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Alchimie de la pierre (L’)
Ekaterina Sedia
Le Bélial’, roman traduit de l’anglais (États-Unis), steampunk/fantasy, 264 pages, février 2017, 20€

Mattie est une automate émancipée, un modèle de perfection, la rendant unique. Devenue alchimiste selon ses désirs, elle n’en reste pas moins sous la coupelle du mécanicien qui l’a créée, car il conserve la clé permettant de remonter son mécanisme.
Les deux castes s’affrontent pour dominer la cité, dont la plupart des bâtiments ont été érigée de la pierre par les gargouilles qui se pétrifient au fil du temps. Elles demandent à Mattie de chercher un remède à ce mal, mais l’époque est agitée avec des attentats et une révolution en fomentation.



Ekaterina Sedia est une auteure russe vivant depuis plus de 20 ans aux États-Unis, qui a publié une cinquantaine de nouvelles et cinq romans entre Fantasy et Steampunk. Datant de 2008, « L’alchimie de la pierre » témoigne bien de ces deux influences.
Le mélange des deux genres fonctionne parfaitement et donne un relief certain à l’ouvrage. De plus, les personnages centraux sortent pour le moins de l’ordinaire : les gargouilles s’exprimant d’une seule voix et bien sûr, Mattie, une automate dont Nicolas Fructus croque très bien les traits en couverture. Si les premières s’avèrent pour le moins étrangères à notre façon de penser, la seconde fait vite oublier sa nature. Les lecteurs s’attachent à elle et ne font rapidement plus de réelle distinction entre une femme normale et elle. Ses préoccupations rejoignent celles d’un individu lambda. Son créateur l’a justement voulue très proche d’une femme véritable, mais s’est servi de sa condition mécanique pour conserver la mainmise sur Mattie, notamment en gardant son remontoir. Ce modèle de perfection affiche un masque blanc impersonnel, car elle veut se fondre dans la masse, désirant vivre une existence normale, celle à laquelle chaque individu a droit. Mattie est une héroïne formidable, d’autant qu’elle surprend sans cesse, car son libre-arbitre la lance sur des voies inattendues.

Ekaterina Sedia séduit par son imaginaire ne manquant pas de poésie : cette ville sortie de la roche par des gargouilles, victimes de pétrification et rôdant dans les hauteurs. « L’alchimie de la pierre » se révèle fort en images qui restent et ne durent pas juste le temps d’une lecture. L’auteure ne se contente pas uniquement de Mattie et de sa recherche pour les gargouilles, elle y rajoute un fond politique en ébullition : les Mécanistes prennent le pas sur les Alchimistes et envoient la population au fond des mines pour y extraire les matières premières nécessaires à leur art. Le mécontentement général gronde et, comme souvent, les étrangers sont montrés du doigt et accusés de tous les maux. Les thèmes de cet ouvrage s’avèrent très actuels : l’exploitation des masses par une élite, la condition de la femme dans la société, les étrangers stigmatisés...

Avant sa sortie, voilà un titre qui m’intriguait pour le moins et je l’attendais avec impatience. « L’alchimie de la pierre » tient toutes ses promesses avec une automate donnant une belle leçon d’humanité. Mattie surnage dans une société où ses congénères ne sont que de vulgaires machines, contrairement à elle. Obligée de faire sans cesse ses preuves pour être remarquée et non ignorée, elle fait montre d’un beau courage. Les gargouilles, une autre création magnifique, ont vu au-delà des apparences. La fin va bien plus loin qu’escompté, une nouvelle fois, Ekaterina Sedia étonne, interpelle. Et que dire de l’épilogue de toute beauté !

« L’alchimie de la pierre » représente une très belle surprise. Le mélange Steampunk / Fantasy porté par de très beaux personnages emporte l’adhésion. Voilà un roman d’un peu plus de 250 pages qui emmène les lecteurs très loin dans un imaginaire de qualité et fort en images. La cité regorge de beaucoup d’histoires, de celles dont il vaut parfois mieux ignorer l’existence, mais qui font le régal des lecteurs.
À découvrir pour être conquis !


Titre : L’alchimie de la pierre (The Alchemy of Stone, 2008)
Auteur : Ekaterina Sedia
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Pierre-Paul Durastanti
Couverture et illustrations intérieures : Nicolas Fructus
Éditeur : Le Bélial’
Directeur de collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 264
Format (en cm) : 14 x 20,5
Dépôt légal : février 2017
ISBN : 978-2-84344-913-0
Prix : 20 €


Pour écrire à l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
13 mars 2017


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