Ariel Holzl parvient encore à nous surprendre dans ce dernier volume. Si les extraits du journal de Dolorine, passages truculents du « Complot des Corbeaux » et de « Belle de Gris », sont moins nombreux, on a droit à de belles incursions de la fillette dans la narration, à grand renfort de mots biffés, soit par difficulté à les orthographier, soit par autocensure, et un très bel exposé à plusieurs mains fortement annoté. Ainsi, malgré une narration externe, on suit la fillette au plus près.
La première rentrée des classes... on s’en souvient tous, avec davantage de révulsion que de nostalgie. Dans l’établissement de Mme Boggartine, pourtant loin de Grisaille, il n’y a que des enfants de la noblesse, donc pas des tendres. Dolorine va vite le comprendre, lorsque leur chaleur de façade laisse place à un abandon pur et simple lors d’un pique-nique champêtre... où c’est elle qui devient le sandwich. Toujours servie par la chance et une certaine innocence, elle s’en sort indemne, mais l’incident ne sera pas sans conséquence. Trop curieuse, mais elle a de qui tenir, elle explore nuitamment l’école, soucieuse de cette absence de revenants. Et elle va forcément s’attirer des ennuis. Des ennuis qui, suite à la chute de Monsieur Nyx dans un drôle de chaudron bouillonnant, pourraient devenir de TRES GROS ennuis.
L’intrigue tourne principalement autour de la professeure, Miss Elizabeth. Page après page, derrière l’instit sans pitié, on découvre une jeune femme déchirée entre deux familles, deux cultures, brisée par la mort de ses parents, et qui veut transformer ce double héritage maudit en une force. Mais mélanger la science et la nécromancie... On suit en parallèle le devenir de Tristabelle qui, je vous le rappelle, est parvenue à se hisser dans l’entourage immédiat de la Reine de Grisaille, et qui du coup intrigue pour se débarrasser de son binôme, voire monter sur le trône. Les deux trames se rejoignant pour un finale apocalyptique, on y passera plus de temps que dans les tomes précédents, dans lesquels ont ne quittait quasi pas l’héroïne.
« Dolorine à l’école » est donc très drôle, bien décalé, un peu effrayant, souvent émouvant, et toujours captivant. Les gribouillons saupoudrés par Melchior Ascaride rappellent nos propres tentatives artistiques dans nos cahiers, en tout cas ceux biberonnés aux films de Tim Burton. Le récit à hauteur d’enfant offre une candeur et une férocité différente des manigances d’adultes, lui donnant un ton différent. On est donc en terrain connu mais sans y retrouver toutes les marques littéraires qu’on espérait y trouver. Ariel Holzl nous enchante sans être exactement là on l’attendait, et c’est encore mieux.
Mais c’est fini !!!
Mais quelle fin !
En une trilogie qui ravira autant les adultes que les ados visés par le label Naos, Ariel Holzl s’est imposé dans l’Imaginaire français, drainant des (groupies)(adorateurs/trices) fans toujours plus nombreux. A moins que ce ne soit son doudou Monsieur Nyx... A moins que ce soit une malédiction qu’on nous a jetée ?
En même temps, condamnés à lire de la très bonne fantasy gothique... ça devrait aller.
Les plus grands qui apprécient le ton décalé pourront se jeter ensuite sur les aventures d’Alexia Tarabotti de Gail Carriger (3 séries de 5, 4 et 2 tomes à cette heure), le temps qu’Ariel Holzl nous dévoile la suite de ses projets.
Titre : Dolorine à l’école
Série : Les Soeurs Carmines, tome 3/3
Auteur : Ariel Holzl
Couverture et illustrations : Melchior Ascaride
Éditeur : Mnémos
Collection : Naos
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 266
Format (en cm) : 21 x 15 x 2,3
Dépôt légal : juin 2018
ISBN : 9782354086442
Prix : 17 €
Les Sœurs Carmines :
Le Complot des Corbeaux
Belle de Gris
Dolorine à l’école
