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Épée de l’hiver (L’)
Marta Randall
Gallimard, Folio SF, n°604, roman traduit de l’anglais (États-Unis), fantasy, 378 pages, avril 2018, 8,30€

Lyeth appartient à la prestigieuse guilde des Cavaliers, elle est au service exclusif du seigneur Gambin. Ce dernier est mourant mais ne veut pas désigner son successeur, ce qui créé de la tension, aussi bien parmi les prétendants à l’épée, c’est-à-dire au trône, qu’au sein de la population. Beaucoup voient en Lyeth le moyen de gagner une légitimité au pouvoir en s’attachant ses futurs services, alors que la Cavalière attend que Gambin meure pour être débarrassé de son serment et enfin être libre de quitter la contrée. Très peu pour elle ces luttes de pouvoir.
Pourtant, quand elle revient à la capitale de la province de Jentesi avec Emris, un garçon qu’elle a contre toute attente recueilli lors de sa dernière mission et pris en affection, elle s’expose et devient vulnérable. Dans ces conditions peut-elle encore éviter de prendre faits et causes pour un prétendant à l’épée ?



Dans ce roman de fantasy publié en 1983 ne vous attendez pas à une débauche de batailles, de combats à l’arme blanche, de magie, il est bien plus subtil et s’attache à la succession d’un tyran. L’essentiel se déroule au château de Jentesi où il se meurt, faisant languir ses héritiers et tout son entourage. L’incertitude règne sur l’avenir de la province, le temps est au changement. Des guildes mineures prennent de plus en plus d’importance, à l’image de celles des marchands toujours plus influente ou des forgerons qui a inventé les trains. L’essor du télégraphe porte aussi un rude coup aux Cavaliers dans leur rôle de messagers.
Dans l’histoire de Jentesi, une page se tourne lentement, les traditions sont mises à mal par le progrès. Le contexte s’avère intéressant et intriguant, d’autant que l’hiver est rude et rappelle que la situation est encore bien loin de l’ère moderne, même si des touches par-ci par-là montrent son entrée dans le quotidien. Toutefois, une certaine méfiance à son égard se dégage toujours.

Les lecteurs, tout comme la principale intéressée Lyeth, sont bien loin d’imaginer qu’elle peut avoir un rôle à jouer dans les intrigues de cour. Et pourtant, Marta Randall développe l’intrigue à partir de cela. De farfelue, cette idée prend toujours plus de consistance pour devenir une réalité. Le personnage de Lyeth s’avère complexe, car elle affiche plusieurs visages. En tant que Cavalière, elle impose le respect, incarne l’autorité et ils sont nombreux à la craindre. De l’autre côté, elle est attachante, très humaine, notamment quand elle s’inquiète pour Emris, un garçon au caractère épouvantable, tout comme elle dans sa jeunesse et encore aujourd’hui.
Bien sûr, Emris a un rôle à jouer dans cette intrigue, la construction du récit ne pouvait être gratuite et le dénouement n’étonnera sûrement pas beaucoup le public. Rien de grave en soi, tant l’ensemble est prenant.

Loin d’une débauche d’action, « L’épée de l’hiver » s’avère subtil et, à l’image de Lyeth, attachant. Marta Randall mène parfaitement l’intrigue et l’intérêt ne cesse de grandir au fur et à mesure du récit. Des grands faits aux petits détails, chaque chose a son importance pour saisir le tableau d’ensemble et comprendre qui tire les ficelles.
Des personnages forts, une intrigue ingénieuse et un contexte à la croisée des époques, « L’épée de l’hiver » possède bien des qualités pour séduire les amateurs de fantasy qui découvriront une facette plus raffinée du genre.
Une belle surprise !


Titre : L’épée de l’hiver (The Sword of Winter, 1983)
Auteur : Marta Randall
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Nathalie Serval
Couverture : Alain Brion
Éditeur : Gallimard (1ère édition française : Les Moutons Électriques, 2016)
Collection : Folio SF
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 378
Format (en cm) : 10,9 x 17,8
Dépôt légal : avril 2018
ISBN : 9782072700965
Prix : 8,30 €


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
19 juillet 2018


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