Dans la nuit du 12 au 13 décembre 2041, juste au moment du retour dans l’orbite terrestre d’un vaisseau en provenance de Mars.

À son bord, des cadavres et un survivant, Kameron Obb, hébété. Une entité extraterrestre l’habite, un alien, sorte de bug de moins de deux centimètres fiché dans son cou. Et Obb semble avoir « hérité » de toutes les données numériques disparues. Il devient un formidable enjeu pour tous, états, mafias, religions, entreprises, puissants intérêts particuliers. Lui ne pense qu’à une chose : retrouver sa fille, Gemma, sur Terre.
Qu’il est bon de retrouver Bilal sur une idée où il laisse son imagination explorer le monde exposé aux effets de bord de ses créations informatiques. Il notifie, sans déplaisir et même avec humour, les grandes et petites catastrophes qu’engendre la disparition totale du numérique. Plus de codes de protection pour les secrets militaires, les banques, les grands magasins, les armureries, des dysfonctionnements apparaissent dans les hôpitaux, les avions et les voitures devenus aveugles qui s’écrasent ou se percutent... Le fonctionnement des sociétés et des états est en grand péril.

Un scénario catastrophe, qu’il transforme vite, après les moments de sidération, en un thriller géo-politique intense où l’amour d’un père pour sa fille s’oppose à mains nues à la cruauté d’un monde au bord de l’explosion. Kamron Obb détient toutes les clés du pouvoir et seul, avec son Bug, il avance sous le dessin et les couleurs d’un Bilal enfin retrouvé. L’album est en petit format, en mode comics, où chaque vignette est un petit tableau, dans ce style où il excelle à représenter le monde en pleine décadence sous les tonalités qui ont fait la signature si unique de l’artiste. S’il est dommage que le grand format (30€) n’ait été réservé qu’à une forme de spéculation toujours plus prégnante en BD (tirage épuisé en un jour !), je ne bouderai pas mon plaisir. J’avais abandonné Bilal, mais “Bug” est un très bon livre, superbement mis en images, bourré d’excellentes intentions.
Bilal est de retour et je m’en réjouis.
Bug (Livre 1)
Scénario, dessin et couleurs : Enki Bilal
Éditeur : Casterman
Pagination : 96 pages couleurs
Format : 19.2 x 27.1 cm
Dépôt légal : 22 novembre 2017
Numéro ISBN : 9782203105782
Prix public : 18 €
Illustrations © Enki Bilal et Éditions Casterman (2017)