Mais Buscema, qui portait un jugement sévère sur les comics, trouvant leurs histoires idiotes, voire mauvaises, va connaître les turpitudes d’une industrie qui se prive de salariés pour ne travailler qu’avec des free-lances, paie mal et évolue de crise en crise. Il en vint à jeter tout ce qu’il avait pu collectionner d’artistes qu’il admirait comme Hall Forster, Alex Raymond et Burne Hogarth. Il continua à travailler pour la bande dessinée car il avait compris qu’il en vivrait mieux qu’en se lançant dans la peinture. L’homme est très productif, tout en conservant une belle constance, arrivant à livrer une moyenne de 2 à 4 pages par jour. Seul Jack Kirby a dû faire mieux, mais lui adorait les comics !
Travaillant pour de nombreuses agences, ce n’est qu’en 1966 que Stan Lee le décide à revenir chez Marvel, usant de persuasion pour lui démontrer que les comics étaient redevenus un business, viable, notamment après la désastreuse période du Comics Code.
Buscema décortique alors le travail du King Kirby, « pompant éhontément » son style cosmique, et travaille sur “The Avengers”, avec celui qui eut une grande importance dans l’évolution de sa carrière, Roy Thomas. Ses pages, débordant de vie et de beauté marquent alors les esprits. “Sub-Mariner”, puis le formidable “The Silver Surfer”, forgent alors un peu plus sa renommée. Il est partout, adulé des lecteurs, multipliant les genres et les rencontres comme avec John Romita.
Il dessine les plus emblématiques des héros de Marvel, Nick Fury, Hulk, Spider-Man, Wolverine, les Quatre Fantastiques et succède à Kirby (parti chez DC Comics) sur “The Fantastic Four”, tout en produisant en même temps “Thor”. Et puis, Roy Thomas alluma la mèche “Conan”, emportant dans sa passion pour l’œuvre de Robert E. Howard un Buscema enthousiaste, même s’il dut attendre quelques années, pour de médiocres motifs économiques, la succession de Barry Windsor-Smith.
“Conan The Barbarian” accompagna alors Buscema jusqu’à l’âge de sa retraite qu’il prit en 1997, à soixante-huit ans. L’homme préférait la Fantasy, Conan le Cimmérien le fera définitivement entrer dans la légende.
“Big John Buscema” est un projet né autour d’une exposition en Espagne, en 2009, dont Florentino Florez était le directeur. C’est une énorme monographie réalisée par des passionnés de l’œuvre de ce galérien du dessin qui ont réuni de nombreux témoignages et une impressionnante galerie d’illustrations près de la famille et de nombreux collectionneurs. L’ouvrage est d’une richesse inouïe, démontrant s’il le fallait le talent extraordinaire de Buscema, toujours resté quelque peu sous-estimé car provenant de ce médium ignoré des critiques qu’est le comic-book.
Cet ouvrage « monstre » est un véritable tour de force, référencé, d’une lecture passionnante, il est magnifiquement illustré avec de nombreuses archives inédites, des crayonnés. C’est l’indispensable regard pour apprécier à sa juste mesure la qualité et la variété de l’immense palette créative d’un artiste majeur qui a redéfini et imaginé de nombreuses séries cultes des comic books. Pour découvrir aussi un peu de sa légende, la diversité incroyable de son œuvre, une partie de ses secrets et de ses tourments.
À placer dans sa bibliothèque de référence !
Big John Buscema
Oubrage dirigé par Florentino Florez
Éditeur : http://www.urban-comics.com/
Collection : Urban Books
Pagination : 328 pages couleurs
Format : 21x27,5 cm
Dépôt légal : 8 septembre 2017
Numéro ISBN : 9782365776349
Prix public : 39 €
À lire sur la Yozone :
Brève sur Big John Buscema
Illustrations © John Buscema, Éditions Urban Comics et ayants droits (2017)