Mais pourquoi a-t-il accepté cette escapade en vélo ? Déjà, Yoshiyuki devait aller voir une ancienne amie qu’il n’avait pas revue depuis le collège mais avec qui il avait gardé le contact. Un plan loin d’être évident, mais quand Kosuke lui proposa de faire le trajet à vélo, l’histoire commençait déjà à sentir le roussi. Seulement en pleine descente, la chaîne de Kosuke se casse projetant ce dernier dans le décor sans que Yoshiyuki s’en aperçoive. Alors qu’il attend désespérément son ami, Yoshiyuki est témoin de ce qui lui semble être une agression. Prenant son courage à deux mains, il intervient dans cette altercation, finissant même par partir avec la fille. En fait, l’ex de cette dernière n’a pas vraiment apprécié qu’elle le laisse tomber comme une vieille chaussette pour partir à Tokyo et maintenant, elle revient chez elle dans cette station balnéaire sans avoir vraiment réglé le problème. Yoshiyuki n’est pas vraiment indifférent au charme de la demoiselle, même s’il est bien incapable de faire le premier pas. Toutefois, le lendemain, l’amoureux est de retour avec deux acolytes.
“Fossiles de Rêves” est une recueil de nouvelles de Satoshi Kon, publiées entre 1984 et 1989. Si ce dernier n’est pas très connu en France pour ses mangas, il l’est par contre pour ses films d’animation : “Perfect Blue”, “Paprika”, “Paranoïa Agent”. Une palette d’œuvre qui ont marqué le cinéma d’animation dans des styles très différents. Les nouvelles de “Fossiles de Rêves” nous emmènent au début de sa carrière puisque Satoshi Kon avait 21 ans pour la plus ancienne, qui s’avère être la dernière de ce recueil, “Les Prisonniers”. Satoshi Kon nous a malheureusement quitté le 24 août 2010.
“Fossiles de Rêves” est très hétérogène comme les typologies d’histoires compilées dans cet imposant recueil de plus de 400 pages, en plus sous le grand format de la collection Graphic des éditions Pika. Je passerai sans m’attarder sur les deux histoires basées sur le Baseball, un sport que l’on retrouvera anecdotiquement dans d’autres histoires. J’avoue avoir été totalement hermétique à celles-ci, qui ont d’ailleurs cassé l’excellente atmosphère créée par “Sculpture”, la première nouvelle.
Parlons plutôt des autres styles à commencer par la science fiction. L’influence de Katsuhiro Otomo est flagrante, d’ailleurs la nouvelle “Pique Nique” a été publiée dans le recueil “Akira World”, dédié à l’œuvre majeur de ce dernier. Ses univers sont souvent post-apocalyptiques ou mettant en scène une jeunesse ultra violente cherchant à briser les codes imposés par leur parents. Ce sera en particulier le thème des “Prisonniers”, critique de la société qui servait de base à “Akira” et qui trouve une déclinaison très pessimiste dans la nouvelle de Satoshi Kon. D’ailleurs, la vision du futur du mangaka, dans ses nouvelles de science fiction, n’est guère enthousiaste. Même “Sculpture” laisse un goût tragique et n’offre pas réellement d’espérance aux singuliers. C’est d’ailleurs une vision classique des mangas des années 80.
Ce ne sera heureusement pas le cas des histoires de société de ce recueil. Bien au contraire, toutes sont humoristiques et jouent sur la naïveté, la maladresse des héros qui finissent toujours par s’en sortir par une pirouette. La nouvelle “Un été sous tension” est un véritable cas d’école de ce style de Satoshi Kon. Le héros va se créer lui-même des ennuis en s’occupant d’affaires qui ne le regardent pas. Et rien ne vaut des histoires de cœur pour générer des quiproquos et des situations cocasses à souhaits. Le traits de Satoshi Kon est typique des seinen des années 80, entre Katsuhiro Otomo et Tsukasa Hojo. Son dessin est bien détaillé mais les traits des personnages sont parfois approximatifs, toutefois, cela ne gêne pas la lecture, avec des histoires souvent menées tambour battant comme un vélo lancé à pleine vitesse ou encore comme ce brancard et sa course folle dans les rues de la ville. Satoshi Kon part toujours d’une situation qui pare vrille pour la tourner en ridicule sans toutefois ridiculiser ses personnages, qui sont plutôt embarqués dans son terrible engrenage sans la moindre pitié. Le lecteur est harponné à leur suite et ne décroche plus. Heureusement, les nouvelles sont assez courtes et le lecteur peut reprendre son souffle.
“Fossiles de Rêves” est un bon moyen de découvrir le style de ce grand artiste qu’était Satoshi Kon ou redécouvrir ses œuvres de jeunesse.
Fossiles de Rêves
Auteur : Satoshi Kon
Traduction : Nam Suk Pyun
Éditeur français : Pika
Collection : Pika Graphic
Format : 172 x 240, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 424 pages
Date de parution : 8 février 2017
Numéro IBSN : 9782811633011
Prix : 22 €
YUME NO KASEKI © 2011 Kon stone, Inc / Kodansha Ltd.
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