2076, Los Angeles, plusieurs décennies après le Grand Déluge.
Ce jour où le Cloud explosa, révélant au monde ébahi les informations les plus secrètes, les plus précieuses et les désirs inavouables que les Américains lui avaient confié en totale insouciance. Accident, acte de guerre, pendant quarante jours, le Cloud a déversé son contenu sur le pays. Personne ne fut épargné, la fuite de cette folle somme d’informations privées détruisit une multitude de vies. Aujourd’hui, une autre façon de vivre s’est imposée, sans internet, sans réseaux sociaux, et tous protègent férocement leur identité.
Ils vivent masqués, derrière des nymes animaliers, usent de plusieurs identités, se gargarisent d’infos publiées sur les écrans géants de Teevee, lisent de vrais livres, écoutent des vinyles, se méfient des paparazzis et confient leur sécurité à la presse, le Quatrième pouvoir. Oui en 2076, ainsi différencie-t-on les détectives privés de la police officielle. PI fait partie de la première catégorie, une femme vient de l’engager pour enquêter sur elle-même. Etrange ! D’autant plus que le lendemain, elle est retrouvée assassinée.
Avec “The Private Eye”, Brian K. Vaughan a voulu créer une fiction sur la vie privée, se demandant si la course folle de notre génération au partage de tous ses secrets via internet était bon ou mauvais. N’ayant pas la réponse, il a déroulé ce polar futuriste rythmé et parfois bien déjanté pour se demander si, décrochés des écrans, les gens recommencent à imaginer comment transformer leur monde.
Le ton est à une anticipation colorée, lumineuse, bariolée, sans super-pouvoirs mais avec des journalistes ou des bibliothécaires étonnants, sur le rythme d’une enquête trépidante, débordant d’action et de commentaire social sans filtre.
Imaginé pour le Web (et oui ! Voir le site Panel Syndicate), tout l’album se joue dans une grande largeur permettant au dessinateur Marcos Martin des panoramiques impressionnants, dans un style rétro-futuriste dynamité par les formidables couleurs de Muntra Vicente.
Malgré une toute petite baisse d’intensité au cœur de son intrigue, ce comic book réjouissant est une des grosses claques de cette fin d’année.
Plus, je dirais même un régal qui mérite l’arrêt d’urgence !
The Private Eye
Scénario : Brian K. Vaughan
Dessin : Marcos Martin
Couleurs : Muntra Vicente
Éditeur : Urban Comics
Pagination : 304 pages couleurs
Format : 21x27,5 cm
Dépôt légal : 6 octobre 2017
Numéro ISBN : 9791026810667
Prix public : 28 €
Illustrations © Marcos Martin et Éditions Urban Comics (2017)