Difficile d’expliquer cette effroyable épreuve aux forces de police qu’elle a appelées, en totale panique. Tout comme l’agent James Hallam, devenu plus qu’un ami depuis leur rencontre dans un pub, personne ne croit aux fantômes, même en Angleterre !
Mais Katie est une personne qui ressent les ondes dégagées par les souvenirs ancrés dans une maison. Bien sûr, elle visite la chambre interdite par Emily, celle de Barbe Bleue comme elle aime à en rire au début, et découvre un lieu étrange, empli de rites de protection. Pour Katie, il est évident qu’Emily était en danger dans cette maison et qu’elle l’a fuie pour se protéger. Elle se lance alors dans une enquête qui fait émerger une multitude d’agressions, de tueries de chiens et de meurtres. Elle se doit de découvrir ce qui hante cette maison, pour délivrer Emily de la malédiction qui la terrifie. Comme vous vous en doutez, elle se trompe sur toute la ligne !
“La Malédiction de Rowans” est un récit à la fois classique et moderne. Les thèmes de la maison possédée, de la malédiction familiale, des fantômes qui reviennent se venger ont si souvent été abordés en littérature, au cinéma, en bande dessinée. Mais le scénariste Mike Carey a cette formidable qualité de s’emparer de thématiques anciennes pour les remettre au goût du jour, avec une écriture moderne, incisive et je dirai sans concession. Scénariste sur “Hellblazer”, le génial “The Unnwritten” (enfin de retour chez Urban Comics) ou de “Lucifer”, il joue de tous les codes du récit d’horreur, essayant de nous semer sur de nombreuses fausses pistes, sans doute trop grossièrement balisées car le final n’étonnera pas qui connaît ses classiques.
Mais c’est en s’associant à ce dessinateur extrêmement réaliste qu’est Mike Perkins (“Le Fléau”, adapté de Stephen King, “Ruse”, “Carnage”) qu’il réussit à s’inscrire en notre époque, glissant quelques scènes d’échanges et de communication s’ouvrant sur le monde dans ce scénario claustrophobe, totalement recroquevillé sur la vielle demeure hantée de Rowans Rise.
Autour de la personnalité forte, décidée et un peu naïve de Katie, un personnage très réussi, les deux auteurs proposent une histoire intense, dramatique, punchy, au goût horrifique certes de déjà vu, mais globalement captivante. Annoncé comme un récit complet, je ne sais pas si on reverra Katie Shackley mais ce serait bien dommage tant ce personnage est intrigant, corps et esprit couverts de tant d’immenses plaies béantes, qu’il serait intéressant de la revoir dans d’autres enquêtes paranormales, peut-être juste un peu plus novatrices.
À adopter comme une série B d’horreur bien écrite et bien balancée.
La Malédiction de Rowans
Scénario : Mike Carey
Dessin : Mike Perkins
Couleurs : Andy Troy
Éditeur : Delcourt
Pagination : 112 pages couleurs
Format : 19 x 28,4 cm
Dépôt légal : 31 mai 2017
Numéro ISBN : 978-2-7560-8296-7
Prix public : 15,95 €
Illustrations © Mike Perkins et Éditions Delcourt (2017)