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Wannsee
Fabrice Le Hénanff
Casterman

Le 20 janvier 1942 est sans doute la journée la plus sinistre de toute l’histoire de l’humanité. Cette date est en effet celle de la conférence de Wannsee qui se tînt dans une villa située au bord du lac du même nom, dans la banlieue de Berlin, et où fut scellé le sort des juifs d’Europe.



Retraçant par l’image cette réunion décisive, Fabrice Le Hénanff au stylo et au crayon a pris le parti de coller au plus près de la réalité historique, telle qu’on est parvenu à la reconstituer grâce aux notes prises par le représentant du ministère des affaires étrangères, Martin Luther, qui les conserva par-devers lui malgré les instructions de destruction reçues.

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En effet, cette conférence devait rester secrète et le but ultime de l’opération, outre évidemment la mise en place de la logistique permettant d’éliminer physiquement les juifs à grande échelle, était de faire en sorte qu’aucune trace ne subsiste ni des victimes (en usant d’un procédé industriel génocidaire) ni des décisions prises pour y parvenir. Du négationnisme dès l’origine du processus de meurtre, ce que notre auteur met en lumière avec talent.
La figure de Heydrich s’impose par son cynisme, sa détermination, son inhumanité. Si le mal s’est jamais incarné dans un homme, ce fut bien chez lui. Le diable a ici figure humaine, ce qui démontre qu’il n’est nul besoin d’imaginer des démons issus de l’enfer pour se faire peur : ils sont depuis longtemps parmi nous et nous ressemblent comme deux gouttes d’eau.

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Le compte-rendu officiel, élaboré par Eichmann usait lui de circonlocutions laborieuses pour désigner des actes ignobles. Ainsi, par évacuation il fallait entendre extermination, et tout le reste était à l’avenant.
Le processus d’extermination, tel qu’il fut mis mis en place dans les camps de la mort s’appuyait sur l’expérience acquise, en particulier sur celle des « Gazen Wagons » ou de Babi Yar. Pour tromper les victimes, on leur demandait de prendre une valise, des affaires, de l’argent. Celles-ci pensaient qu’elles allaient être déplacées et étaient en fait livrées à l’abattoir comme des moutons. Ce stratagème fut utilisé à Auschwitz où l’on demandait aux futurs gazés de bien mémoriser le numéro de patère sur lequel ils avaient déposé leurs affaires.
Fabrice Le Hénanff met parfaitement le doigt sur la folie hitlérienne, prête à mobiliser dans son rêve dément d’extermination des juifs (mais pas qu’eux d’ailleurs...) des ressources logistiques et matérielles essentielles alors même que ses armées étaient, en janvier 1942, tenues en échec devant Moscou.

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Parmi les 15 monstres qui siégèrent à la conférence, certains finirent leur vie paisiblement dans leurs lits, ce qui laisse un peu songeur sur la justice des hommes.
Le dessin de Fabrice Le Hénanff est précis, presque photographique. L’ambiance de cette journée lugubre est bien rendue au moyen de teintes sombres, grises, hivernales. On sort glacé de cette lecture et, instinctivement, on comprend que cette conférence, malgré les réserves émises par l’auteur sur le peu de sources disponibles, se déroula telle qu’elle est décrite dans cet album remarquable qui sonne juste. Une terrible leçon d’Histoire, à méditer.


Wannsee
- Scénario, dessin et couleur : Fabrice Le Hénaff
- Éditeur : Casterman
- Format  : 242 x 322 mm
- Pagination : 87 pages couleur
- Dépôt légal : 16 juin 2018
- Numéro ISBN : 978-2-203-14963-2
- Prix public : 18 €


Illustrations © Fabrice Le Hénanff et Éditions Casterman (2018)



Didier Reboussin
23 octobre 2018




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