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Galaxies n°42 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°42, SF - nouvelles - articles - entretiens - critiques, juillet 2016, 192 pages, 11€

42 n’est pas un numéro quelconque dans la science-fiction, comme le démontre le mini dossier initial. De plus, la précédente mouture de « Galaxies » sous l’égide de Stéphanie Nicot s’est achevée à cette levée dans des conditions des plus discutables (n°41 réservé aux abonnés jamais fait, promesse mensongère que la revue continuerait, dernier numéro pas forcément envoyé, pas de remboursements des abonnements en cours). Sans entrer dans la polémique, étant parmi les nombreux lésés de l’époque, je n’ai rien oublié.
La reprise du titre par Pierre Gévart n’en a été que plus méritoire, d’autant qu’il a aussi effacé ce lourd passif. Intelligemment la numérotation a redémarré au début et non à la suite pour faire la distinction. Sur la tranche existe toujours cette double numérotation.



Le dossier est consacré à un auteur belge touche-à-tout pas forcément très connu. Pourtant le nom de Jean-Baptiste Baronian figure dans de nombreux ouvrages. Il existe une réelle complicité / admiration entre Alain Dartevelle, maître d’œuvre de ce dossier, et Jean-Baptiste Baronian. Cela se ressent très bien à la lecture du long entretien qui révèle toutes les facettes de l’auteur plus en profondeur que l’itinéraire personnel concocté par lui-même et qui reste impersonnel, car bizarrement écrit à la troisième personne. Dommage, car le procédé donne une impression de froideur, de distance, heureusement contrebalancée par l’interview.
Écrivain, essayiste, anthologiste, critique, directeur littéraire ou de collection... Jean-Baptiste Baronian multiplie les expériences aussi bien chez des éditeurs différents (Marabout, Fleuve Noir, Néo, L’Âge d’Homme...) que dans des genres variés (policier, SF, fantastique...). Une carrière vraiment impressionnante, aussi bien par sa quantité et qualité que par sa variété.
J’avoue n’avoir lu aucun livre qu’il a écrit, alors que ce n’était pas du tout un inconnu auparavant. Je me suis tout de suite souvenu, entre autres, de l’intégrale « Harry Dickson » de Jean Ray, ce qui me fait dire qu’il s’est mis au service des autres, avant de penser à sa propre carrière d’écrivain. Alain Dartevelle nous présente quelques ouvrages ciblés, avant deux nouvelles pour se faire une idée de sa prose.
Si le pastiche “Histoire d’un gentil robot”, datant de 1982 et extrait du recueil « Sept simulacres », dénote d’un humour subtil et d’une belle plume, “Après le déluge” (2016) s’avère dispensable, car le retournement de situation est pour le moins facile et incongru.
Ce dossier Jean-Baptiste Baronian constitue une très belle initiative, il permet notamment de découvrir la large palette de ce dernier et de rendre justice à tout son travail.

Six nouvelles l’accompagnent au sommaire.
Avec “Mona et le nouveau monde”, Manuel Le Gourrierec a remporté le Prix Alain Le Bussy 2016. Il explore une idée assez peu répandue : des colons qui se réveillent d’un long sommeil en ayant vieilli d’autant d’années que le voyage a pris. Mona s’est endormie à 20 ans, elle se réveille dans la peau d’une femme de 32 ans. Voilà qui est pour le moins troublant, surtout lorsque la mission des nouveaux arrivants consiste à peupler la planète. Postulat de départ vraiment intéressant.
Éric Morlevat est le vainqueur de l’an passé durant laquelle il a également remporté le Prix Barjavel avec “Ctimène, ou les meilleures intentions”. Une IA explore l’espace à la recherche de formes de vie intelligentes. Avec le passage du temps, elle a évolué et trouvé le moyen de s’affranchir de la vitesse de la lumière, ce qui facilite ses déplacements. Bizarrement, lorsqu’elle touche au but, elle ne trouve que des civilisations récemment détruites. Le lecteur aura compris largement avant une intelligence bien supérieure à la sienne la raison de ses tristes trouvailles. L’évolution de l’IA est ici bien mal exploitée. Dommage que la bonne idée de départ soit suivie d’une mauvaise. La compréhension aurait du être immédiate et non aussi tardive pour que le récit soit crédible.

“Mes chers enfants” a été écrite en deux heures par Pierre Bordage, lors des dernières Imaginales. Il s’agit du retour tragique d’un homme sur une planète où il a effectué un bref séjour 150 années auparavant. Un passage lourd de conséquences... Bref mais efficace.

“Se rappeler les morts parce qu’ils le veulent” de Jean-Louis Trudel s’avère pour le moins difficile à suivre. Par son contexte, sa place se situe davantage dans « Solaris » que dans « Galaxies », mais elle n’est pas sans rappeler de façon lointaine “Ô Laurentie !” de Jean-Pierre Laigle parue par épisodes dans la revue canadienne. Une femme portant la barbe pour masquer sa féminité est au centre du récit, elle attire la convoitise d’un groupe de l’ombre qui voit en elle le moyen d’obtenir des fonds. Sans pouvoir mettre le doigt sur le pourquoi, je n’ai jamais réussi à m’intéresser au texte qui, dès le début, m’a tenu éloigné.

Par contre, Gulzar Joby intrigue dès l’entame et accroche le lecteur avec une mise en forme bien choisie et son virus s’attaquant aux métaux. L’humanité s’adapte bien vite au changement, trouvant rapidement des solutions de rechange. Qu’importe, “C’était mon dernier bateau” fonctionne très bien ainsi et met l’accent sur le progrès galopant sans prise de conscience de ses conséquences. Ma nouvelle préférée avec “L’après-vie” de Janna Silverstein.
Cette dernière met en scène des condamnés à mort servant de cobayes pour des expériences de téléportation de personnes. Les questions explorées sont pour le moins pertinentes et donnent tout l’intérêt de cette nouvelle très prenante. Une seconde chance est offerte, une rédemption sous forme de renaissance. Propos dégageant une certaine humanité et ne laissant pas insensibles.

La partie rédactionnelle est également fournie avec les articles de Philippe Ethuin sur « L’île des pingouins » (1908) d’Anatole France et de Jean-Michel Calvez sur Vangelis et plus particulièrement l’album « Albedo 0.39 » (1976), sans oublier une nouvelle escale de la “Croisière au long du fleuve” de Didier Reboussin, s’attardant cette fois-ci sur Jimmy Guieu. Trois rendez-vous aussi plaisants qu’instructifs.
Pierre Stolze revient sur les films pour adolescents exploitant tous la même formule : « Hunger Games », « Le labyrinthe »...
Côté chroniques livres et BD, on retiendra l’ouvrage « L’art du canard » du collectif d’artistes InterDuck. Effet garanti lors de l’exposition au sein du musée de la ville lors du dernier festival d’Angoulême !

De ce numéro se dégage l’instructif dossier Baronian et deux nouvelles. On en oublie presque le numéro 42, la réponse tant attendue à la grande question sur la vie, l’univers et le reste...


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 42 (84 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Tomislav Tikulin
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : juillet 2016
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€



Pour écrire à l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
24 octobre 2016


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