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Shades of Magic, tome 3 : Shades of Light
V.E. Schwab
Lumen, roman traduit de l’anglais (USA), dark fantasy/fantastique, 760 pages, septembre 2018, 15€

Shades of Shadows nous avait laissé sur un suspense haletant : Kell captif du Londres blanc, Osaron déterminé à se répandre dans le Londres rouge.
Et cette grande question : Lila est-elle Antari ?



On s’en doutait depuis le premier tome et la découverte de son œil de verre : la voleuse maîtrise bel et bien la magie du sang. Ce qui va lui permettre d’aller sauver Kell, pour qui ses sentiments sont aussi forts que réprimés. Un duel avec Ojka va la pousser dans ses retranchements.
Dès les premières pages, c’est l’urgence qui dicte son rythme, haletant. Aucun temps mort, « Shades of light » reprend à la seconde où nous avait laissé « Shades of Shadows ». Nos héros, épuisés par le Tournoi et ses conséquences, n’ont pas le temps de se reposer : la menace est là. Osaron, la magie incarnée, et dont Vitari n’était qu’un fragment (dans « Shades of Magic »). Osaron, qui a consumé le Londres noir, fait miroiter l’espoir de raviver le Londres blanc d’Holland, vient se repaître du Londres rouge. Chassé du palais où il s’était présenté en conquérant, banni du corps d’Holland, il se venge sur la capitale d’Arnes, s’y abat comme une chape, contamine sa population d’une fièvre sombre.
La noblesse et les invités de marque du tournoi se sont retranchés dans le palais, où les prêtres parviennent à maintenir le monstre à distance. Les tensions politiques s’accroissent, Vesk et Faro oscillant entre prêter assistance à Arnes ou profiter de sa faiblesse. La princesse Cora, frêle femme-enfant, tente de se rapprocher de Rhy.
Si les mages sont au centre des aventures de ce troisième tome, c’est bien Rhy qui cristallise les intrigues politiques. L’agonie de Kell a bien failli lui coûter la vie, ou ce qui lui en reste. Depuis le coup de poignard d’Astrid Dane, les deux frères vivent, liés par le cœur et les sorts de Kell. Si Rhy s’était enfin senti investi de son rôle d’héritier avec l’organisation du Tournoi, il se sent de moins en moins vivant. Ces actes n’en paraîtront que plus humains, lorsqu’il se porte au secours de son peuple. On l’a déjà dit, la notion de sacrifice est très présente dans cette trilogie, et inhérente au rôle d’un futur roi. Rhy va apprendre cette leçon plus durement encore. Là où Alucard Emery va tout tenter pour sauver sa petite sœur, Rhy, débarrassé de ses doutes, va étendre sa protection à toute la ville. Grandir.

Les cartes sont rebattues chez les Antari. Si Kell nous paraissait talentueux, Holland nous oblige à revoir notre échelle de valeur, et revivre par ses yeux les premiers pas diplomatiques du jeune prince adoptif nous remémore qu’il était déjà un grand mage du Londres blanc lorsque Kell n’était qu’un enfant, que les épreuves qu’il a subies depuis sont sans commune mesure avec quelques escapades dans le Londres gris. Malgré les réticences de Lila, rancunière, et d’Emery, on comprend que Kell veuille le garder à ses côtés. Avoir ressenti l’appel de Vitari, puis d’Osaron, failli y céder, rapproche également les deux mages. Kell est moins impétueux, conscient de désormais garantir la vie de son frère sur la sienne.

Victoria Schwab nous offre de très belles scènes de duel, à l’arme blanche comme à la magie, et des moments de grande tension dramatique, comme lorsque Alucard retrouve sa soeur ou que le roi met son plan à exécution. Elle négocie avec brio des passages « obligés » - par exemple la possibilité à Kell de découvrir ses origines - et sait toujours nous surprendre, par des décors grandioses ou des retournements de situations spectaculaires. Le finale est dantesque, avec trois Antari contre Osaron, un plan aussi désespéré que bien huilé, et nous laisse aussi rincés que les survivants.

Ce dernier tome tient toutes ses promesses, et même au-delà. Le soin apporté aux personnages, riches de nuances - de réalisme, lui donne toute sa puissance tragique. Jusqu’à la dernière ligne.

Une excellente trilogie, à la frontière entre fantasy et fantastique, pleine de rebondissements, plus sombre qu’il n’y paraît. Mais sans ténèbres, la lumière ne pourrait briller ! Les caractères complémentaires des cinq personnages principaux (Kell, Lila, Rhy, Alucard, Holland), leur façon d’aborder la magie, ce qu’elle a changé dans leur vie, en bien ou en mal... tout cela contribue à faire de cette histoire une aventure palpitante, émouvante et tragique, savant dosage d’action, de politique (au sens large) et de sentiments (fraternels et amoureux). On apprécie aussi que le message désormais rebattu « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » soit poussé à l’extrême : un grand pouvoir peut dévorer le monde, et qu’avez-vous à lui opposer ? Des forces comme l’amour, l’amitié, la détermination, et le sens du sacrifice qu’elles engendrent.

Un dernier mot sur la très belle mise en page des éditions Lumen, sobre et élégante, avec titres de chapitres environnés de fissures, brisures, et la très belle couverture de Charlie Bowater, qui transmet tout le ton de ce dernier tome dans le visage du trio Antari.


Titre : Shades of Light (A Gathering of Light, 2017)
Série : Shades of Magic, tome 3/3
Auteur : V. E. Schwab
Traduction de l’américain (USA) : Sarah Dali
Couverture : Charlie Bowater
Éditeur : Lumen
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 760
Format (en cm) : 23 x 14 x 4,5
Dépôt légal : septembre 2018
ISBN : 9782371021518
Prix : 16 €


Shades of magic
Shades of shadows
Shades of light


Nicolas Soffray
12 octobre 2018


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