Que cherche donc Crump ? Avoir récupéré une grande quantité d’or ne semble pas un but en soit pour le shérif de Gocken. Il y a ce traffic d’enfants qu’il mène dans la plus grande impunité, des gamins laissés entre les mains d’une brute épaisse qui les traite comme des chiens. De quoi ne donner aucun remord à Rubber, la montagne de muscles des Dragon Seekers. Ce dernier parle surtout avec ses poings et son marteau, une énorme masse qui lui permet de porter ses jugements d’une rare violence. Il y a aussi ce village où la population a été décimée sans la moindre pitié, un massacre dont le seul objectif était d’atteindre un membre de l’entourage royal. Crump ne s’arrête devant rien pour mettre la main sur cet objet détenu par sa cible, même à risquer de se mettre à dos les forces d’intervention royales. Ce ne sont pas quelques morts qui l’arrêteront surtout qu’il est proche du but. Et il semble éviter la colère des Dragons Seekers, ou plutôt ces derniers ont encore besoin de lui vivant pour quelques temps.... ce qui n’est pas le cas de ses acolytes. Ils vont payer pour tous ces morts.
“Dragon Seekers” est une série signée Hideyuki Yonehara, un nom maintenant bien connu en France, en particulier par sa série “Dämons”. Après une histoire de vengeance implacable, le mangaka nous entraîne dans une sorte de Far West moderne pour une étrange histoire de chasse au dragon. Ce premier tome est surtout l’occasion de nous présenter les membres de ce groupe de bandits héros, difficiles à cerner car si leurs actions ne sont pas destinées à un enrichissement personnel, ce ne sont pas non plus des actes désintéressés ou pour aider les plus faibles. Les Dragon Seekers ont une mission : trouver le dragon mythique censé vivre dans ce royaume. Hideyuki Yonehara nous mélange des univers très différents, avec une logique qui pourrait se rapprocher de “Gun Frontier” de Leiji Matsumoto. Chaque membre des Dragon Seekers a une spécialité, son propre mode d’assassinat, du sniper à la brute épaisse, en passant par le cas de Rock au métabolisme très particulier. Comme dans “Dämons”, la violence est omniprésente, les victimes des Dragon Seekers sont littéralement massacrées et Hideyuki Yonehara ne fera pas dans la dentelle.pour faire passer cette hyper violence, le mangaka saupoudrant le tout d’un brin d’humour, principalement avec Rock et dans le mode « second degré » avec Rubber.
Le style graphique de Hideyuki Yonehara est reconnaissable au premier coup avec ses personnages un rien élastiques, à la limite de l’anorexie pour la majorité et des proportions faisant parfois mal aux yeux. Le mangaka va charcuter les corps des victimes des Dragon Seekers façon poinçonnage en règle ou encore en mode gruyère. Je ne parle même pas des coups de masse qui poussent parfois le dessin à la limite du gore. Le mangaka ne cherche à aucun moment à être réaliste, bien au contraire, l’exagération dans les blessures infligées par Rock et ses acolytes est délibérée pour rendre la violence plus supportable car le lecteur ne croit pas une seule seconde à la vraisemblance de l’histoire. Mais de quelle histoire parle-t-on ? Hideyuki Yonehara donne un début d’explication en nous explosant les motivations de ses personnages, faisant une pause dans son récit pour nous présenter à la fois ses héros et la raison qui les pousse à rechercher le dragon. On accroche ou pas, le style du mangaka, c’est un peu du tout ou rien. J’avoue plutôt m’amuser du surjeu des personnages, du côté basique de l’histoire qui nous fait haïr cette pourriture de Trump... euh non de Crump (ah ces correcteurs orthographiques....), pour légitimer son massacre par les Dragon Seekers. Le mangaka ne fait pas dans la finesse et le scénario est quelque peu convenu. Mais c’est aussi un bon vieux défouloir.
Si “Dragon Seekers” ne va guère révolutionner le genre, surfant plutôt sur la mode « western », la série se laisse lire comme du pur divertissement ne cherchant guère plus à nous mettre sous la dent.
Dragon Seekers (T1)
Auteur : Hideyuki Yonehara
Traducteur : Jean-Benoit Silvestre
Éditeur français : Komikku éditions
Format : 13 x 18 cm
Pagination : 190 pages
Date de parution : 9 février 2017
Numéro IBSN : 978-2372871945
Prix : 7,90 €
© 2015 Hideyuki Yonehara (AKITASHOTEN)
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