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Frankie
Film réalisé par Fabienne Berthaud (2005)
1er mars 2006


Genre : Drame
Durée : 1h30

Avec Diane Kruger (Frankie), Jeannick Gravelines (Tom, le chauffeur), Brigitte Catillon (Suzy), Christian Wiggert (le photographe), J. Alexader (Kate, la casting director), Jean Louis Place (psychiatre), Gérald Marie (Lorenzo Ferreti, le manager), Sylvia Hoecks (Rumina), Alexander Schwab (Booker), le personnel et les patients de la clinique “La Chesnaie”, etc.

Frankie, jeune femme séduisante et touchante, est internée en hôpital psychiatrique. Cet ancien mannequin ne travaillait presque plus. Pas assez grande, trop grosse, plus assez jeune, trop de caractère, bref, quand on est plus un objet class et malléable, on n’est plus rien....

Fabienne Berthaud, romancière et réalisatrice, livre avec « Frankie » un film émouvant et dur. On pourrait évidemment ne retenir qu’une condamnation facile d’un métier strictement inutile (mannequin) et d’un milieu purement futile et vide de sens (la mode). Se limiter à ce triste constat serait cependant l’aveu d’une certaine légèreté dans l’analyse.
Le plus important n’est pas là. La peinture réaliste, quasi insupportable parfois (la scène du photographe), n’est qu’un fond sonore rythmant la longue plongée d’une âme en détresse vers les grands abysses de la dépression mentale. Celle d’une jeune fille aux rêves explosés sous les éclairs des sunlights d’un univers impitoyable par essence.
Diane Kruger (Frankie) que l’on avait déjà aperçue avec moins d’intérêt dans quelques grosses productions US ou Françaises (« Benjamin Gates », « Michel Vaillant », « Rencontre à Wicker Park ») et dans quelques seconds rôles plus dignes via « Troie » ou « Mon Idole », interprète très justement cette femme en apnée psychique.

L’utilisation de la caméra DV s’avère judicieuse même si, comme d’habitude, un moment d’adaptation est nécessaire. Cadrages mouvants, grain d’image conséquent, utilisation du gros plan par choix, quasi-absence de maquillage, sous ou sur expositions volontaires de la photographie, il faut savoir rentrer dans le cadre d’une diction cinématographique forcément étrange et encore atypique à nos yeux. On n’est pas loin d’un film étiqueté “Dogme” tout en restant sur une narration finalement classique et assez linéaire.

Si le premier tiers du film semble un peu lent, trop intellectualisé et un brin torturé pour rien, l’attention du spectateur va sérieusement se concentrer à partir du moment où l’on attaque le cœur du problème. Dès que la réalisation se met à nous raconter une histoire où il se passe quelque chose, le miracle opère et, sentimentaux que nous sommes et resterons, « Frankie » se met à nous parler vraiment.
Le dernier tiers du film, plus optimiste, devient alors lumineux, solaire et quasi élégiaque. Diane Kruger resplendit, séduit et touche les corps et les cœurs.

Une BO très adaptée et émouvante d’où émerge le duo « Coco Rosie » transforme l’essai en beauté. Si vous aimez écouter des chansons aux ambiances Folk bizarres, si vous communiez religieusement sur les chansons douces-amères du premier « Velvet Underground », on conseille l’investissement et la recherche du CD.
Finalement tout est là aussi. Poser un œil délicatement acéré sur la lente dérive des sentiments et échouer au port tel un navire sauvé de la tempête.
« Frankie », un film dur et beau, risqué aussi, qui fait honneur à la collection “Cinéma Découverte” diffusée par MK2.
Le parfait écrin pour une œuvre forte et difficile qui mérite incontestablement l’attention.

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Fabienne Berthaud
Première assistante : Maud Camille
Scénario : Fabienne Berthaud

Producteurs : Bruno Petit, Xavier Durringer

Photographie : Fabienne Berthaud, Maud Camille
Image : Raphaële Urtin
Son : Gerraud Cambelles
Bruiteur : Gadou Naudin
Truquiste : Yann le Peu
Mixage : François Musy

Production : 7e apache films, Quasar Pictures
Distribution : MK2 Diffusion (France)
Presse : Monica Donation (MK2, Paris)

SITE INTERNET

http://wwww.mk2.com


Stéphane Pons
28 février 2006



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