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Assassins (T1 et 2)
Hirohisa Sato
Komikku éditions

Jinsuke aurait pu avoir la vie d’un petit garçon normal, entouré de parents aimants. Mais depuis ce sinistre jour, sa mère et lui fuient de ville en ville, apeurés au moindre bruit. Tout cela depuis que son père a vu quelque chose qu’il n’aurait jamais dû voir et qu’il a payé de sa vie. Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Jinsuke et malgré leur nouvelle vie, sa mère a choisi de lui faire un beau cadeau, en souvenir des jours passés : un bel appareil photo. Le petit garçon mérite bien un véritable anniversaire... pas trop bruyant pour ne pas irriter leur voisine qui déboule au moindre son sortant de l’ordinaire. Pourtant, cette fois, la mère n’y est pour rien quand elle s’effondre lourdement sur le sol. Quel terrible anniversaire pour le pauvre Jinsuke : voir sa mère tuée d’une balle dans la tête par un homme qui s’apprête maintenant à faire de même sur lui. Seulement, il a également énervé au plus haut point Suzuki... qui est également tueuse à gages de profession...



Mais dans quelle galère s’est donc mise Suzuki ? La voilà devenue une fugitive, se coltinant en plus ce fichu gamin. D’ailleurs si elle s’est mise les flics pourris du coin à dos, c’est bien de sa faute... Bon, il vient de perdre ses deux parents et sa tête est mise à prix, alors que pourrait-il faire sans elle ? Pas grand chose et elle le sait parfaitement. Mais ce qu’elle ignore encore, c’est qu’elle n’a jamais berné son poursuivant, un limier, un véritable vautour s’amusant avec ses proies pour avoir le plaisir de les tuer au meilleur moment. Oui, Kusu est la pire des pourritures mais surtout, il est déçu par l’évolution que prend la situation. Il s’était fait un plaisir d’affronter une tueuse du calibre de Suzuki, seulement la jeune femme s’est ramollie au contact du gamin et elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Mais qu’à cela ne tienne, il sait comment la motiver. Un petit piège pour forcer le gamin à le rejoindre en pleine nuit et il ne lui restera plus qu’à filmer sa mise à mort afin de pousser Suzuki dans ses retranchements. Seulement rien ne va se passer comme il l’avait prévu...

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“Assassins” est la première série de Hirohisa Sato et il faut avouer que le talent de ce mangaka est littéralement bluffant. Tout commence comme un polar des plus noirs : une famille est témoin d’un vol organisé par des flics corrompus. Malheureusement, l’un d’eux les repère et la famille devient alors la cible d’une organisation ayant gangrené la police locale. De cette famille, il ne reste très vite que le gamin, Jinsuke. Témoin de l’assassinat de sa mère par un de ces flics, il ne doit la vie sauve qu’à l’intervention de sa voisine la tueuse... Oui, je sais cela vous dit quelque chose. Commence alors une fuite en avant de ce duo des plus improbables, pourchassé par un vrai méchant comme on les aime : Kusu. Hirohisa Sato s’attache alors à nous montrer l’évolution des deux personnages. Pour Jinsuke, le plus dur sera de passer le stade du déni de la mort de sa mère. Mais le vide qui s’installe en lui va peu à peu être rempli par un désir de vengeance. Et quel meilleur exemple que Suzuki, une femme forte, une tueuse implacable. Le garçon s’identifie peu à peu à la tueuse et se retrouve séduit par le côté obscur.

Tel un disciple Sith, il faudra un maître au garçon et ce ne sera pas Suzuki bien au contraire. La jeune femme va entrer de son côté dans une phase de recherche de rédemption. Certes, ce sera bien malgré elle, mais la tueuse implacable se laisse adoucir par le garçon, et surtout, elle voit poindre en lui celle qu’elle était avant, et imaginer qu’il prenne le même chemin infernal qu’elle lui est inacceptable. Les changements des deux personnages se font en totale opposition et à la même vitesse. Jinsuke apprend à manier une arme, tandis que Suzuki apprend à manier les ustensiles de cuisine. Hirohisa Sato mélange scènes drôles, dramatiques, tendres, parfois en très peu de pages. Il parvient à nous émouvoir, le lecteur est en total empathie avec son duo se rapprochant, peu à peu à un fils et sa mère adoptive. L’évolution des deux protagonistes est parfaitement crédible et on est pris par ce polar à la fois noir et baignant d’espoir.

Un espoir évidemment corrompu par Kusu. Ce dernier est réellement l’incarnation du flic pourri qui s’amuse avec ses victimes. Et il voit en Jinsuke une oeuvre en devenir. S’il cherche au début à le tuer à tout prix, il découvre qu’il est plus intéressant de le pervertir. C’est lui qui devient peu à peu le maître Sith de notre histoire. Certes la comparaison est un rien osé mais le trajet psychologique de Jinsuke est celle de la perte de l’innocence à un âge où bien au contraire un enfant devrait baigner dedans. La relation entre Kusu et Jinsuke est des plus malsaines mais également des plus intéressantes car le lecteur se demande à chaque instant si le gamin va finir par pencher du côté obscur ou si Suzuki parviendra à le sauver. Si le scénario de ce triptyque est passionnant, le dessin de Hirohisa Sato est tout aussi remarquable. Ses personnages ont de vraies gueules de l’emploi, et ils sont tous très expressifs. Que ce soit la trogne de Jinsuke qui perd sa joie de vivre pour devenir un masque de haine ou le regard fou de Kusu, Hirohisa Sato parvient à faire passer les sentiments de ses personnages à la perfection. On sent un énorme travail du mangaka pour donner vie à ses protagonistes, sans délaisser une seule seconde les décors et l’ambiance, parfois en totale opposition avec la violence des scènes.

Décidément, ce début d’année est riche en petites perles dans des styles souvent très différents. Le polar a trouvé la sienne : “Assassins”.


Assassins (T1 et 2)]
- Auteur : Hirohisa Sato
- Traducteur  : Thibaud Desbief
- Éditeur français : Komikku éditions
- Format : 13 x 18 cm
- Pagination  : 192 pages
- Date de parution : 25 août et 10 novembre 2016
- Numéro IBSN : 978-2372871457 ; 978-2372871464
- Prix : 8,50 €


© 2014 by HIROHISA SATO / NSP Approved Number ZCW-58F
© Komikku éditions- Tous droits réservés



Frédéric Leray
20 mars 2017




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