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Brins d’Éternité n°47
Revue des littératures de l’imaginaire
Revue, n°47, Science-fiction - fantastique - fantasy, nouvelles - critiques - articles, printemps/été 2017, 128 pages, 10$ CAD

Dans la partie rédactionnelle nous est présenté “Horizons imaginaires”, un programme développé dans le collège Marianopolis à Montréal et visant à promouvoir les genres de l’imaginaire. L’interview de Mathieu Lauzon-Dicso, enseignant de français et instigateur du projet, révèle ses actions et montre comment il se développe. Une belle initiative à saluer et montrant l’implication d’adolescents pour le faire vivre.
De son côté, Pierre-Alexandre Bonin revient sur l’histoire d’Alire, la maison d’édition lancée par Jean Pettigrew en 1996, après plusieurs tâtonnements. Bien entouré, il a su démarrer avec des auteurs établis comme Élisabeth Vonarburg, Esther Rochon, Jean-Jacques Pelletier... Toutefois, ce papier est appelé a être complété, car il reprend un ancien travail du rédacteur qui couvrait la période 1996 - 2008. C’est d’autant plus intéressant que 9 ans plus tard, Alire est toujours un acteur majeur de l’édition québécoise.



Première nouvelle : “Tu n’es pas seule” de Frédérick Durand. Imposer sa volonté à autrui peut se révéler plaisant, mais ne plus réussir à le faire ou même soupçonner d’en être victime l’est déjà beaucoup moins. L’idée de départ est assez simpliste, mais qui n’a jamais rêvé d’avoir ce don ! Forcément, l’auteur titille nos envies les plus profondes avec ce texte.

“Plus vrai que nature” d’Elodie Serrano est bien plus profond. Une fois de plus, l’humanité des robots est soumise à la question. Dans une émission télévisée, chacun peut se présenter pour prouver qu’il est digne d’être l’égal de l’homme. Le droïde Sacha a échoué à chaque tentative. En gagnant la confiance d’une dame âgée, elle évolue et espère que peut-être cette fois... Le récit s’avère poignant, car il exprime la détresse de Sacha, son incompréhension face à l’échec. Le lecteur comprend ce qui cloche lors du premier essai mis en scène et la conclusion n’en est que plus terrible. Elodie Serrano livre là un texte fort, propice à faire réagir le lectorat. Belle performance !

À la tête de son peuple, le chef suprême a résisté aux envahisseurs venus du ciel, mais le combat était perdu d’avance et le voilà devant son bourreau. Toutefois, Samuel Lapierre offre une suite inattendue, rendant hommage au vaincu. Entre torture et tradition, la lecture de “B’êtounga” est à plusieurs niveaux, ce qui est bien vu.

Fantasy pour Manon Bousquet avec “Noir freux et blanche laie”. La mère de Camille n’est pas revenue et ses nuits sont peuplées de cauchemars si réels, ressemblant à des appels. Beltaine, Lug... autant de noms qui ramènent à la mythologie celtique, aux anciennes légendes qui s’éteignent avec le temps. Ne plus y croire revient à les faire tomber dans l’oubli, à les faire disparaître. Nouvelle riche par son évocation d’anciens rites et dont l’histoire n’est dévoilée que petit à petit. L’auteur joue très bien de la cohabitation de deux mondes si proches et si différents à la fois et y rajoute une note touchante.

Gaël Marchand œuvre dans un registre un peu similaire. En charge d’un comptoir à la Nouvelle-Adélaïde, Louis rencontre une jeune femme dont il s’éprend. Mais ne la voit pas aussi souvent qu’il le voudrait. Les gens du coin ont bien sûr une explication, du genre pas facile à accepter pour un étranger. “Automne aux îles Ruppert” est agréable à lire, intrigante aussi, car pas facile à dater, et possède des accents de nostalgie bienvenus.

Même si les dernières nouvelles de Daniel Sernine dans « Brins d’Éternité » sont des rééditions, impossible de bouder son plaisir. Le second du bateau l’Atlante n’aime pas le passager que le capitaine a accepté à bord. En mer, l’équipage s’inquiète des bruits sortant de sa cabine. Il a payé pour ne pas être dérangé, mais la grogne augmente. L’atmosphère inquiétante de “Belphéron” gagne les lecteurs, le fantastique monte en puissance au fil des pages. Daniel Sernine s’avère très fort dans ce registre et il gagne facilement l’attention de chacun. Une valeur sûre !

Ceux qui escaladent la montagne pour trouver fortune de l’autre côté ne sont que de doux rêveurs qui ne reviennent jamais du voyage. Le Vieux Monge a beau leur expliquer lorsqu’ils passent, ils ne suivent jamais ses conseils, préférant mourir dans leurs folles tentatives. “35 kg de peur” ressemble aux histoires racontées autour d’un feu de camp et visant à effrayer l’auditoire. Loïc Daverat interpelle par cette impossibilité apparente de franchir le sommet et construit son récit autour de ce postulat, sachant concilier brièveté avec efficacité.

Avec “La déontologie des portes”, Jean-Louis Trudel fait encore plus court. Un appel est lancé à ceux qui ont connu une guérison miraculeuse. Quelle porte faut-il franchir pour y avoir droit ? L’idée est dans un sens intéressante, mais l’ensemble n’est pas très prenant.

Huit nouvelles dont la majorité peuvent être qualifiées de sympathiques, mais dont on retiendra surtout celles de Daniel Sernine et Elodie Serrano. Il y en a néanmoins pour tous les goûts, ce qui est toujours plaisant.
Un numéro de « Brins d’Éternité » consistant.


Titre : Brins d’Éternité
Numéro : 47
Éditeurs : Guillaume Voisine, Ariane Gélinas, Alamo St-Jean
Couverture : Adeline Lamarre
Illustrations intérieures : Jubo, Aurélie Lecloux (en collaboration avec Jubo), Cédric Godin Olicard
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques, entretien
Site Internet : Brins d’Éternité
Période : printemps/été 2017
Périodicité : quadrimestrielle
ISSN : 1710-095X
ISBN : 978-2-924585-05-4
Dimensions (en cm) : 13,9 x 21,4
Pages : 128
Prix : 10 $ CAD



Pour écrire à l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
10 juillet 2017


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