Alice est passé de l’autre côté du miroir. Bon, ce monde n’est guère différent de celui du pays des merveilles hormis l’absence quasi totale d’habitants. Pourtant, le chevalier blanc qui lui sert de guide lui révèle également que son destin est de devenir la reine de ce monde de l’autre côté du miroir. Mais pour cela, il doit abandonner son nom d’Alice et se faire donner un autre nom. Et dans ce monde, seul l’un des jumeaux Tweedle en a la faculté : Dum. Son frère est, quant à lui, le gardien des regrets. Alice ne sait trop s’il doit accepter ce rôle de reine, même si le chevalier blanc le traite comme tel. Bon, d’un autre côté, s’il refuse, il sera truffé de plomb... Incroyable le nombre de personnes qui veulent lui faire la peau. Est-ce ainsi que le professeur Carroll imaginait son Alice ? Pas vraiment mais son Alice n’est pas au pays des merveilles, sa santé fragile ne fait pas d’elle une héroïne de roman. Pourtant, il aimerait la retrouver au pays des merveilles. Mais ce n’est qu’un roman, pas la réalité.
Ai Ninomiya poursuit sa revisite du conte de Lewis Carroll en impliquant de plus en plus l’auteur anglais. Lewis Carroll est incarné par un professeur ayant une relation étrange voire malsaine avec la vraie Alice, en tout cas celle qui semble représenter l’image d’Alice que le professeur met en scène dans son roman. Les scènes se passant dans ce qui semble être le monde réel tranchent avec la folie douce du pays des merveilles. La réalité est sombre, triste, la maladie œuvrant en sourdine dans le monde de l’autre côté du miroir, le vrai pas le simili que va visiter Alice dans le tome 8. Mais avant d’en arriver là, nous aurons droit à un nouveau coup de folie de Ai Ninomiya avec le jour férié dédié à Alice. On se retrouve encore une fois dans une crise de grand n’importe quoi, avec le vrai-faux kidnapping d’Alice par le valet de cœur. Ai Ninomiya alterne les moments sombres avec des scènes totalement surréalistes comme pour accentuer la folie intrinsèque au pays des merveilles.
Une folie qui tranche avec le calme et le côté même lugubre de l’autre côté du miroir, ce monde frontalier du pays des merveilles, si proche que l’on passe de l’un à l’autre sans s’en apercevoir. Il était temps d’introduire comme il se doit deux personnages idiomatiques du conte d’Alice : Tweedle Dee et Tweedle Dum. Leur rôle est assez sinistre, l’un attribuant des noms mais ne peut plus rien faire à cause du lapin blanc et l’autre gardant les regrets. Les regrets retrouvent leur importance dans ce tome, puisque ils deviennent des éléments même des personnages, devant modifier le cours de l’histoire. Les tomes d’Alice sont toujours des lectures complexes, qui ne sont pas pour tous les lecteurs, non pas devant nécessité une mention pour lecteur averti, mais demandant à ce dernier une véritable concentration, une grande ouverture d’esprit et surtout l’acceptation d’un déroulé parfois déroutant, loin d’être toujours linéaire et qui impose tout de même une bonne connaissance de l’oeuvre de Lewis Carroll pour apprécier les références multiples du mangaka.
“Are You Alice ?”... Déciment la réponse à cette simple question est loin d’être évidente.
Are You Alice ? (T7 et 8)
Scénario : Ai Ninomiya
Dessin : Ikumi Katagiri
Traducteur : Anais Koechlin
Éditeur français : Kaze Manga
Collection : Shonen Up
Format : 127 x 182, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 194 pages
Date de parution : 14 décembre 2016 et 7 mars 2018
Numéro ISBN : 9782820325488 ; 9782820328045
Prix : 7,99€
A lire sur la Yozone :
Are You Alice ? (T1 et 2)
Are You Alice ? (T3 et 4)
Are You Alice ? (T5 et 6)
ARE YOU ALICE ? © by Ai Ninomiya/Ikumi Katagiri/Ichijinsha Inc.
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