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Extraordinaires & Fantastiques enquêtes de Sylvo Sylvain, détective privé (Les), tome 1 : Rue Farfadet
Raphaël Albert
Mnémos, Dédales, roman (France), steampunk, 250 pages, 2010, 18€

Panam, 1880. Dans ce Paris merveilleux, les Hommes, leur progrès et leurs industries ont pris le dessus, reléguant les créatures féériques au second plan. La magie est très encadrée, étouffée, les Petites Gens malmenées. Les Nains et Orques fournissent la main-d’œuvre nécessaire aux usines. Sylvo Sylvain est un des rares elfes à avoir quitté ses forêts pour la ville, où il vivote comme détective privée, secondé par Pixel, un petit faerie volant (un Pillywillyn). Une banale filature dans un cas d’adultère se conclut par un attentat terroriste, quand un sylphe détruit un pâté de maison. Ce n’est pas le prmeier du genre, la capitale frémit depuis quelques mois, la classe politique et la police sont sur des charbons ardents. Sylvo, lui, s’en moque, et noie sa solitude dans le ouisk, seule l’ivresse lui permettant de dormir.
Mais là, trop de choses se croisent pour être le fruit total du hasard : le rendez-vous galant du mari volage était des plus surprenant, un Troll -race devenue rare- était présent sur les lieux, ainsi qu’un gros bonnet de la pègre panaméenne.
Quand un gratte-papier publie une photo de l’attentat, la présence de Sylvo vient s’ajouter à la liste des bizarreries, et la police en tire vite des conclusions, pour une fois... Propulsé suspect, puis appât, Sylvo va devoir démêler tout cela à la barbe de la flicaille s’il ne veut pas y laisser des feuilles...



Le roman de Raphaël Albert, bien que teinté d’une légère tristesse, est un grand plaisir de lecture, truffé de moments truculents, de bons mots et de situations rappelant les polars de la grande époque. Et son univers est un petit bijou, un personnage à part entière, et l’âme même de son texte.
Panam, donc, Paris merveilleux mais industriel, Paris à la magie étiolée, mais Paris, ses ors et ses bas-fonds. Raphaël Albert a repeint la capitale d’une bonne couche de féérie, et s’amuse clairement à tordre à la sauce fantasy les noms des grandes avenues, quartiers et monuments (du boulevard Ossements à Ancêtre-Gobelin). Son travail sur le temps démontre tout le sérieux de son entreprise. Mois, jours et heures sont rebaptisés et pourvus de sens (l’heure du pain, du premier vin, l’heure des chats, des ombres, de la rosée, etc.) et contribue efficacement à rendre cet univers alternatif cohérent et, par l’intuitivité des intitulés, qui résonnent forcément à nos oreilles autant qu’à notre esprit, nous le rend accessible sans aide aucune de lexique. Bref, on est immédiatement et durablement immergé dans un décor, une société, une ambiance. La ville est vivante, de tout ce qui y vit.
Le héros, Sylvo, est loin d’être le moins intéressant. Si certaines races sont communes en milieu urbain, on apprendra qu’il n’y a que deux elfes à Panam. Sylvo ne lâche que des bribes sur la société des Forêts, et les raisons qu’il l’ont poussé au départ (une histoire de cœur ?), en fait un exil. Il parle de lui-même davantage comme d’une plante que d’un être humain, et prétend avoir besoin de se saouler pour dormir. Ce n’est peut-être qu’un prétexte, néanmoins sa mélancolie quasi permanente le pousse sans mal sur le chemin de la bouteille. Une rencontre avec une charmante personne va le tirer de cette torpeur, de ce spleen qu’il entretient sinon avec application.
Pas mauvais dans son métier, Sylvo possède un excellent réseau, et son enquête va nous ouvrir de nombreuses portes. Caïds, mages à la retraite, l’auteur nous réserve toujours une petite allusion amusante, un détail qui pousse à sourire. Comme pour son univers, les références sont si nombreuses qu’on finit par les chercher partout, sans toutefois avoir l’assurance d’être tombé juste. Cette connivence avec le lecteur marche à plein, et l’amateur de fantasy sera aux anges. Celui de polar aussi, car cette première affaire, un peu nébuleuse au début vu le peu d’intérêt que Sylvo porte à la politique, est un vrai complot aux nombreuses ramifications, et à défaut de tout deviner, on appréciera de parvenir à démêler quelques ficelles seul.

Si l’auteur privilégie une narration interne, quelques chapitres se présentent sous forme d’extraits de journaux, pagination agrémentée de réclames Art nouveau, le tout du plus bel effet. Mention très bien à Mnémos, qui de la couverture à la mise en page joue parfaitement le jeu XIXe.

Et comble de bonheur, le 4e tome (et semble-t-il hélas dernier) sort ce mois.


Titre : Rue Farfadet
Série : Les Extraordinaires & Fantastiques enquêtes de Sylvo Sylvain, détective privé, tome 1
Auteur : Raphaël Albert
Couverture : Aurélien Police
Éditeur : Mnémos
Collection : Dédales
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 240
Format (en cm) :
Dépôt légal : octobre 2010
ISBN : 9782354081010
Prix : 18 €

Édition Poche
Éditeur : Mnémos
Collection : Hélios
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 288
Format (en cm) : 18 x 11 x 2
Dépôt légal : juin 2013
ISBN : 9782354082031
Prix : 9,90 €


Sylvo Sylvain :
I : Rue Farfadet
II : Avant le déluge
III : Confessions d’un elfe fumeur de lotus
IV : De bois et de ruines


Nicolas Soffray
7 octobre 2017


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