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Journal d’un marchand de rêves
Anthelme Hauchecorne
French Pulp éditions, Anticipation, roman (France, 2016), multi genres, 532 pages, mai 2018, 18,00€

Fils de stars, Walter Krowley voit sa vie changer après un accident. Une nuit, il s’endort pour se réveiller à Doowylloh, la ville miroir d’Hollywood qui existe dans l’ever, le monde des songes. Il est enfermé dans une chambre dont il s’échappe par la fenêtre. Il découvre alors l’étrangeté de cette société qui le punit en le nommant explorateur de la dangereuse contrée de Brumaires peuplée d’automates. Il y rencontre Banshee, une fille qui malgré sa couche de crasse le séduit et qui va le jeter dans les bras des Outlaws, des hommes dressés face au pouvoir.
Hollywwod, Doowylloh, deux villes dans lesquelles vit Walter, embringué dans des aventures pas possibles.



Publié en 2016 chez L’atelier Mosésu, « Journal d’un marchand de rêves » est réédité chez French Pulp éditions, auréolé d’un bandeau rappelant son Prix Imaginales 2017, catégorie Roman francophone.
Anthelme Hauchecorne dispose d’un imaginaire fertile, c’est le moins que l’on puisse dire ! Dès le début, cette projection dans un Hollywood miroir surprend, certaines personnes vivent deux existences : une dans notre réalité et l’autre pendant leur sommeil avec ses propres problématiques. Le début où le narrateur peine à écrire un éloge funèbre d’une fille qu’il a du mal à imaginer morte intrigue tout de suite. Qui est-elle ? Pourquoi refuse-t-il de la croire décédée ? Puis quand il raconte son histoire, son arrivée à Doowyloh qui recèle une bonne part d’absurde, sa rencontre avec une fugitive et son ça, le lecteur est plongé dans le vif du sujet, il va lui falloir faire un effort pour appréhender la situation. Quand Walther Krowley part explorer Brumaires, l’auteur peut lâcher la bride à son imagination : les automates nous ramènent au steampunk, les Outlaws immanquablement au western, le nom de Banshee recèle une part de surnaturel, ce dont attestent ses capacités, la désignation de ça pour les familiers de chaque rêveur ne peut que ramener à Stephen King, le terme bien trouvé d’Oniromanciens fait penser à la dark fantasy... Bref, il est difficile de ranger « Journal d’un marchand de rêves » dans une quelconque case, - est-ce seulement nécessaire ?- à l’image des Outlaws, Anthelme Hauchecorne tire dans tous les sens et il est plaisant d’être surpris par cette création originale et dépaysante. Le monde onirique est sans cesse en mouvement, son inertie beaucoup plus grande que l’éveil surprend par l’évolution rapide de Brumaires et de la situation globale.

Si le début s’avère très attractif avec son lot de découvertes, la seconde moitié l’est moins, car à trop vouloir en faire, Anthelme Hauchecorne peine à canaliser son imaginaire et l’intérêt faiblit. Les nouvelles péripéties effacent les anciennes et la matière de base perd de sa substance. Certains personnages reviennent de temps à autres, sans que cela soit forcément nécessaire. Et des développements peinent à convaincre. L’auteur est trop généreux et cela se ressent à l’épaisseur de l’ouvrage. Plus de 500 pages et ce ne sont pas les dernières qui fascinent le plus.

Il y a aussi un retournement de paradigme au cours du récit : l’ever prend le pas sur l’éveil, devient la norme, comme si Krowley ne vivait plus que lors de ses phases de sommeil. À de rares occasions, son quotidien réel revient sur la scène, il s’estompe au profit d’une vie aux accents absurdes et aux développements devenant toujours plus délirants. À un moment, un phénomène d’overdose peut se produire chez le lecteur qui perd alors de l’intérêt pour le roman. La lecture devient plus hachée, les pages rallongent, le livre s’éternise... C’est ce qui m’est arrivé et je trouve cela rageant après une entame si prometteuse.

Anthelme Hauchecorne est généreux dans l’écriture, il a du style, un imaginaire fertile se nourrissant à de nombreuses sources et capable de séduire les plus blasés... de nombreuses qualités qu’il faut savoir canaliser pour un maximum d’efficacité et pour moi, ce n’est pas le cas avec « Journal d’un marchand de rêves ». Le roman est trop long ; à trop vouloir en faire, l’auteur s’y disperse de trop et le lecteur perd le fil qui pourtant le tirait si fort dans la première moitié. Il en reste des images, des fulgurances, des trouvailles, la douce folie animant l’ensemble.

Il n’empêche qu’Anthelme Hauchecorne prouve qu’il a un beau potentiel et que bien exploité il ne peut que faire mouche. Un auteur à suivre.


Titre : Journal d’un marchand de rêves
Auteur : Anthelme Hauchecorne
Couverture : © French Pulp éditions
Éditeur : French Pulp éditions (1ère édition : L’atelier Mosésu, 2016)
Collection : Anticipation
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 532
Format (en cm) : 14 x 20,9
Dépôt légal : mai 2018
ISBN : 9791025103685
Prix : 18,00 €


Anthelme Hauchecorne sur la Yozone :

- « Journal d’un marchand de rêves » dans la précédente édition
- « Le Carnaval aux corbeaux »
- « Âmes de verre »
- « Baroque’n Roll »
- « Punk’s not dead »

Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
15 juin 2018


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