 2018
ISBN : 9782266284325
Prix : 6,95 €


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
25 novembre 2018


JPEG - 19 ko



Chargement...
WebAnalytics