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Le cyberespace de l'imaginaire




Black Mamba - number 2
Mars-Avril 2006
60 pages, textes et BD, 4,50 €

Black Mamba est une publication qui affiche un parti pris : dans les genres de l’imaginaire, la distraction et le divertissement priment sur la réflexion et la profondeur.

On peut adhérer ou non au propos.

Pour nous, il s’agit surtout de nous demander si ce numéro 2 (le troisième) du « magazine des littératures Pulp » remplit correctement le cahier des charges qu’il s’est donné.



L’apparence, tout d’abord  : couverture papier glacé et couleurs pétantes, poster réversible au centre (pin-up ou peinture de style oriental, au choix), pubs, bédés... on est bien dans le registre du divertissement.

Nous n’avions plus qu’à nous pencher sur le contenu, page après page.

D’entrée, « Cas de conscience », une bd au trait sombre et torturé, qui sied parfaitement au lieu supposé de l’histoire. Un graphisme assurément travaillé, dont on cherchera en vain, longtemps après, la raison d’être, tant la chute est enfantine et décevante.

Qu’importe, tout est prévu : Whisky pour tenter de noyer la déception du client, déjà quelque peu... refroidi. « Daemoniacus in Whisky », joliment illustré, nous transporte dans une contrée pluvieuse où les piliers de pubs aiment le bon vin... voilà qui nous plonge d’emblée dans l’étrange. Plus étrange encore : un cadavre, à la fois présent et enlevé par un démon. François Fierobe, conscient sans doute des faiblesses de son texte, déploie alors, pour nous convaincre d’entrer dans son imaginaire, force vocabulaire et effets de répétitions. Tout est incommensurable et atteint bien trois ou quatre fois son paroxysme, l’innommable et l’indescriptible s’agitent devant les yeux indifférents du lecteur obstiné.

La qualité se mérite et pour ceux qui, persévérants, seront arrivés à la page 25, une surprise assez agréable. « Ed se lève », de Gilles Bereszynski est un exercice de style à la Buzzati. Bien sûr, ce n’est pas du Buzzati, c’est moins maîtrisé, plus longuet aussi, mais le niveau remonte et on a même droit (petite entorse au postulat) à une mini-réflexion métaphysique : dans quelle mesure l’homme maîtrise-t-il son devenir ?

Avec « Aller Simple », Eric Henninot poursuit la remontée. Une bande-dessinée clairement orientée SF, aux tons verdâtres. Trois pages rapides pour aboutir à une chute (dans tous les sens du terme), qui fait sourire. Le divertissement est là, enfin !

Dans le texte suivant, « L’École de l’excellence », Thomas Dumoulin, après nous avoir effrayé avec une petite dose d’incommensurable et de paroxysme(!?), surfe sur la vague orientalisante, joue des clichés jusqu’à la caricature et nous offre, finalement, un bon moment d’humour noir. (Ouf !)

Enfin, le texte qu’on attendait, celui qui, à lui seul excusera les quelques contrariétés infligées par les premières pages du Black Mamba numéro 2 : « Métamorphoses ». Eric Girold nous donne à lire un futur extravagant, et pas si étonnant, pour notre société. Pour qui connaît l’émission de télévision « Extrême relooking », ce n’est qu’un pas de franchi : les transformations physiques sont une mode et les plus extraordinaires d’entre elles sont La Voie, vers la célébrité... un délice que ce texte, dont le style est aussi tranchant que les scalpels qui le peuplent et dont la portée intellectuelle ne brouille en rien le plaisir du lecteur !

C’est donc réconciliés avec Black Mamba que nous prenons finalement connaissance du dossier bien documenté et un peu docte de Simon Sanahujas, consacré aux « Trois mousquetaires de Weird Tales » : H. P. lovecraft, R. E. Howard (à la mode décidément) et C. A. Smith.

Encore deux pages de chroniques : un zoom sur l’Œil du sphinx (ODS) : l’association et les éditions, puis quelques mots sur l’actualité des genres de l’imaginaire (sorties ciné, livres, kiosques etc.)

Le bilan, une fois refermé le magazine, est mitigé.

Comme c’était déjà le cas pour le numéro pilote, on nage quelque part, entre le fanzine et la revue.

Si c’est sur le beau papier de la seconde que l’on retrouve les coquilles caractéristiques du premier, c’est tout de même du côté des fanzines qu’on voudrait ranger Black Mamba , à cause de l’inégalité de la sélection, et des traces d’amateurisme, par trop visibles encore.

On se rappellera tout de même que ce zine n’a que quelques mois d’existence.

On peut alors espérer que le serpent exotique qui lui a donné son nom lui prêtera quelques-une de ses caractéristiques : le Mamba noir a une puissance exceptionnelle, il garde ses crocs après une morsure et peut vivre jusqu’à vingt ans !

Précédents numéros

-Black Mamba N° 0, novembre 2006

-Black Mamba N° 1, janvier 2006


Fiche technique


Éditeur : Les Editions Céléphaïs
72 chemin des Pêcheurs, 30900 Nïmes
Directeur de publication : Laurent Girardon
Rédactrice en chef : Nathalie Salomone
Direction artistique : Thomas Balard
Site Internet : http://www.blackmamba.fr
Couverture : Amar Djouad
Format (en cm) : 18 x 25
ISSN : 1778-7939
Prix : 4,50 €


Ketty Steward
10 avril 2006


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Daemoniacus in Whisky , l’illustration de Thomas Balard



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Cas de Conscience : les dessins de Vinz



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L’École de l’excellence : illustration de Daniel Alexandre



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