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3e Gédéon (Le) (T1)
Taro Nogizaka et Satoshi Yamanaka
Glénat

La France, 1788. Gédéon Aymé écrit des romans coquins pour se faire une petite somme d’argent. Car ce n’est pas la vente de ses pamphlets pour accroître le pouvoir du Tiers état qui lui permettent de vivre. Seulement Gédéon a honte de ce travail car il ne s’imagine pas devoir expliquer à sa fille pourquoi il laisse tomber ses ouvrages révolutionnaires pour s’abaisser à des ouvrages que la morale réprouve. Et si la police fait soudain irruption chez son éditeur, Gédéon ne s’en étonne nullement, dans ce monde où le Clergé est si puissant que des romans permettant au petit peuple de divertir sont mis à l’index. Mais si le marquis Arnaud, propriétaire des terres où se situe le village où vit Gédéon, l’a arrêté, ce n’est pas pour cette petite incartade. Non, il connaît l’engagement de Gédéon comme membre du parti patriote et il souhaite en faire un de ses alliés, ou plutôt un outil à son service pour noyauter ce Tiers état qui voudrait défier la noblesse. Et pour convaincre Gédéon, le marquis n’hésite pas à menace de pendre sa fille.



Gédéon est désespéré. A trop vouloir jouer sur sa ruse, sa parole ne vaut plus rien et il comprend rapidement que le marquis pourrait pendre sa fille uniquement pour lui donner une bonne leçon. Mais quand la chaise sous les pieds de la condamnée est retirée, un mystérieux chevalier masqué tranche la corde et sauve la jeune demoiselle. Il ne cache guère longtemps son identité : il est George sixième du nom, duc de Loire. Un titre et un nom que Gédéon ne connaît que trop bien. Le père du jeune homme masqué l’a acheté à ses parents alors qu’une grande disette dévastait la campagne et ses gens. Gédéon et Georges étaient devenus de grands amis au point que ce dernier offrit au roturier qu’il était une montre à gousset pourvue des armoiries des ducs de Loire. Malheureusement, un triste événement obligea Gédéon à quitter cette demeure qui l’avait accueilli. Au cours d’un entraînement à l’épée, il blessa Georges au visage, le défigurant et le privant de son œil gauche. Même si ce n’était pas délibéré, il avait blessé l’héritier d’une des plus nobles familles de France et il dut fuir. Maintenant Georges est bien là devant lui, relevant le défi du marquis : un duel à l’épée.

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“Le 3e Gédéon” est la nouvelle série de Taro Nogizaka. Le mangaka nous avait bien tenu en haleine avec La Tour Fantôme. Cette fois, changement d’univers. Après le Japon de l’après-guerre, il nous emmène dans un lieu qui est loin de nous être étranger : la France à l’aube de la révolution de 1789. Mais Taro Nogizaka est un perfectionniste et pour éviter trop d’anachronismes, il s’est associé avec Satoshi Yamanaka comme conseiller historique. Et il faut avouer que Taro Nogizaka va jouer avec les grands noms de la Révolution française, son héros, Gédéon Aymé croisant nombre de personnages qui deviendront les symboles de la Terreur. Car si Gédéon Aymé est un idéaliste, rêvant d’un Tiers état capable de supplanter la Noblesse et le Clergé, Georges de Loire est un nihiliste avant l’heure, ne gardant de la notion de révolution que le chaos qu’elle peut engendrer. Taro Nogizaka nous entraîne en 1788 alors que la France subit un importante disette suite à de mauvaises récoltes, un vent de révolte se fait sentir alors que le Tiers état doit renouveler ses membres et que le parti patriote tente d’obtenir la majorité des députés. Gédéon est un idéaliste, qui tente de convaincre le peuple de se révolter contre toutes les injustices qu’il subit de la noblesse comme du clergé, mais à travers ses représentants. Georges semble vouloir s’allier au parti patriote mais la révolution qu’il souhaite se réalisera dans le sang.

Georges a un faux aire de Griffith dans Berserk, avec ses allures androgyne qui laisse une forme d’ambiguïté sur ce personnage. Mais il s’avère assoiffé de sang, n’hésitant pas une seconde à tuer ceux qui osent le défier ou lui barrer la route. Sa relation avec Gédéon en devient complexe car Gédéon est tout ce que peut détester un personnage comme Georges, sans oublier que ces deux amis d’enfance ont une dette de sang qui les lie, Gédéon ayant défiguré Georges. Cet accident aurait-il changé profondément le caractère si enjoué du jeune garçon ? En tout cas, Georges adulte défend le peuple mais à travers le chaos. L’associer à Saint Just paraît alors très logique. Taro Nogizaka respecte l’âge du personnage à l’époque et utilise une période de sa vie laissant une certaine liberté au mangaka, Saint Just étant alors étudiant à Reims. Toutefois le mangaka va tout de même jouer avec notre histoire en faisant se rencontrer Robespierre et Saint Just bien avant l’heure, mais surtout en donnant une image plutôt sympathique de Robespierre, loin de l’image classique du personnage, alors avocat à Arras (ce qui est un fait historique). Le mangaka joue intelligemment sur la naïveté de Gédéon, souvent manipulé par un Georges d’une grande perversion. Le cliffhanger de ce premier tome très dense abandonne ce pauvre Gédéon en bien mauvaise posture.

Graphiquement, les traits des personnages de Taro Nogizaka sont reconnaissables au premier coup d’œil. Toujours aussi expressifs, le mangaka n’hésite pas à réaliser de nombreux gros plans sur chaque protagoniste. Le mangaka parvient toujours à faire passer toute la palette des sentiments à travers ses personnages, sans oublier des décors très riches, même si ici, le mangaka ne réalise que peu de plan large, restant sur des petites cases mettant en valeurs les acteurs plus que le décor.

“Le 3e Gédéon” commence sur un bon rythme, donnant de nombreuses informations sur les objectifs des principaux personnages, mais usant surtout sur les faux-semblants.


Le 3e Gédéon (T1)
- Auteur : Taro Nogizaka
- Supervision historique : Satoshi Yamanaka
- Traduction : Yohan Leclerc
- Editeur : Glénat
- Format : 130 x 180 mm
- Pagination : 208 pages noir et blanc
- ISBN : 9782344018354
- Parution : 8 mars 2017
- Prix : 7,60 €


© Edition Glénat - Tous droits réservés



Frédéric Leray
19 avril 2017




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