Le tremblement de terre n’a pas libéré que Anjo, la déesse des Cieux Assombris, il a également libéré un démon bien plus dangereux : Mukuroha, le grand Tengu. Ce dernier compte bien anéantir l’espèce humaine et plonger notre monde dans une ère de ténèbres. Il a amené avec lui une horde de démons qui ont commencé à semer le chaos sur terre. C’est toutefois par le plus grand des hasards que la jeune Haruka vit le démon du pendu dans ses œuvres. Elle regardait simplement un couple de futurs mariés préparer leur cérémonie de mariage. La femme était venu dans ce café avec une pile de magazines pour choisir la salle et tout ce qui allait avec. Mais le futur époux fut soudain distant et s’éclipsa aux toilettes. Malheureusement, il n’en revint jamais, s’y étant pendu. Haruka possède un pouvoir : celui de voir les esprits. Et le démon du pendu lui fit froid dans le dos. Dans une telle situation, une seule solution : faire appel à des exorcistes professionnels comme la famille de son ami Nagare.
Alors que les éditions Pika rééditent la série phare de Toro Fujisawa, “G.T.O.”, et commence la publication de la suite d’un autre de ses succès, “Tokko”, Pika nous présente en parallèle une autre de ses séries, “Dark Goddess”. Il s’agit d’un triptyque, ce qui n’est pas s’en rappeler évidemment le cas des mini-séries “Tokko” ou encore “Rose Hip Rose”. Pour ce manga, Toru Fujisawa s’est associé avec Hirokazu Ochiai qui se charge ici du dessin. Nous avions découvert ce dernier par sa série “Happy Project”, paru aux éditions Soleil manga.
“Dark Goddess” nous raconte le retour sur terre de la déesse des Cieux Assombris aussi surnommée la déesse des mauvais sorts, Anjo. Son retour est aussi l’annonce d’une ère de ténèbres car la déesse était emprisonnée avec un démon, Mukuroha, le grand Tengu. Vous l’aurez compris, nous sommes plutôt dans un univers de yokais placé dans l’ère moderne. Les deux esprits reviennent après un millénaire d’absence et sont confrontés au monde moderne. En tout cas Anjo, qui prend un malin plaisir à savourer les nouveautés aussi bien en mode qu’en nourriture... pour le plus grand malheur de Nagare. Notre héros n’est évidemment pas seulement l’inconscient ayant libéré les deux dieux mais aussi un fils d’exorciste. Toutefois, ce n’est pas le hasard qui réunit Anjo et Nagare mais bien un destin supérieur qui nous sera certainement révélé dans le troisième tome. Le rapport entre Nagare et Anjo est assez conflictuel, donnant lieu à de nombreuses scènes humoristiques où le pauvre garçon est malmené par Anjo, avec des tortures aussi diverses qu’un Daruma l’écrasant ou une charge de rhinocéros... Oui, j’avoue avoir aussi eu un moment de circonspection avec cette scène mais bon, nous sommes sur un titre qui ne se prend pas trop au sérieux contrairement à un “Tokko” par exemple. Nagare et Anjo vont donc apprendre à s’apprécier, la déesse ayant le problème de porter malheur à qui lui demande son aide, et Nagare va donc subir également des coups de malchance à répétition. L’humour est très présent,, même si les scènes d’exorcisme de démons sont au cœur de la série.
Car au-delà du rapport entre Nagare et Anjo, le titre va pulluler de démons divers et de familiers plus ou moins pittoresques comme ceux qu’Anjo accorde au pauvre Nagare. Les personnages de Hirokazu Ochiai ne brille pas par leur originalité et leur physionomie n’est pas des plus réussie, ressemblant plus à de grands dadais pas très souples et aux mouvements un peu trop rigides. A noter que Hirokazu Ochiai est passé au dessin numérique et qu’il n’a clairement pas encore la maîtrise parfaite de ses logiciels. Toutefois, les démons sont par contre très réussis, en particulier le loup fossoyeur. Le mélange humour/action passe plutôt bien même si les scènes où Nagare subit la colère de Anjo sont assez répétitives car reprenant quasi systématiquement la même punition : Daruma noir ou rhinocéros. Vu ses pouvoirs, Anjo aurait pu varier un peu plus les plaisirs sadiques. D’un autre côté, Nagare insulte assez régulièrement la déesse, à croire qu’il est en fait un adepte du masochisme. Le côté sombre incarné par Mukuroha n’est jamais présent très longtemps, l’humour et le côté léger de cette série reprenant rapidement le dessus. Comme à son habitude, Toru Fujisawa lance un nombre important de pistes d’histoire pour sa série, tout en sachant qu’en trois tomes, il n’aura pas vraiment le temps de les développer, pour ne pas dire pas une seule case. C’est le côté frustrant des mini-séries de Toru Fujisawa qui ne se finissent jamais ou qui laissent le lecteur sur un suspens important tout en sachant qu’il ne lui sera jamais apporté les réponses à ses questions.
Connaissant le mangaka, j’avoue avoir de fortes craintes sur le dernier tome de la mini-série. Va-t-il nous abandonner, comme pour les séries précédente, en cours de route, frustrés et en attente de beaucoup plus ? La réponse en janvier.
Dark Goddess (T1 et 2)
Scénario : Toru Fujisawa
Dessin : Hirokazu Ochiai
Traducteur : Soizic Schoonbroodt
Éditeur français : Pika
Format : 120 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 192 pages
Date de parution : 20 septembre et 15 novembre 2017
Numéro IBSN : 9782811632380 ; 9782811632472
Prix : 7,20 €
EYAMI NO KAMI © TÔRU FUJISAWA & HIROKAZU OCHIAI / Kodansha Ltd.
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